Le Canada doit impérativement accélérer le rythme de sa préparation aux inondations, affirme le Centre Intact d’adaptation au climat et l’Université de Waterloo, dans leur rapport conjoint sur les Changements climatiques : le niveau de préparations de 16 grandes villes canadiennes aux risques d’inondations.

Edmonton, Regina, Fredericton et Halifax ont fait beaucoup de progrès dans leur préparation aux inondations, au cours de la période 2015-2020. Mais les autres villes auraient intérêt à s’inspirer des mesures prises par ces municipalités, soulignent les chercheurs.

L’évolution des conditions climatiques, la perte d’infrastructures naturelles, la croissance de la population, et le vieillissement des infrastructures municipales et résidentielles sont quelques-uns des risques qui guettent les municipalités. Les résidences des grandes villes canadiennes n’y sont pas adéquatement préparées, pas plus qu’elles ne le sont aux risques d’inondations, fait état le rapport.

Sur les 16 grandes villes à l’étude, seule Edmonton se démarquait au niveau de la préparation des inondations majeures et des inondations pluviales, comme celles dues aux tempêtes et aux refoulements d’égouts sanitaires. C’est aussi la seule ville qui offre une évaluation gratuite des risques à tous les propriétaires, par l’entremise de son service public EPCOR. Toutefois, la plupart des municipalités ont affirmé fournir à leurs résidents les renseignements nécessaires pour déterminer si leur propriété se trouve dans une zone où les risques d'inondations fluviales ou de submersion côtière sont présents.

Regina, Halifax, Charlottetown et St. John’s fournissent à leurs résidents des données qui peuvent leur permettre de déterminer si leur propriété est menacée par les inondations pluviales, mais ne subventionnent aucune évaluation des risques d’inondations, confirment les chercheurs. Quant aux autres villes, les diverses approches pour renseigner leurs résidents sur la prévention des inondations pluviales et les mesures d’entretien recommandées sont encore à l’étude, indique le Centre Intact d’adaptation au climat.

Menace et solution à la résilience

« La croissance rapide des villes canadiennes est un autre grand obstacle à la résilience », affirment les chercheurs. À mesure que l’urbanisation progresse au pays, les municipalités doivent continuer d’améliorer leur capacité à surmonter les catastrophes.

Vancouver, Calgary, Toronto et Montréal ont chacune nommé un représentant municipal chargé de mettre sur pied des initiatives de résilience avec les fonds du programme, de la fondation new-yorkaise Rockefeller. Cette dernière a lancé le programme 100 villes résilientes, qui visait à distribuer 100 millions de dollars américains à 100 villes du monde qui accepteraient de créer un poste de directeur à la résilience. Près de la moitié des grandes villes canadiennes ont désormais une personne ou un groupe responsable de la sécurité et de l’adaptabilité aux risques.

Aussi, l’installation de clapets antiretour serait une bonne mesure d'atténuation et de prévention des refoulements d’égouts dans les maisons raccordées à un réseau d’égouts sanitaires et pluviaux pendant les précipitations extrêmes.

Cette solution n’est cependant pas idéale dans les villes où le climat est extrême. À Yellowknife par exemple, l’utilisation de clapets antiretour est très délicate et a déjà causé des problèmes par le passé à la suite d’un bris ou d’une mauvaise installation, ont mentionné des représentants de région lors de l’étude. Les températures extrêmes de la région réduisent l’efficacité des clapets.

La municipalité d’Iqaluit a quant à elle indiqué que presque toutes les maisons du Nunavut, y compris celles d’Iqaluit, sont construites sur des pieux en acier creusé à même le pergélisol ou le substratum rocheux. Comme l’approvisionnement en eau et la collecte des eaux usées se font par des conduites isolées enfouies en surface, ou par camion-citerne, la ville n’exige pas l’installation de clapets antiretour. La fonte du pergélisol pourrait toutefois exposer les conduites d’égout et les rendre vulnérables.

Le Canada dispose de directives et de normes d’atténuation des risques d’inondations bien établies, « ce qui suppose que la plupart des villes du pays devraient pouvoir atteindre la cote A, à condition qu’elles s’attellent à la mise en pratique des prescriptions », disent les chercheurs.

Actuellement, la moyenne canadienne de préparation aux inondations est de C+, et ce, depuis 2015.

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