Que les commissions intégrées soient abolies ou pas, Invesco Canada s’est préparé à toute éventualité. Elle a lancé en 2016 une stratégie inédite de fonds à frais réduits : les Platform traded funds (PTF).
« Les ventes de nos PTF sont en hausse. Nous avons dépassé les 300 M$ d’actif sous gestion, ce qui est quand même très bien pour un nouveau produit. Des firmes en valeurs mobilières l’offrent à tous leurs clients, dont Groupe financier PEAK. D’autre testent actuellement l’approche », dit Alain Huard, vice-président et directeur régional des ventes d’Invesco Canada.
Tous les fonds communs d’Invesco sont disponibles en format PTF, ajoute M. Huard. « C’est comme une série différente. Le fonds commun PTF est acheté comme un FNB, mais pas au parquet boursier. Il est acheté à la néo-bourse Aequitas, à laquelle Invesco a récemment cédé ses droits sur le brevet des PTF. À la néo-bourse, les parts des PTF ne fluctuent pas dans la journée. Tu peux acheter le fonds PTF comme une action. La valeur est fixée en fin de journée. Les distributions sont effectuées dans le compte du client le lendemain. »
Les fonds transigés sur une telle plateforme coutent en moyenne 30 % moins cher qu’un fonds commun traditionnel. Raison principale, le fonds est détenu directement par le courtier plutôt que la compagnie de fonds.
« Il n’y a plus d’intermédiaire : l’information sur la transaction n’a plus à passer par le système Fundserv. Ce qui aide aussi à couper dans les frais, c’est qu’il n’y a plus de relevé, plus de feuillets fiscaux (T5) ni de frais administratifs de maintien de fonds. C’est le courtier qui le fait », précise M. Huard.
Les courtiers agissaient déjà de la sorte avec les FNB. Ils ont souligné à Invesco que les PTF sont faciles à échanger et à suivre au point qu’ils économisent énormément de temps.
Pour leur part, les conseillers qui ont accès aux PTF ne font plus de fonds normaux, soutient M. Huard. « C’est tellement plus facile avec les PTF. Surtout pour ceux qui sont en gestion discrétionnaire, et font une répartition d’actif dans le portefeuille de leur client. Les transactions se font en cinq minutes plutôt qu’en plusieurs journées », dit-il.
Moins chers que la série F
Alain Huard prend l’exemple d’un de ses fonds gérés, dont les frais s’établissent à 1,80 % en série F. « Il devient encore moins cher pour nos fonds transigés sur plateforme. Pour le prix, ça vaut la peine d’aller en gestion active. Par exemple, notre fonds de dividendes mondiales coutera 1,33 % en série F, contre 0,9 % en série PTF. Le Fonds destinées canadiennes en série F coutera 1,28 %, contre 0,75 % en série PTF. Les fonds PTF sont spécialement conçus pour la gestion à honoraires. »
Invesco vient aussi de lancer deux nouveaux FNB de marque Powershares, soit d’obligations échelonnées 1-10 ans, et REIT (fiducies de revenus immobiliers). « Il y a une grosse demande de produits à revenus fixes, étant donné que les taux d’intérêt sont bas, explique M. Huard. Notre fonds le plus vendu depuis six mois est fonds d’obligations mondiales, un fonds commun traditionnel couvert à 100 % en devises. Ce fonds est aussi stable qu’un fonds d’obligations canadiennes. Nous avons lancé ce fonds parce qu’il est très peu corrélé au marché. »
Les fonds communs démontreront leur valeur, abolition ou pas
Le vice-président d’Invesco Canada croit d’ailleurs que les fonds communs n’auront aucun mal à démontrer leur valeur, commissions ou non. Il explique qu’Invesco insiste pour que ses fonds communs actifs soient véritablement gérés activement, ce qui veut dire que la part active doit être en tout temps de 85 % à 90 % de son actif.
« Le gestionnaire gagne sa valeur par les efforts qu’il met à essayer de se distinguer de l’indice de référence de son marché. À l’avenir, les compagnies de fonds communs qui seront trop près de l’indice auront des problèmes. Les investisseurs comprendront qu’un fonds indiciel, un fonds à indice bêta intelligent et un fonds à véritable gestion active commandent chacun des frais différents », soutient M. Huard.
La compagnie dédiée au réseau de distribution indépendant estime aussi avoir fait mouche avec sa formation sur le langage à adopter pour parler des frais des fonds communs aux clients. « Elle a été très demandée. Les conseillers ont largement adopté notre approche de divulgation axée sur la valeur, et engagé le dialogue sur les frais avec leurs clients », a-t-il révélé.
Alain Huard croit que le conseiller doit se montrer capable de justifier sa valeur ; être capable de dire ce qu’il fait pour ses clients : qu’il s’agisse de répartition, de fiscalité ou de planification successorale et de la retraite. Ces services justifient le cout, selon lui. « La divulgation n’a pas été le drame prévu. La majorité des conseillers nous disent qu’ils n’ont presque pas eu d’appels. Le vrai test surviendra toutefois lorsque les marchés seront à la baisse ».