En publiant sa mise à jour trimestrielle sur le marché canadien de l’assurance, le 23 mai dernier, Aon constate une plus grande concurrence entre les assureurs qui favorisent les acheteurs. 

Selon la firme de services professionnels, les assureurs cherchent des avenues de croissance en mettant l’accent sur les risques performants. En conséquence, en voulant développer leur position sur le marché, les assureurs adaptent davantage leur offre en fonction des conditions offertes par les concurrents. 

« Dans l’ensemble, il y a une expansion de la capacité et de l’appétit, ce qui indique que le marché est en train de muter vers un environnement plus compétitif. Toutefois, l’accent mis sur la sélection des risques continue de prévaloir, les assureurs s’efforçant de maintenir leur rentabilité », a déclaré Catherine Lanctôt, vice-présidente principale et directrice nationale, groupe des services financiers chez Aon Canada. 

« La souscription reste disciplinée et la différenciation des risques continue d’être une priorité absolue, les souscripteurs s’appuyant de plus en plus sur les données, les observations et les outils analytiques, notamment la modélisation, pour favoriser la prise de décision », ajoute-t-elle. 

Le retour à la rentabilité ressentie chez de nombreux assureurs en 2023 a permis cette saine concurrence sur le marché. À mesure que la rentabilité se stabilise chez les assureurs, la hausse des tarifs se passe à un rythme moins élevé. Certaines diminutions ont même été observées, rapporte-t-on dans la mise à jour. 

En assurance de dommages des biens, les assureurs privilégient la sélection des risques, mais la capacité est stable dans le marché. 

Faits saillants 

Le rapport d’Aon souligne l’impact de la volatilité sur le développement des programmes d’assurance des entreprises. Des solutions de rechange en matière de gestion du risque, comme les solutions paramétriques, les programmes d’assurance structurés et les captives, sont de plus en plus populaires. 

En 2023, le coût des sinistres liés aux catastrophes naturelles a totalisé 380 milliards de dollars (G$) à l’échelle mondiale, en hausse de 7 % sur l’année précédente. On rapporte 66 sinistres ayant causé des pertes économiques supérieures à un milliard de dollars.

Au Canada, on rapporte des pertes assurées de 3,5 G$ en raison de conditions météorologiques extrêmes et d’une saison d’incendies de forêt sans précédent. 

Malgré tout, « les marchés londoniens cherchent à diversifier leurs portefeuilles mondiaux. Investir au Canada est perçu comme un choix avantageux en raison du risque modéré relié aux événements catastrophiques », indique-t-on. 

Les assureurs domestiques ont procédé à la restructuration de leurs portefeuilles et la plupart ont ciblé le secteur manufacturier comme vecteur de croissance. Certains segments présentant un risque élevé continueront de subir des hausses de tarifs plus importantes. 

L’intérêt est limité au Canada pour l’assurance responsabilité pour les erreurs et omissions dans le secteur manufacturier, précise-t-on dans le rapport. Les marchés londoniens manifestent un intérêt accru pour les risques complexes que sont les segments de l’automobile, de l’aviation et des pièces de sécurité essentielles. 

Aon constate que les conditions de réassurance se stabilisent, avec le retour des capitaux sur le marché, mais pas encore au niveau de 2022. Le marché mondial de la réassurance était estimé à 635 G$ au 30 septembre 2023, en hausse de 45 G$ par rapport à la même date en 2022.

Pour les catastrophes en assurance de dommages des biens, les réassureurs continuent d’imposer des rétentions plus élevées. Les assureurs de première ligne doivent garder davantage de capacités à cet égard. Néanmoins, le renouvellement des contrats de réassurance s’est bien passé en janvier 2024. 

À la fin de 2023, le taux combiné des assureurs de dommages au Canada, actualisé en fonction de la norme IFRS 17, s’établissait à 92,7 %. 

Comme l’appétit des assureurs est en hausse, Aon suggère aux entreprises de discuter de leurs programmes de garanties avec leurs courtiers. L’occasion est bonne pour réévaluer les modalités, les rétentions et les franchises. 

« Il peut être avantageux de maintenir des relations avec les assureurs actuels qui sont bien établis dans leurs modèles d’affaires respectifs », conclut la firme.