De nouvelles occasions d’affaires se présentent aux assureurs aux entreprises. Puisque de nouveaux risques émergent, les assureurs doivent se préparer à offrir des protections adéquates aux entrepreneurs.

Le courtier en réassurance Guy Carpenter, une filiale de Marsh & McLennan, souligne que de nombreux risques émergent en raison des avancées technologiques, économiques et scientifiques. Ces nouveaux risques amènent de l’ambigüité et de l’incertitude dans les couvertures d’assurance, car leur historique est restreint et le cout de leurs réclamations potentielles est inconnu. « Tout cela fait en sorte que les meilleures pratiques de souscription et de gestion de risques actuelles ne suffiront peut-être plus dans le futur », peut-on lire dans son rapport Tomorrow Never Knows.

Cyberrisques

Les cyberrisques trônent en tête de liste des risques émergents de Guy Carpenter. « Presque toutes les entreprises ont maintenant recours à la technologie, d’une manière ou d’une autre. Pourtant, les entrepreneurs ne réalisent pas encore leur dépendance envers à celle-ci. La plupart des entreprises sont ainsi exposées aux cyberrisques. De plus, la portée de ces risques augmente tout comme leur gravité et leur fréquence ».

En 2012, le record de cyberattaques a été fracassé, doublant le précédent record, établi un an plus tôt. L’année 2013 devrait d’ailleurs avoir atteint de nouveaux sommets.

Les cyberrisques sont variés; ils s’étendent du vol de données confidentielles au cyberterrorisme, en passant par l’extorsion. Une cyberattaque peut mener à une perte de données si importante dans la conduite des activités d’une entreprise et sa capacité à générer des revenus que le tout peut nuire à sa réputation, rappelle Guy Carpenter. Par ailleurs, les couts liés aux brèches de données ou aux pannes technologiques sont encore difficiles à quantifier, car ces évènements recèlent souvent des couts cachés importants. Un cout d’ailleurs souvent oublié est celui de la main-d’œuvre interne déployée pour résoudre le problème.

Puisque la demande pour une couverture complète augmente, les assureurs doivent porter une attention particulière aux progrès technologiques pour s’assurer d’offrir une couverture adéquate aux entrepreneurs, mais aussi d’avoir une capacité suffisante.

Marché de 600 M$

Guy Carpenter estime entre 300 millions de dollars (M$) et 1 milliard de dollars (G$) la capacité actuelle des assureurs contre les cyberrisques, le chiffre le plus plausible étant 600 M$. Marsh rapporte d’ailleurs que la demande de sa clientèle pour de telles couvertures croît de 30 % par année, depuis plusieurs années.

« Malheureusement, plusieurs entreprises croient qu’investir davantage en technologie suffit à mitiger les menaces posées par les cyberrisques. Bien que leurs départements de technologies de l’information (TI) aient un rôle à jouer en installant des systèmes antivirus et des pare-feux, de telles solutions se sont révélées incorrectes jusqu’à maintenant. En effet, il n’y a pas de solution miracle qui protègera une entreprise », écrit Guy Carpenter dans son rapport.

L’assurance seule ne suffit d’ailleurs pas à offrir une protection adéquate contre les cyberrisques. Un programme de gestion de risques est aussi nécessaire, car l’assurance couvre uniquement les éléments résiduels liés aux cyberrisques.

Malgré tout, le besoin d’assurance est bien présent. Guy Carpenter souligne que les polices d’assurance de cyberrisques couvrent maintenant presque tous les aspects des risques directs liés à la technologie qui guettent les entreprises modernes.

« Chaque compagnie qui utilise la technologie, collecte ou traite des données devrait considérer une telle couverture, qu’elle soit une multinationale, une grande entreprise ou une PME », ajoute le courtier en réassurance. C’est d’ailleurs en Amérique du Nord que le taux de pénétration des couvertures des cyberrisques est le plus élevé, les entreprises européennes et asiatiques étant moins promptes à s’en procurer.

Changement climatique

Les changements climatiques occupent le rang suivant du palmarès des risques émergents de Guy Carpenter. Nul ne peut plus douter de l’évidence scientifique du phénomène, dit le courtier en réassurance. Celui-ci se dit particulièrement inquiet en raison des grandes variabilités que présente le climat de nos jours. La montée des niveaux de l’océan, la fonte des glaciers et le changement des profils météorologiques, qui feront augmenter le nombre d’inondations et de sècheresses, sont aussi des sources d’inquiétude.

Bien comprendre la direction que prendront les réclamations est essentiel pour assurer la couverture adéquate des entreprises et des particuliers, indique Guy Carpenter. « Un nombre grandissant d’assureurs et de réassureurs adoptent des stratégies visant à reconnaitre l’impact des changements climatiques sur les entreprises. Investir dans des solutions qui aideront à prédire les effets de ce phénomène est crucial pour acquérir une meilleure compréhension des risques qui y sont liés ».

Le courtier en réassurance ajoute que les assureurs qui développeront des solutions innovantes pour réduire les risques posés par les changements climatiques auront un avantage concurrentiel. Ils auront ainsi réussi à adapter leurs pratiques de souscription et à exploiter pleinement les occasions d’affaires.

Risques spatiaux

Pour l’entreprise de plus en plus dépendante à la technologie développée autour de satellites, les risques spatiaux sont un autre risque émergent que les assureurs ne doivent pas prendre à la légère, selon Guy Carpenter. Il existe deux principaux types de risques : les débris provenant de l’espace et les tempêtes solaires.

D’importantes chutes de débris spatiaux sont survenues au cours des dernières années, notamment celle du satellite équatorien Pegaso, en mai 2013, ou le satellite russe BLITS, en janvier 2013, ainsi que le satellite commercial américain Iridium, en 2013. « Ce sont des engins valant des milliards de dollars qui sont envoyés en orbite, avec un contrôle relativement faible des dommages qui peuvent en découler. Ils se déplacent rapidement et complètent parfois une révolution de la Terre en moins de 90 minutes. Il faut aussi considérer qu’on retrouve 500 satellites obsolètes flottant dans l’espace, ainsi que des milliers de fragments divers », peut-on lire dans l’étude.

Tempête solaire

Guy Carpenter s’attarde plus longuement sur le risque de tempête solaire. Même si elles sont rares, quelques évènements font craindre le pire au courtier en réassurance. Des pointes de tempêtes solaires sont d’ailleurs prévues pour 2014 et 2015. Fort heureusement, les pires tempêtes surviennent tous les 100 ou 200 ans, parfois même 500 ans.

La plus importante a été enregistrée en 1859. Résultat? De nombreuses interruptions de services de télégraphie et plusieurs incendies causés par la surcharge des lignes.

Le Canada a d’ailleurs subi les contrecoups d’une importante tempête solaire, en 1989. En effet, plus de neuf-millions de personnes avaient été privées de courant et les pertes économiques avaient été de 2 G$. Plusieurs transformateurs électriques avaient alors été mis hors service et divers relais avaient été mis hors tension.