Les problèmes sont nombreux dans le marché de l’assurance des entreprises au Québec.

Clients sans couverture d’assurance ou avec des couvertures insuffisantes, renouvèlements tardifs qui entrainent des défauts de couverture, assureurs qui se retirent de segments de marché ou même de secteurs économiques entiers, personnels de souscription essoufflés et même désabusés par les refus de couverture, courtiers qui multiplient les efforts pour construire des montages entre plusieurs assureurs, cabinets qui doivent annoncer aux clients qu’ils se retirent de leur mandat de représentation faute de trouver des assureurs…

Bref, une industrie de l’assurance aux entreprises qui fait face à une crise majeure que beaucoup, assureurs et courtiers, affirment n’avoir jamais vue dans leur carrière. Certains y œuvrent pourtant depuis 30 et même 40 ans.

Des failles en souscription

Épuisés et démoralisés de cet état de fait, plusieurs observateurs de l’industrie ont affirmé au Portail de l’assurance, sous le couvert de l’anonymat, que la cause des problèmes de l’industrie est souvent reliée à une souscription défaillante des risques.

« Je comprends mal des assureurs de tarifer des risques pour des immeubles à revenus à 25 cents du 100 $ alors qu’ils le font à 12 cents pour des condos, dit un courtier. Les premiers représentent un risque nettement moins élevé que les seconds ! Un immeuble à revenus n’aura qu’un propriétaire et il voudra à coup sûr protéger toutes ses unités, peu importe leur nombre. Il acceptera même de tenir compte de nos recommandations pour corriger les faiblesses », ajoute ce courtier. 

Là n’est pas le pire, souligne ce courtier. « Avec un seul décideur, comme c’est le cas pour le propriétaire d’un immeuble à revenus, le processus de correction ne prendra qu’un mois. Avec un immeuble à condos, on fait face à une multitude de propriétaires. Avant de bouger, il devra y avoir une assemblée générale. Des propriétaires exposeront leur désaccord. D’autres seront en faveur. Les discussions pourront s’étaler sur de longues périodes et, au bout du compte, il risque de ne rien se produire. »

Il propose donc aux assureurs de ne pas se retirer de certains segments comme ils le font. Ils devraient plutôt doubler leurs taux, hausser leurs franchises, ainsi que leurs primes. « La discipline s’installera chez les clients, et assureurs et courtiers rempliront leur mandat : protéger des assurés », affirme ce courtier, qui ajoute que la même approche devrait prévaloir dans de nombreux autres cas.

« Pourquoi refuser un risque simplement parce que l’assuré a déposé trois réclamations ? Il faut plutôt analyser son dossier et ses comportements, déceler les raisons derrière les réclamations. Dans certains cas, il faudra plutôt hausser sa prime et sa franchise, lui expliquer et l’accompagner dans ses efforts pour se corriger. Cette approche fonctionne », affirme ce courtier.

Un assureur a provoqué l’ire d’un autre courtier qui a reçu l’avis qu’il se retire du segment des habitations construites au cours des 3 dernières années.

« Pourquoi ? Voir si son risque est devenu ingérable ! Il faut plutôt analyser à la pièce les profils des entrepreneurs : identifier lesquels affichent des vices de construction à répétition, lesquels vivent des problèmes financiers avec leur banque, retracer leur réputation dans l’industrie… Avec de telles informations, un assureur pourra ne refuser que les “vrais” mauvais risques. »

Une crise qui se poursuit… et qui se poursuivra

Ce courtier n’est d’ailleurs pas le seul à penser de la sorte. Le Journal de l’assurance a multiplié les témoignages du genre et les propositions de solutions à cette crise que vit l’industrie.

Dans son édition de novembre, un dossier spécial sera consacré au marché de l’assurance des entreprises. Pour vous assurer de ne pas le manquer, abonnez-vous au magazine en cliquant ici.