Les indicateurs en matière de couverture de santé sont presque toujours défavorables au système de santé québécois. En 2013, le pourcentage des patients qui ont dû attendre cinq heures et plus à l’urgence se situait à 1 % aux Pays-Bas, 5 % en Australie, 9 % en France et 15 % en Ontario. Il s’élevait à 35 % au Québec. En mai 2018, plus de 400 000 Québécois étaient en attente pour obtenir un médecin de famille auprès du Guichet d’accès à un médecin de famille (GAMF).

Les signes ne sont guère plus encourageants dans le secteur privé. Le pourcentage de la couverture des soins médicaux est en forte croissance dans les programmes d’assurance collective payés par l’employeur. En 2012, ce pourcentage variait entre 3 % et 4 %, en 2017, il avait grimpé entre 5 et 7 % et en 2022, selon la firme Mercer. Il devrait s’établir entre 15 % et 25 %.

« On paye pour la non-santé des gens », déplore Daniel Martz, chef de la direction à Montréal d’Équinoxe Lifescare, un organisateur de services spécialisés de soins médicaux à distance qui prône un virage vers la santé virtuelle.

Lors d’une conférence qu’il a prononcée à Québec dans le cadre du congrès Segic, M. Martz a parlé d’une révolution à venir bientôt dans le domaine de la santé, mais qui doit se faire dans un contexte de prévention.

D’une approche curative à une approche préventive

Le conférencier a parlé de l’importance d’une migration d’une approche curative à une approche préventive. La première met l’accent sur les stratégies curatives, le retour au travail, le traitement des cas d’invalidité et de maladie et sur les programmes de soins collaboratifs. L’approche préventive met plutôt l’accent sur la prévention, les programmes de santé et de soutien aux employés et la télémédecine comme approche primordiale.

Les recherches prouvent que les compagnies qui ont mis en place des programmes en santé et en productivité, a-t-il dit, en ont retiré les bénéfices suivants : une diminution des couts médicaux, moins d’absences non planifiées, moins de journées d’invalidité perdues, une amélioration de la productivité et une amélioration de la valeur pour les actionnaires.

La santé virtuelle et le patient

Daniel Martz a décrit une nouvelle approche, la santé virtuelle, pour permettre aux gens et aux employés couverts par des régimes d’assurance collective d’avoir plus rapidement à un médecin ou d’autres ressources. Elle est offerte sous forme de clinique virtuelle bilingue accessible en ligne nommée EQ Care.

La solution s’adresse aussi aux employeurs pour les aider à réduire l’absentéisme au travail due à la maladie et améliorer la santé de son personnel afin d’atteindre un milieu de travail plus sain et plus productif.

Le mécanisme de fonctionnement est le suivant :

1) Le patient débute une visite via internet, iPhone ou Android à tout moment 24 heures sur 24, sept jours sur sept ;

2) Il est accueilli par le gestionnaire de code qui évalue les symptômes et procède au triage ;

3) Le patient consulte le médecin virtuellement en quelques minutes par le biais d’une correspondance écrite ;

4) Les gestionnaires de codes coordonnent les prochaines étapes vers les tests médicaux, les références vers les spécialistes, les ordonnances et le suivi du patient.

Sommaire des services

De votre lieu de travail ou de votre domicile, on peut rejoindre de façon privée et sécurisée un médecin en ligne qui peut traiter divers problèmes de santé à distance, tel qu’un rhume, une fièvre, des problèmes de santé mentale, des problèmes chroniques ou pédiatriques.

Il réalise aussi des demandes de consultations avec un psychologue, un psychiatre, un pédiatre, un dermatologue, un orthopédiste. Selon les besoins, le médecin émet la prescription pour les médicaments, les requêtes d’analyse électronique et les références. Il assure aussi la prise en charge des soins.

Des services complémentaires sont également offerts dans les conseils et la gestion de la médication avec des protocoles pour aider à la conformité aux traitements, des informations sur les alternatives thérapeutiques ainsi que sur les substitutions génériques. La livraison d’ordonnance est prévue le lendemain.

Bénéfices des soins de santé virtuelle 

Les bénéfices de soins de santé virtuelle sont nombreux, a énuméré le chef de la direction montréalaise d’Équinoxe Lifescare : amélioration de l’accès aux soins et traitements, de la productivité des employés, l’accessibilité en tout temps, l’amélioration du parcours de santé du patient, la réduction des cas d’invalidité et la diminution des absences au travail

Le retour sur l’investissement serait important, a-t-il ajouté. On réduit par quatre l’incidence et la durée de l’absence occasionnelle, l’invalidité à court terme et celle à long terme. Au niveau du cout des médicaments, on assiste à une réduction des honoraires professionnels, on minimise la marge bénéficiaire, supprime des frais de livraison et encourage le choix du meilleur traitement selon les paramètres du régime d’assurance.

Cette nouvelle approche améliore le degré de satisfaction des assurés. On attire et on protège les meilleurs employés, on influence leur, leur bienêtre et celui de leurs familles et on diminue le présentéisme où l’employé n’est présent que de corps seulement.

Intégration de l’intelligence artificielle à la santé

La santé virtuelle est appelée à aller encore beaucoup plus loin avec l’intégration de l’intelligence artificielle et l’utilisation d’algorithmes de soutien à la décision en matière de soins de santé mentale pour les soins primaires, pour la gestion de l’invalidité et des protocoles spécifiques de soins par spécialité ainsi qu’une gestion des soins. Le futur en ce domaine, c’est demain.

Daniel Martz a évoqué dans un très proche avenir des technologies comme des appareils portatifs utilisés dans les technologies de diagnostics à domicile, une évaluation des risques pour la santé mentale en temps réel à l’aide d’informations de bienêtre intégrées dans les applications mobiles, l’échantillonnage et des tests médicaux à domicile et le profilage de l’ADN à domicile pour permettre des approches de médecine personnalisée.