Les assureurs de dommages interrogés par le Journal de l'assurance disent ne pas pressentir de durcissement en assurance des entreprises. Les assureurs étant fort combatifs dans ce marché, le marché mou devrait s'y poursuivre pendant encore plusieurs mois.
« Il n'y a pas de durcissement en vue en assurance des entreprises. Ça va arriver un jour, mais ce n'est pas dans les astres pour l'instant, dit Richard Taschereau, vice-président ventes, marketing et communications chez AXA Assurances. En plus, la tendance à la hausse en assurance habitation va se poursuivre. Ce balancier entre les deux va durer encore une année. C'est difficile pour un courtier dans ce contexte, car il n'a pas le contrôle sur le tarif. Pour protéger son portefeuille, il est obligé de suivre la tendance. »

Il ne reste donc que deux options pour le courtier, dit M. Taschereau. La première est d'augmenter les valeurs en faisant la réévaluation des clients en entreprise. Toutefois, rares sont les courtiers qui le font.

« La sous-assurance n'est pas un phénomène théorique. Ça représente une occasion pour les courtiers d'augmenter la valeur de la couverture des entreprises. Le courtier a le choix de dire à son client qu'il a obtenu une prime 10 % moins chère que celle de l'an dernier. Ou bien il lui propose un contrat à peu près au même prix, mais avec plus de protections. Ça évite ainsi de diminuer la prime », dit-il.

Remettre à jour la valeur des biens, des équipements et des bâtiments est quelque chose qui n'est pas suffisamment fait, selon M. Taschereau. « On voit des assureurs rembourser les frais d'évaluation professionnelle et indépendante. C'est une avenue que nous testons présentement chez AXA, jusqu'à un certain montant et dans la mesure où le client accepte les valeurs proposées. Le but est d'avoir la meilleure assurance possible pour le client. C'est l'une des voies qu'on considère comme les plus porteuses pour le courtier », dit-il.

Bonifier la clientèle

Deuxième option : aller compléter le portefeuille de l'entrepreneur. « Les clients en entreprise n'ont pas nécessairement tous une assurance administrateurs et dirigeants ni une protection contre le bris des machines. Les courtiers peuvent aller chercher des compléments de portefeuille et ainsi bonifier leur clientèle existante », dit M. Taschereau.

Ce dernier fait toutefois remarquer qu'il ne se crée plus beaucoup d'entreprises au Québec. Le nombre de prospects potentiels du courtier diminue donc. Si le courtier veut générer plus de primes, il doit être capable de bonifier son offre par des risques qui sont justifiés, dit M. Taschereau.

De son côté, Richard Lapierre, vice-président, région du Québec, de Lombard Canada, dit s'attendre à voir une légère baisse de la tarte des assureurs à courtage en assurance des entreprises. Il affirme que cette diminution sera attribuable à la baisse de la tarification.

« En ce moment, ce secteur est secoué par une guerre de prix qui n'a pas de logique. En assurance des particuliers, il y a eu une bonne hausse des primes, vu le redressement des tarifs en assurance habitation. C'est d'ailleurs le seul segment à la hausse dans le moment », dit-il.

Le vice-président de Lombard ne cache pas que la récession a eu un impact, surtout dans les dossiers d'envergure. « Certaines primes, notamment celles en responsabilité civile, sont établies à partir du chiffre d'affaires de l'entreprise. Ça se traduit donc par un crédit à la fin. C'est comme si les inventaires de commerçants de détail avaient baissé. La prime payée baisse. Autre exemple, les flottes automobiles. Un concessionnaire auto garde maintenant moins d'autos dans sa cour », fait-il remarquer.

La situation n'est pas tout à fait revenue à la normale. « On ne voit pas de détérioration en 2010, mais plus une stabilisation, dit M. Lapierre. Il n'y a pas non plus d'inflation pour la peine. Au plus, il y a une légère amélioration, mais rien qui fasse changer l'approche marché ou de souscription d'un assureur.

« Les courtiers ne tiennent pas compte des améliorations qu'ils pourraient apporter à un programme ou des primes supplémentaires qu'ils pourraient aller chercher. Le prix est devenu le premier élément de référence. Ainsi, les assureurs répondent aux besoins exprimés par les courtiers », dit-il

M. Lapierre dit aussi voir beaucoup d'entreprises qui ne souscrivent pas de garanties d'interruption des affaires, même si cette clause est offerte à un cout ridicule. « On voit donc une baisse des primes assez significatives, mais sans raison », dit-il.

Le vice-président de Lombard ne jette toutefois pas la faute sur les courtiers. « Ils ont beaucoup à faire et sont très préoccupés par la conservation de la clientèle et la concurrence des autres courtiers. Ils mettent beaucoup de temps à sauvegarder le renouvellement de leurs dossiers. Ça ajoute à leurs couts. Ils ne sont pas là pour solliciter et présenter des programmes améliorés », dit-il.

Autre problème : les courtiers ont de la difficulté à trouver des producteurs et des vendeurs. « Notre industrie en manque, dit M. Lapierre. La sollicitation, c'est de la vente. Les bons vendeurs sont toutefois rares. Les assureurs ont le même problème pour la souscription. On en subira surement les conséquences. La reprise économique n'est pas palpitante, le manque de relève en ce moment est donc moins dramatique. »