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La relation entre les assureurs et les Insurtechs en est maintenant une de complémentarité, croit la firme de consultation Capgemini.

La relation entre assureurs et Insurtechs a commencé par une phase de déni de la part des assureurs. Ceux-ci ne voyaient pas comment les Insurtechs pouvaient apporter une valeur dans le marché. Puis, est venue la phase de la menace, où les assureurs ont eu peur que les Insurtechs chamboulent le marché. Les eaux se sont calmées depuis. Les assureurs voient maintenant dans les Insurtechs des partenaires qui développeront des outils pour eux, a dit Bill Sullivan, leadeur mondial de l’intelligence de marché en services financiers de Capgemini, en entrevue au Journal de l’assurance.

Dans le moment, les assureurs qui implantent de nouvelles technologies se donnent un avantage concurrentiel, dont ils pourront aussi tirer parti plus tard. « Les assureurs ont été longs à adopter le numérique. Il y a une accélération maintenant, étant donné que la technologie évolue de plus en plus vite et que les consommateurs s’attendent à avoir accès à des fonctionnalités numériques », dit M. Sullivan.

Le récent rapport mondial sur le monde de l’assurance fait état que 31,4 % des 8 000 consommateurs que Capgemini a sondés affirment avoir eu recours aux Insurtechs à un moment ou un autre. M. Sullivan convient que cette donnée peut sembler élevée et que chaque répondant n’a probablement pas la même définition de ce qu’est une Insurtech.

« Les Insurtechs placent la barre plus haute. Ça forcera les assureurs à adopter plus rapidement les technologies mobiles. S’ils ne le font pas, les consommateurs se demanderont pourquoi ces grandes corporations ne peuvent le faire, alors que de petites Insurtechs le peuvent. »

M. Sullivan souligne que les consommateurs tireront profit des Insurtechs. « Les développements technologiques qu’elles apporteront feront diminuer la tarification des primes d’assurance. Comme le risque sera mieux identifiable et mieux personnalisé, ce sont les usagers qui présentent les plus grands risques qui paieront plus cher. »

M. Sullivan ajoute que les consommateurs s’attendront à avoir plus de conseils de prévention de leur assureur. Il donne à titre d’exemple l’envoi d’une notification pour signifier à un automobiliste qu’il a stationné sa voiture dans une zone inondable, un peu comme les GPS qui envoient des notifications pour suggérer une meilleure route. « Le numérique arrive. L’industrie doit s’y préparer. »

Ne pas se perdre dans le labyrinthe de l’innovation

Dans son rapport, Capgemini adresse une mise en garde aux assureurs. Avec tous les développements technologiques qui leur sont proposés, il y a un réel danger qu’ils se perdent dans ce que la firme de consultation appelle le labyrinthe de l’innovation.

« Les assureurs doivent établir un plan de match. Ils doivent être bien conscients des valeurs qu’ils veulent propager. Ils ne doivent pas innover pour le simple plaisir de dire qu’ils innovent. Et encore, il peut y avoir des complexités. Certains assureurs préfèrent que leurs labs soient hors de leurs bureaux, pour ne pas qu’ils soient contaminés par ce qui se fait déjà dans l’entreprise. Ça pose toutefois le danger que si ces labs sont trop loin des opérations quotidiennes, ce qu’ils développeront ne pourra pas être utilisé à grande échelle dans toute l’entreprise. Il y a un équilibre à trouver pour développer une innovation flexible. Elle doit avoir de forts liens avec le leadeurship de l’entreprise, mais aussi sa culture. »

Le rapport de Capgemini révèle toutefois une donnée inquiétante. Sur les 8 000 consommateurs interrogés par la firme de consultation, moins de 40 % disent faire confiance à l’industrie de l’assurance. Ce taux chute à 26 % pour les Insurtechs.

Pour M. Sullivan, les assureurs doivent retenir une chose de cette statistique. Il ne s’agit pas d’un conseil pour faire rehausser leur taux de confiance. Il les invite plutôt à faire preuve de prudence quant aux Insurtechs auxquels ils font appel.

« Ils ont une vérification diligente à faire quand vient le temps de choisir une technologie soumise par une Insurtech. Ils doivent questionner la qualité de la technologie utilisée par cette dernière. Les Insurtechs en sont tout au début de leur existence. Ils n’ont pas pu bâtir leur crédibilité encore. La confiance des consommateurs suivra. »

Autre conseil aux assureurs : s’assurer d’avoir un back-office et un middle office qui permettra de répondre aux besoins des consommateurs et qui soutiendra la technologie qui s’y ajoutera. « Leur front office aura de la difficulté à livrer sans cela. Livrer des produits plus personnalisés leur permettra d’obtenir des données clients de plus grande qualité. »

Les banques serontplus perturbées

M. Sullivan dit s’attendre à ce que les assureurs vivent des perturbations importantes. Les banques seront toutefois plus perturbées, étant donné que le produit bancaire se standardise beaucoup plus facilement. « On voit d’ailleurs un virage en Europe du côté des banques, en partie causé par la règlementation. Elles se développent en plateformes. Les assureurs seront moins impactés par cela. L’industrie de l’assurance ne devrait pas vivre une cassure à la AirBnB, comme ce fut le cas dans le milieu de l’hôtellerie. Les assureurs ont d’importants défis devant eux. Il y a aussi des opportunités pour eux dans les modèles qui se développent. »


Des Insurtechs et des assureurs qui innovent de par le monde

Dans son rapport mondial sur l’assurance de 2017, la firme de consultation Capgemini recense des cas d’Insurtech et d’assureurs qui innovent. En voici quelques-uns :

• Le site de comparaison en assurance auto EverQuote fournit une courte liste de compagnies parmi lesquelles le consommateur peut choisir, en fonction de ses habitudes de consommation mises en relief avec celles des comportements recensés d’autres consommateurs.

• Des agrégateurs tels que FinanceFox et Brolly ont développé des applications dans lesquelles un client peut voir toutes ses protections d’assurance, peu importe avec quel assureur il est.

Trov offre de l’assurance sur demande pour des items individuels, notamment des appareils électroniques, des téléphones intelligents et des caméras. Le choix des polices et le traitement des réclamations se font tous par un téléphone intelligent.

• L’agence d’assurance Web Fabric cible les jeunes parents, qui peuvent acheter une couverture d’assurance vie en deux minutes via téléphone intelligent ou ordinateur.

AXA Allemagne, dans ses recherches pour établir un contact quotidien avec ses clients, a découvert que plusieurs personnes ne se sentaient pas en sécurité lorsqu’elles marchaient seules le soir. L’assureur a ainsi développé l’application WayGuard qui les connecte en tout temps à une centrale de sécurité. Lancée il y a 18 mois, l’application est utilisée, en moyenne, par 1 600 personnes par semaine.


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