Un sondage mondial d’AXA Assurances montre que les conseillers ont encore fort à faire pour convaincre leurs clients de planifier leur retraite. Même si le Canada se classe avantageusement selon plusieurs critères de comparaison, de nombreuses inquiétudes noircissent l’horizon de retraite des Canadiens.La crise financière a forcé un rajustement de plusieurs repères en matière de retraite. Au Canada, les gens actifs pensent aujourd’hui prendre leur retraite plus tard qu’ils le croyaient il y a trois ans. C’est ce qu’a entre autres révélé Robert Landry, vice-président exécutif, assurance de personnes et services financiers chez AXA. M. Landry a dévoilé les résultats du Baromètre AXA de la retraite 2010 au Congrès de l’assurance et de l’investissement, tenu au Palais des congrès de Montréal, le 9 novembre dernier.

Selon le Baromètre AXA 2010, les Canadiens actifs placent à 57 ans l’âge idéal pour prendre sa retraite. Toutefois, ils s’attendent à ne pouvoir la prendre qu’à 62 ans. M. Landry a qualifié ce changement de dramatique. Les Canadiens actifs s’attendaient plutôt à prendre leur retraite à 60 ans selon le Baromètre AXA publié en 2007.

« C’est la première fois depuis que nous faisons ce sondage que l’on voit les gens s’ajouter deux années de travail de plus. » Il a d’ailleurs exhorté les conseillers à intervenir. « Aidez dès maintenant vos clients à raccourcir cet horizon de 62 ans à 57 ans », a-t-il lancé.

Plusieurs autres inquiétudes persistent. M. Landry a fait remarquer que 25 % des personnes actives croient devoir continuer de travailler à la retraite. Toutefois, dans la réalité, ils sont 62 % à le faire.

Le vice-président d’AXA souligne en outre une donnée qui explique selon lui la difficulté de vendre des produits d’assurance maladies graves et soins de longue durée : les Canadiens actifs ne s’imaginent pas vieillir. « Seulement 38 % des Canadiens actifs tiennent compte du fait qu’il y aura à la retraite de la vieillesse, de la dépendance et des problèmes de santé », dit-il.

Les jeunes plus conscients

Autre élément de préoccupation issu du Baromètre : le faible degré d’avancement de préparation à la retraite de plusieurs Canadiens. La tranche des Canadiens d’âge mûr, soit les 35 à 49 ans, ne sont pas plus avancés dans la préparation de leur retraite que la tranche des jeunes, âgés de 25 à 34 ans.

En fait, les jeunes surprennent par leur degré de préparation et cela a été une des principales découvertes du Baromètre en 2010, insiste Robert Landry. « Qui est le plus sensible à se préparer à la retraite? Les jeunes. Dans un pourcentage hallucinant de 99 %, ils ont dit que la retraite est un moment de vie à planifier minutieusement », a dit M. Landry. Une attitude qui a changé par rapport à il y a cinq ans, fait-il remarquer.

Le vice-président d’AXA considère cette donnée comme une occasion d’affaire importante pour les conseillers. « Le segment le plus réceptif parmi vos clients à parler de préparation de la retraite, ce sont les jeunes. Et devinez lesquels sont les moins réceptifs? Ceux qui sont à trois ou quatre ans de leur retraite. Changez votre perception. Les jeunes ont une longueur d’avance. Si vous ne leur parlez pas de retraite, peut-être que quelqu’un d’autre le fera », dit-il.

Les Canadiens se distinguent à travers le monde pour la proportion d’entre eux qui perçoivent positivement la retraite. Pourtant, plusieurs semblent en eaux troubles. « Six sur dix de vos clients n’ont aucune idée de l’argent dont ils auront besoin à la retraite, peu importe leur âge », souligne M. Landry.

Dans le groupe de l’âge mûr, soit les 35 à 49 ans, 6 Canadiens sur 10 n’ont aucune idée combien ils auront d’argent à la retraite. « Si la capacité d’évaluer le montant de son futur revenu de retraite augmente beaucoup avec l’âge, encore 42 % des plus de 50 ans ne peuvent toujours pas l’évaluer. C’est inquiétant puisque ce sont eux qui sont les plus près de la retraite », dit M. Landry.

De plus, une certaine confusion règne quant aux sources de revenus dont les futurs retraités espèrent tirer un revenu de retraite. Les Canadiens d’âge mûr croient que 11 % de leur revenu de retraite viendra de l’immobilier. Selon Robert Landry, c’est trop. Pour les gens à la retraite, le Baromètre révèle que c’est en réalité 4 % de leurs revenus qui proviennent de cette source.

« Si vous vendez votre maison 300 000 $, quel revenu en tirerez-vous? Les conseillers doivent faire cet exercice concret avec leur client, ce qui démolira souvent l’illusion de coussin financier que donne la maison », fait valoir le vice-président d’AXA.

La bonne nouvelle, ajoute-t-il, c’est que les jeunes comptent davantage sur leurs épargnes personnelles pour générer un revenu de retraite. « À vos clients les plus jeunes, vous pouvez aussi parler de retraite », insiste M. Landry.

Autre découverte du Baromètre 2010, les départs anticipés volontaires à la retraite sont beaucoup moins nombreux qu’il y a trois ans. S’ils étaient 73 % à quitter la vie active de leur propre chef en 2007, ils ne sont plus que 63 % à le faire en 2010. « C’est une autre donnée qui démontre l’impact de la crise financière », dit M. Landry. De plus, les départs forcés à la retraite sont passés de 11 % à 14 %.

Bonne nouvelle, le conseiller se situe parmi les éléments qui déclenchent chez les gens l’action de prendre la planification de leur retraite en main. C’est toutefois au 5e rang de la liste qui est dominée par le fait d’avoir un employeur, qui contribue à son régime et celui d’avoir atteint un âge clé. « Les gens sont inquiets, parfois méfiants, mais leur estime de votre profession est demeurée quand même assez haute », ajoute M. Landry.

Interrogé au terme de la conférence par le Journal de l’assurance sur l’ensemble de ces résultats, M. Landry a rappelé le rôle crucial du conseiller financier. « Si vos clients n’ont aucune idée d’où leur argent de retraite viendra, montrez-leur clairement les sources possibles, demandez-leur de vous décrire le portrait de la retraite qu’ils souhaitent. Vous devez leur dire combien ils auront besoin d’argent pour la réaliser et combien ils ont actuellement. Aidez-les à confronter la réalité », a-t-il conseillé.

Dans son Baromètre, AXA conclut que le conseiller doit se positionner comme un « aidant ». Le conseiller est là « pour simplifier les choses et pour seconder ». À travers le Baromètre, AXA voit aussi le conseiller comme un guide financier dont le rôle est d’exhorter les Canadiens à ne pas être simplement conscients, mais aussi à passer à l’action.