Les entrepreneurs du monde entier doivent se préparer à faire face aux changements climatiques. C’est le message que lance l’assureur britannique Lloyd’s dans un rapport spécial sur la question.

Dans son rapport Climate change and security : risks and opportunities for business, Lloyd’s affirme que les preuves scientifiques révélant le changement climatique ne peuvent être ignorées. Si elles ne sont pas bien préparées pour faire face au phénomène, Lloyd’s croit que plusieurs entreprises pourraient en souffrir à travers le monde.

« Il est probable que la planète se réchauffe de deux degrés Celsius. Les entreprises doivent se préparer à cela dès maintenant, car cette hausse du climat aura des impacts sur la disponibilité de nourriture, d’eau, d’énergie et de personnel. Les stratégies à long terme qui sont élaborées pour y faire face doivent aussi être adaptées à des changements brusques du climat », dit l’assureur dans son rapport.

Lloyd’s suggère aussi aux entreprises de revoir une fois par année les plans qu’ils ont élaborés pour faire face aux changements climatiques. « Les changements prévus à l’environnement et à la situation politique affecteront les entreprises de tout type. Ces changements créeront toutefois des occasions pour les entreprises qui seront alertes à ceux-ci. La capacité de comprendre assez tôt les impacts des changements climatiques ouvrira la porte à de nouvelles occasions d’affaires ou à des changements peu coûteux au sein de ces organisations », ajoute le rapport.

Lloyd’s détaille aussi dans son rapport quels seront les impacts des changements climatiques sur les entreprises. Le portrait que l’assureur dresse n’a rien de réjouissant. Lloyd’s s’attend ainsi à des changements brusques du climat, qui rendront la planification d’affaires extrêmement difficile. Les entreprises auront ainsi à prévoir plusieurs possibilités, qui devront être révisées régulièrement.

Ensuite, l’assureur s’attend à ce que la manière de faire des affaires soit changée complètement. Lloyd’s prédit même que ce sera la fin de l’époque du « business as usual ». L’assureur s’attend ainsi à des changements sur la manière de construire des immeubles et des cités, sur le fonctionnement du système de transports et sur l’organisation des systèmes de production et d’échange.

« Les changements climatiques créeront aussi une plus grande compétition pour des ressources qui deviendront plus rares, tels que l’eau, la nourriture et l’énergie. Dans le pire des cas, le monde verra une hausse du nationalisme économique, plus de conflits entre pays et des niveaux plus élevés d’insécurité mondiale. Ces phénomènes ajouteront de la complexité et des coûts à la manière de faire des affaires. Les entreprises doivent évaluer ces risques et les intégrer dans leur planification stratégique et opérationnelle », dit Lloyd’s.

L’assureur dit craindre les effets du manque d’eau dans certains pays, mais dit craindre encore plus l’impact que les changements climatiques auront sur les réserves de nourriture. Lloyd’s justifie cette crainte par le fait que ces réserves sont à peine adéquates en ce moment pour rencontrer la demande dans certaines régions du monde.

« Les pénuries de nourriture et l’augmentation du prix de celle-ci fera en sorte qu’une proportion grandissante du grain mondial sera transigé bilatéralement, sans jamais atteindre les marchés transactionnels. Alors que les terres arables deviendront plus rares, les probabilités de conflits entre pays augmenteront. La nourriture sera ainsi produite tout près d’où elle sera consommée. Le développement des combustibles bios pourrait ajouter une pression supplémentaire sur la disponibilité des terres arables et pourrait contribuer à des pénuries additionnelles de nourriture », dit l’assureur dans son rapport.

Lloyd’s prévoit aussi que les changements climatiques rendront le prix des sources d’énergie plus élevées, volatiles et imprévisibles. Autre danger : la migration de masse des populations. L’assureur cible quelques régions où les changements climatiques pourraient causer des migrations de population : la Méditerranée, le Moyen-Orient et le nord de la Chine.

L’assureur note finalement qu’il y a une limite à ce que les gouvernements peuvent faire face aux changements climatiques. « Les gouvernements auront besoin d’exploiter la créativité et les capacités organisationnelles du secteur privé pour développer des technologies spécifiques visant à mitiger le changement climatique et à changer les comportements des gens. Ce dernier aspect est très important. Si la population ne change pas ses priorités et ses comportements, les efforts des gouvernements et des entreprises pour faire face aux changements climatiques ne connaîtront pas de succès », conclut Lloyd’s.

Hubert Roy