Un Canadien sur cinq est présentement client d’une des filiales d’Intact Corporation financière. D’ici trois ans, avec la consolidation qui attend l’industrie de l’assurance de dommages, Charles Brindamour, chef de la direction d’Intact, s’attend à ce qu’un Canadien sur trois soit client de son entreprise.M. Brindamour n’en fait toutefois pas un objectif. Il affirme toutefois que vu les forces du marché et l’ampleur qu’est appelée à prendre Intact, il est logique de penser que la pénétration de sa compagnie atteigne ce seuil.

M. Brindamour a tenu ces propos lors d’une conférence d’investisseurs tenue en février à New York. Elle était organisée par Bank of America Merryll Lynch.

Le chef de la direction d’Intact a rappelé qu’il s’attendait à ce que 15 % à 20 % des parts de marché de l’industrie changent de mains d’ici trois ans, pour plusieurs raisons. Il a notamment cité la faiblesse des taux d’intérêt qui plombent les investissements des assureurs, ou encore la démutualisation de certaines compagnies.

Il a aussi reprécisé ses vues sur la cassure qui aura cours dans la distribution. L’arrivée de nouveaux joueurs, tels les géants informatiques ou les manufacturiers automobiles, incite Intact à renforcer son image de marque et son agilité technologique pour conserver l’avantage concurrentiel que l’entreprise a réussi à se donner au fil du temps.

Au risque d’en surprendre certains, M. Brindamour dit considérer Intact comme étant encore une petite entreprise, étant donné que sa capitalisation boursière d’environ 11 milliards de dollars, est largement en deçà de bien d’autres institutions financières dans le monde. Il a aussi souligné que la taille d’un assureur était importante seulement si elle donnait une agilité supplémentaire, rappelant que certains des plus grands joueurs de l’industrie au Canada n’étaient pas parmi les plus performants.

Il a aussi souligné qu’Intact comptait aussi un autre atout majeur : son talent. « Nous avons une très bonne équipe sur nos lignes. Nous avons aussi plusieurs talents qui prennent du galon. Nous avons une équipe qui est d’ailleurs relativement jeune », dit M. Brindamour.

Il a révélé que 22 % des talents clés de l’entreprise avaient été promus ou s’étaient développés en étant exposés à d’autres unités d’affaires que la leur. Par ailleurs, les membres du comité exécutif de l’assureur ont en moyenne 15 ans d’expérience au sein de l’entreprise. De plus, ce sont en moyenne sept successeurs potentiels qui ont été identifiés pour prendre la relève de chaque poste au sein du conseil exécutif.

Cadres performants

« Nous croyons que notre feuille de route des dix dernières années pourra être reproduite au cours des prochaines décennies grâce à cela. Nous ne sommes pas une entreprise qui a connu du succès grâce à des cadres performants sur une courte période de temps. Notre succès s’accumulera dans le temps », dit-il.

Quant à la consolidation, M. Brindamour croit qu’elle se fera en partie au détriment des assureurs à propriété étrangère. Il rappelle qu’il y a encore quelques années, ces assureurs détenaient le tiers du marché canadien. Or, Intact en a acquis plusieurs au cours des 15 dernières années, notamment Guardian, (un volume uniquement) Zurich, Allianz et AXA, sans compter qu’Intact s’est constitué comme société en bourse canadienne après avoir levé des fonds pour se racheter du groupe hollandais ING.

« Les assureurs à propriété étrangère ne font pas tous partie des joueurs les plus performants de l’industrie. Divers facteurs, comme les capitaux à maintenir, pèseront dans leur décision de rester ou non. Il y aura certainement des transactions de ce côté. Il serait surprenant que le marché des joueurs étrangers reste le même d’ici trois ans. Il faudra aussi voir ce que les banques feront, tout comme certaines sociétés mutuelles », a conclu M. Brindamour.