Bien que similaire à la pandémie de la grippe espagnole de 1918, la crise de la COVID-19 aura des effets différents sur l’économie mondiale, qui n’est pas la même qu’il y a 102 ans. Swiss Re explique ce raisonnement dans son Economic Insights du 13 mai dernier.
« Lors de l’épidémie de 1918, les dépenses publiques consacrées aux efforts de guerre ont plus que compensé la baisse de la consommation et des investissements privés. Cela a empêché une contraction massive semblable à ce qui se passe en 2020. Aujourd’hui, la partie de l'économie répondant normalement à la demande est également affectée par un confinement strict, et les gouvernements ne fourniront pas le même soutien [qu’en 1918] », dit le réassureur.
Des pandémies différentes
« Il existe des différences importantes » entre les deux pandémies, souligne Swiss Re.
D’une part, le taux de mortalité était plus élevé en 1918 chez les personnes en bonne santé, alors qu’aujourd’hui, ce sont les personnes vulnérables, comme les personnes âgées, qui sont principalement touchées par la COVID-19.
D’autre part, « après la Première Guerre Mondiale, plusieurs familles ont perdu la personne qui gagnait le revenu familial, ce qui a entrainé une pénurie de main-d’œuvre, exerçant une pression à la hausse sur les salaires réels », peut-on lire dans le rapport.
Aujourd’hui, c’est bien différent à ce niveau, note le réassureur. « La pandémie peut entrainer des taux de chômage élevés dans plusieurs économies. Les risques d’inflation […] pourraient refaire surface lors de la reprise de la demande des consommateurs soutenue par les mesures de relance budgétaire, si les perturbations de la chaine d’approvisionnement persistent, et non en raison de pénuries de main-d’œuvre », explique Swiss Re.
Relance également différente
Le réassureur ajoute que la relance de l’économie pourrait « s’avérer plus difficile que dans la foulée de la grippe espagnole ».
Il explique qu’au début du 20e siècle, le secteur manufacturier était le plus touché car il était le plus important, alors qu’aujourd’hui, cette situation s’observe pour le secteur des services.
L’entreprise soutient que, durant la pandémie de grippe espagnole, « le ralentissement avait été relativement de courte durée, car beaucoup avaient économisé pendant la guerre, et les salaires plus élevés avaient également stimulé la consommation ».
« Regarder au-delà »
Swiss Re prévoit que la croissance de l’économie mondiale diminuera de 3,8 %, alors que les prédictions initiales de l’entreprise prévoyaient une baisse de 1,2 %. La reprise des activités « ne sera que partielle », ajoute l’entreprise, qui explique qu’une « perte cumulée du PIB mondial de 12 billions de dollars américains » est à prévoir d’ici la fin de 2021.
Pour sortir de la crise, les gouvernements devront, « en plus d’amortir l’impact de COVID-19, regarder au-delà de l’épidémie pour trouver de nouveaux moteurs de croissance durable, tels que des dépenses renouvelées pour les infrastructures », affirme le réassureur.