La santé mentale reste fragile malgré un ralentissement des infections et le fait que la plupart des provinces reprennent graduellement leurs activités, révèle la deuxième édition mensuelle de L’Indice de santé mentale de Morneau Shepell.
Fournisseur de services de mieux-être global, de santé mentale et de santé mentale numérique pour les régimes d’assurance collective, Morneau Shepell révèle que la COVID-19 continue d’affecter négativement le mieux-être mental dans l’ensemble du pays.
Selon l’indice qui résulte d’une enquête réalisée entre le 30 avril et le 11 mai 2020 auprès de 3 000 participants, les Canadiens se sentent plus isolés que le mois précédent. Résultat surprenant, ceux qui ont perdu leur emploi affichent une santé mentale légèrement meilleure que ceux qui ont subi une baisse de salaire.
Chute de 12 points
L’Indice de santé mentale accuse une chute de 12 points par rapport au score de référence de 75, antérieur à la pandémie. L’Indice de santé mental global pour mai 2020 s’établit donc à -12. Un score négatif indique une santé mentale affaiblie comparativement au score de référence, et un score positif indique une meilleure santé mentale, explique le rapport de l’indice. Le score de référence tient compte des données sur la santé mentale de 2017, 2018 et 2019.
Le score global de mai 2020 demeure identique à celui d’avril 2020, révèle l’indice. Le rapport de Morneau Shepell explique que le niveau de l’indice reflète une population dont la santé mentale est similaire au 1 % de la population de référence la plus en détresse.
Moins d’anxiété mais plus d’isolement
Les indices secondaires de Morneau Shepell montrent que l’anxiété domine (-14) parmi les cinq principaux facteurs dont la variation affecte la santé mentale. Son score s’est toutefois légèrement amélioré par rapport au mois d’avril. Cinquième facteur en importance, le sentiment d’isolement (-11,9) s’est quant à lui accru par rapport au mois d’avril. Les trois autres facteurs les plus importants en mai ont été la dépression (-13,9), la productivité au travail (-13,5) et l’optimisme (-12,3).
« Il s’agit du deuxième mois consécutif où nous constatons une augmentation du stress mental chez les Canadiens par rapport au mois précédent. Associé à une augmentation du stress mental d’un mois à l’autre, le maintien d’un faible Indice de santé mentale soulève des préoccupations quant aux répercussions potentielles à plus long terme de la pandémie de COVID-19 sur la santé mentale des Canadiens », constate Morneau Shepell.
Inégalités entre provinces
L’Indice de santé mentale a pris légèrement du mieux en mai en Alberta, au Manitoba, à Terre-Neuve-et-Labrador, dans les Maritimes et en Saskatchewan. En Colombie-Britannique, au Québec et en Ontario, il a plutôt reculé. La Colombie-Britannique a connu la plus forte augmentation du stress en mai, par rapport à avril. Les plus faibles hausses du niveau de stress ont été observées au Manitoba et en Saskatchewan, au terme de cette période de comparaison.
« Alors que nous entamons le troisième mois depuis que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que la COVID-19 est une pandémie mondiale, il subsiste de nombreuses questions entourant la reprise de l’économie et ce que signifie la levée des interdictions pour les Canadiens », explique le PDG de Morneau Shepell, Stephen Liptrap. La mise en péril continue de la santé mentale et du mieux-être des Canadiens montre selon lui qu’il y a encore beaucoup d’efforts à déployer pour atténuer la dimension critique de cette crise de santé publique. « Alors que nous commençons à voir la fin des mesures de confinement strictes, nous devons demeurer vigilants quant au soutien en santé mentale, et ne pas perdre de vue cet enjeu », ajoute-t-il.
Femmes et familles plus affectées
Tout comme en avril, l’indice de mai montre que les femmes sont plus susceptibles de signaler une incidence négative de la pandémie sur leur santé mentale. Leur score moyen s’est établi à -13,9 points, en comparaison de -9,2 points chez les hommes.
Dans les ménages qui comptent un enfant, le score est de -13,7 points. Il est de -9,2 points dans les ménages comptant trois enfants ou plus. En comparaison, les ménages ne comptant aucun enfant ont obtenu un résultat de -10,7 points.
Les personnes de 20 à 29 ans sont aussi une population dont les risques de voir leur santé mentale affectée par la pandémie sont accrus.
Salaire et reconnaissance
Les gens à plus faible salaire figurent parmi les populations qui présentent des risques accrus en regard de leur santé mentale, soit les travailleurs gagnant moins de 30 000 $ par année.
Peu importe le revenu, l’indice soulève que le maintien de l’emploi ne préserve pas la santé mentale en cas d’une diminution de salaire. Alors que 61 % des Canadiens disent avoir conservé leur emploi au même salaire, 28 % ont indiqué avoir subi une réduction des heures travaillées ou de salaire. Ceux dont le salaire est resté le même ont obtenu le meilleur score en santé mentale (-9,4 points). Le pire résultat (-15,4 points) a été observé chez les personnes qui ont connu une baisse de salaire, même si elles ont gardé leur emploi.
Du point de vue des secteurs d’activité, le personnel des soins de santé s’en tire un peu mieux que la population en général sur le plan de la santé mentale, soit -11 points par rapport au score global de -12 affiché par l’indice en mai. La présence d’agents stressants dans ce secteur est incontestable, mais le soutien et la reconnaissance manifestés par le grand public peuvent exercer un effet bénéfique sur les travailleurs du domaine de la santé, croit Morneau Shepell.
Les régimes d’assurance collective peuvent aussi faire leur part en milieu de travail. L’indice révèle que les personnes qui ont accès à un programme d’aide aux employés ont rapporté une meilleure santé mentale, soit -10,7 points. Celles qui n’en bénéficient pas récoltent un score plus élevé, soit -12,4.
Tenir le coup
Le rapport de l’indice révèle également que 73 % des participants à l’enquête de Morneau Shepell estiment leur santé mentale affectée négativement par la pandémie de COVID-19. En outre, 46 % des participants se disent capables de tenir le coup, même s’ils ressentent les répercussions de la pandémie. Enfin, 27 % des participants disent qu’ils sont plus inquiets, et 12 % signalent que la pandémie a une incidence très négative ou qu’ils sont en crise.
« Notre Indice de santé mentale montre que les Canadiens ont du mal à s’adapter aux changements qui concernent leur façon de socialiser, de travailler et de maintenir leur santé et leur mieux-être globaux. Nous devons continuer à suivre de près l’évolution de cette situation. En portant une plus grande attention à la santé mentale et en offrant plus de soutien, nous espérons voir une amélioration de cet état général alarmant », a souligné Paula Allen, première vice-présidente, recherche, analytique et innovation de Morneau Shepell.