Le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) vient de publier la mise à jour de son Regard annuel sur le risque pour l’année 2025-2026.
Le document met l’accent sur les risques qui pourraient avoir un impact sur les marchés financiers au Canada dans les 12 prochains mois. On y présente aussi les moyens que le BSIF pourrait emprunter pour assurer la pérennité du système.
Les risques principaux sont les mêmes que ceux évoqués dans le Regard de l’an dernier, mais ils apparaissent dans un ordre différent. « L’environnement de risque actuel étant caractérisé par une amplification des menaces, il est plus probable que les risques se concrétisent », indique-t-on dans le sommaire du document.
Dans l’ordre d’importance, ces menaces sont :
- Les risques liés à l’intégrité et à la sécurité : « L’accentuation des tensions géopolitiques, le rythme soutenu des progrès technologiques et la dépendance accrue à un réseau complexe de tiers fragilisent l’intégrité et la sécurité des institutions canadiennes et du système financier. » À cet égard, le BSIF indique notamment « avoir resserré le processus de signalement que doivent suivre les institutions pour nous aviser de la survenance d’incidents cybernétiques et technologiques ».
- Les risques liés aux prêts de gros : « Les détenteurs de prêts commerciaux et de prêts aux grandes entreprises demeurent aux prises avec une conjoncture économique difficile. Malgré les récentes baisses de taux d’intérêt, les entreprises continuent de souffrir de l’incertitude macroéconomique, de la hausse des frais de service de la dette et du fléchissement de la demande des consommateurs, ce qui pourrait compliquer le refinancement », souligne le BSIF. On souligne notamment la baisse de la valeur de l’immobilier commercial, affaibli par la réduction de la demande et des taux élevés d’inoccupation. Le surintendant augmente le volume de données qu’il réclame des institutions financières pour mesurer l’évolution de divers facteurs.
- Les risques de financement et de liquidité : Le regain d’incertitude dans les marchés de capitaux, surtout du fait de l’intensification du risque géopolitique, pourrait ébranler la stabilité des institutions financières s’il incite les acteurs du marché à réévaluer leur propension à prendre des risques. Le BSIF entend évaluer le risque de liquidité découlant des complexités que représente pour les institutions le fait d’exercer des activités dans de multiples territoires et devises.
- Les risques liés aux prêts hypothécaires et aux prêts garantis par un bien immobilier : Malgré la baisse récente des taux d’intérêt de plus de 200 points de base, il y a encore un nombre élevé d’emprunteurs qui risquent d’obtenir un taux hypothécaire plus élevé que celui en vigueur lors de l’octroi du prêt. Quelque 36 % des prêts dont les paiements n’ont pas augmenté depuis l’octroi du prêt seront à renouveler entre novembre 2024 et décembre 2026. En raison des prix de l’immobilier dans les agglomérations urbaines de Vancouver et de Toronto, c’est là où l’on observe le plus de difficultés en matière d’arriérés de paiement.
En assurance
Les sociétés d’assurance font face à des facteurs défavorables, dont la volatilité continue des investissements, l’inflation importante des indemnités à verser au titre de l’assurance automobile et l’incidence des catastrophes naturelles, souligne le BSIF en rappelant les quelque 8,5 milliards de dollars (G$) liés aux catastrophes en 2024.
Dans les 12 mois qui viennent, le BSIF surveillera particulièrement les bonnes pratiques de gestion du capital des assureurs, la résilience opérationnelle en lien avec la cybersécurité et le risque des fournisseurs tiers, et enfin, les pratiques de gouvernance du risque à l’égard de la supervision des risques d’exploitation.
« Nous évaluerons l’exposition de la stratégie d’affaires aux risques géopolitiques et aux risques d’intégration liés à la poursuite d’une croissance inorganique, ainsi que les implications des risques géopolitiques sur les perturbations des chaînes d’approvisionnement et l’inflation des sinistres, en particulier chez les sociétés d’assurance multirisque », souligne le BSIF.
Un examen thématique du secteur de l’assurance automobile sera réalisé « afin d’évaluer l’efficacité de la supervision des risques et l’incidence que l’évolution des risques peut avoir sur les gains et le capital ». Une analyse des conséquences de l’évolution du marché de l'habitation sur la résilience financière des assureurs hypothécaires sera aussi réalisée.
Pour certaines sociétés d’assurance vie, le BSIF évaluera « le risque d’investissement, la gestion actif-passif et les conséquences des pratiques comptables de l’IFRS 17 sur le capital ». La résilience de tous les assureurs face à la transition climatique et aux risques physiques sera aussi analysée.
En matière de résilience opérationnelle, le surintendant sera particulièrement alerte en matière d’analyse des cyberincidents et du niveau de préparation à l’égard des cyberrisques.
Enfin, du côté de la gouvernance du risque, Le BSIF entend mettre l’accent sur la lutte contre le blanchiment d’argent pour les sociétés d’assurance vie et sur la qualité des données réglementaires pour les sociétés d’assurance multirisque.
Le document énumère aussi ses priorités en matière de surveillance des régimes de retraite et des banques.