Cinq conseillers financiers ont créé une association afin de défendre les droits et la réputation des conseillers auprès des régulateurs et du public.Ils veulent rallier leurs pairs pour créer les Conseillers indépendants regroupés du Québec (CIRQ). Larry Bathurst, Rodrigue Julien, Léon Lemoine, Yvon Fortin et Kaddis Sidaros comptent faire de l’organisme un groupe d’intérêt qui fera valoir les droits et les intérêts de ses membres vis-à-vis des autorités réglementaires. Ils entendent aussi promouvoir la réputation des conseillers auprès du public.

Porte-parole du CIRQ, Larry Bathurst entend bien faire de son association une réussite. L’organisme leur permettrait de se doter d’une voix dans l’industrie.

Depuis le lancement de l’association à la fin novembre, M. Bathurst affirme qu’une centaine de conseillers ont manifesté leur volonté d’adhérer. « Nous recevons de trois à quatre demandes par jour », révèle-t-il. Quelque 95% des personnes intéressées sont des conseillers indépendants, alors que certains sont affiliés à une bannière.

L’organisme n’impose pas, pour l’instant, de frais d’adhésion. Il veut d’abord sonder l’intérêt des membres potentiels. « Il n’y a actuellement pas de coût d’entrée. Notre première étape consiste à diffuser l’intention et à mesurer l’intérêt des conseillers. Notre plus grand défi, c’est de les joindre! », poursuit M. Bathurst. Il ajoute qu’il compte solliciter la collaboration d’un cabinet en épargne collective ainsi qu’un autre en assurance de personne afin d’étendre le champ de visibilité du CIRQ.

Le porte-parole reconnaît que la création d’une association n’est pas acquise, étant donné le caractère indépendant d’un conseiller. « Pour celui qui est habitué à travailler seul, le fait de se regrouper n’est pas nécessairement naturel », concède-t-il.

En revanche, il allègue que le contexte de l’industrie des services financiers a changé, depuis les initiatives d’associations passées qui ont toutes échoué. « Auparavant, il y avait beaucoup de confusion dans l’industrie. De plus, nous avons maintenant accès à internet », fait-il remarquer.

Un statut clair

Redonner un statut clair aux conseillers financiers figure au premier plan des préoccupations de Larry Bathurst. « Si je ne suis pas indépendant, je devrais l’exprimer au consommateur. Je vois de nombreux conseillers qui se disent indépendants, mais qui ne le sont pas. J’ai un problème avec ça et cette situation a cours depuis l’arrivée du Bureau des services financiers (disparu au profit de l’Autorité des marchés financiers). Il y a une dizaine d’années, on était agent ou courtier », rappelle-t-il.

Aujourd’hui, selon les statuts de la Chambre de la sécurité financière, un conseiller est autonome ou rattaché. « Dans mon cas, je suis rattaché parce que j’ai mon propre cabinet. Par contre, si je suis autonome, le consommateur peut avoir l’impression que je suis indépendant. Pourtant, dans la pratique, je pourrais bien signer une entente d’exclusivité ou de semi-exclusivité avec un assureur. Le client s’attend à ce qu’on lui offre un choix. Si le représentant ne peut pas le faire, il faudrait que ce client le sache », recommande-t-il, soulignant que s’il y a entente avec un assureur, celui-ci exigera inévitablement un quota.

M. Bathurst considère qu’il faut mettre certaines pratiques à jour. « Dans les années 1960, 1970 et 1980, nous étions tous des agents embauchés par les compagnies. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, mais certaines pratiques d’affaires font encore de nous des employés. »

Le CIRQ suit de près les travaux d’inspection en assurance de personnes, amorcés avant la période des Fêtes par l’AMF. La concrétisation du projet d’association permettrait aux conseillers financiers indépendants de faire part de leur point de vue. «Nous souhaitons que l’organisme publie un rapport et prenne le temps d’écouter un conseiller. Nous sommes conscients qu’entre la réglementation qui existe et certaines pratiques commerciales, il y a incompatibilité avec notre éthique. »

L’organisme exclut toute activité de formation. Le CIRQ, qui a prolongé sa période de recrutement en raison du congé des Fêtes, vise à recruter près de 400 membres. Il est accessible par le site www.regroupement.ca.

Il doit faire un bilan de sa campagne en janvier 2006, en plus de convoquer tous les adhérents afin de former un premier comité directeur officiel.