Des moyens existent pour mieux gérer le cout des médicaments au sein des régimes d’assurance collective, selon Express Scripts Canada.L’intervention gouvernementale a permis de réagir à la croissance élevée du prix des médicaments en imposant des limites au prix des génériques. Mais les gestionnaires de régimes collectifs ne pourront pas toujours compter sur l’État pour limiter les hausses.
Selon le rapport de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) publié en mai 2012, les dépenses combinées des régimes collectifs en assurance santé sont passées de 3,2 milliards de dollars (G$) en 1991 à 14,7 G$ en 2011 (en dollars courants). La facture des régimes publics a augmenté aussi de manière considérable durant la même période, pour atteindre 12,1 G$ en 2011, alors qu’elle ne dépassait que de peu 2 G$, 20 ans plus tôt.
Au colloque Solareh, Annick Gauthier, chargée de comptes chez Express Scripts Canada, a abordé divers moyens pour mieux contrôler le cout des médicaments.
Adhésion et plafonds
Mme Gauthier et Pierre-Étienne Tremblay, directeur principal des services aux clients et des relations professionnelles chez Express Script, croient que les promoteurs de régimes collectifs sont prêts à prendre les moyens pour limiter les hausses de couts. Les gestionnaires de régimes exigent toutefois la collaboration des salariés assurés, ce qui inclut leur pleine adhésion au traitement recommandé.
Mme Gauthier estime toutefois que certains régimes collectifs sont mal conçus et leurs gestionnaires ne tirent pas pleinement profit des outils qui les aideraient à améliorer leur efficacité. On peut par exemple inciter les assurés à utiliser la carte médicaments à remboursement direct, qui permet de favoriser l’utilisation des génériques lorsqu’ils sont disponibles au point de vente. Seulement 11 % de régimes collectifs imposent la substitution du médicament breveté par un produit générique.
Avec la carte médicaments, on peut aussi imposer des plafonds pour le cout des ingrédients et des honoraires. Le pharmacien est alors tenu d’expliquer les écarts à l’adhérent si la facture dépasse ces plafonds. La carte médicaments permet aussi de sensibiliser davantage l’assuré au cout réel du traitement, mais augmente son degré d’adhésion (ou observance).
Dans le cas du rabéprazole, dont le brevet est exploité sous le nom de Pariet, il en coute 1,37 $ par capsule, alors que le générique est disponible depuis avril 2011 pour 0,34 $. Déjà 94 % des utilisateurs du médicament emploient la forme générique. « Chaque tranche d’augmentation de 1 % du taux d’adoption des génériques correspond à des économies de 1 % des couts du régime », dit-elle.
Certains médicaments génériques sont un équivalent chimique, mais il existe aussi parfois des médicaments équivalents au plan thérapeutique. Le Pariet est lui-même un équivalent thérapeutique du Nexium pour le traitement de l’ulcère et du reflux gastro-œsophagien. Or, le générique du Nexium coute 1,87 $ la capsule, au lieu de 2,22 $ pour la forme brevetée, ce qui dépasse la limite établie par la RAMQ. Les assureurs doivent concevoir des listes de médicaments dont le remboursement est autorisé et qui incluent les équivalents chimiques ou thérapeutiques, suggère Annick Gauthier.
Problème avec les pharmaciens
« Le patient sait ce qui est couvert ou ce qui ne l’est pas au point de vente », affirme Mme Gauthier. On peut inciter par exemple l’assuré à se diriger vers une autre pharmacie où les couts sont moindres.
L’écart de cout pour le même médicament est généralement plus élevé au Québec, d’une pharmacie à l’autre, qu’ailleurs au pays. Pour la même pilule de Nexium, le cout unitaire peut varier de 2,47 $ à 4,01 $, ce qui représente 46,40 $ de plus pour une ordonnance de 30 jours. Pour la forme générique du Pantoloc, le cout unitaire passe de 0,89 $ à 2,05 $, ce qui représente 34,83 $ pour une ordonnance de 30 jours.
Express Scripts encourage ses clients (employeurs et assureurs) à négocier toutes les composantes du cout de l’ordonnance, tant les ingrédients que les honoraires. Ils encouragent les employeurs à informer leurs salariés sur le cout des médicaments. Au Québec, il demeure impossible de commander des médicaments par la poste, mais il existe des moyens de favoriser les canaux de distribution les moins chers.
La conférencière suggère aussi d’inciter les assurés à discuter du choix de la thérapie avec leur médecin. Dans le cas de la polyarthrite rhumatoïde, il existe plusieurs équivalents thérapeutiques au Remicade, pour deux fois moins cher, même si cette maladie demeure très couteuse.