De passage à Montréal en mai, Insurope a vanté les mérites du regroupement international de régimes d’assurance collective. Il fait tendance, affirme l’association, qui regroupe plus de 80 assureurs à travers le monde. Le client multinational dont l’assureur est membre du réseau peut y regrouper ses régimes répartis dans divers pays.

Différents partages des risques sont offerts. L’entreprise qui connait un résultat positif au sein d’un regroupement obtient un remboursement de primes. L’entreprise qui accumule au contraire un déficit pourra choisir de l’absorber sur le champ, en reporter le paiement sur deux ou trois ans ou n’endosser aucun risque. L’entreprise paiera une prime en proportion du risque qu’elle encourt.

En 2005, 68,1 % des programmes d’assurance collective inclus dans un regroupement multinational administré par Insurope ont connu une expérience positive. En 2010, cette proportion atteignait 73 %, a dit Jim Wallace, président d’Insurope, lors de l’évènement.

Pour des raisons de concurrence, chaque pays impliqué ne compte qu’un partenaire, sauf au Royaume-Uni, qui aligne à la fois Canada Life et BUPA. Standard Life représente le Canada et Prudential, les États-Unis. Plusieurs de leurs employés étaient présents à cette 27e assemblée générale. Insurope n’est pas le seul réseau du genre. Entre autres, Generali Employee Benefits (GEB), International Group Program (IGP) et Swiss Life offrent des services similaires.

« Le regroupement international est pour nous comme une deuxième comptabilité, a expliqué en entrevue au Journal de l’assurance, Jacques Latour, vice-président ventes assurance collective chez Standard Life. Toutes les primes pour le même employeur participant sont regroupées. Nous assurons, par exemple, Apple au Canada. Si des surplus sont générés par l’expérience mondiale d’Apple, ils pourront être remboursés à l’entreprise. »

Les différentes ententes de partage des risques sont mondiales, a précisé M. Latour. « Laquelle choisir dépend de l’appétit du risque de l’organisation et de sa taille », dit-il. Aux deux extrêmes : prendre 100 % du risque ou rien du tout.

Avec ses 80 000 employés répartis dans plus de 170 pays, Hewlett Packard prend 100 % du risque. Moyennant une prime de risque modeste, il assumera le déficit et les surplus lui seront remboursés. Un plus petit employeur choisira plutôt de payer une prime de risque plus élevée, mais de ne participer qu’aux surplus. S’il y a déficit, c’est l’assureur qui l’absorbe.

Insurope propose une solution mitoyenne appelée « deficit carry forward ». En vertu de cette formule, l’entreprise peut rouler son déficit sur une période de deux ou trois ans. Tant qu’il y a un déficit, l’entreprise ne touche pas de surplus. « La quatrième année, le déficit disparait », dit M. Latour.

Insurope offre une alternative à ceux qui veulent se tremper l’orteil avant de plonger : le multi-pooling. « Le multi-pooling s’adresse aux multinationales présentes dans des pays où moins de 500 employés participent à un régime collectif, dit M. Latour. Il peut rentrer petit à petit dans le concept de regroupement en joignant un pool avec, par exemple, 300 employés dans un pays et 400 dans l’autre. »

Que retire donc Standard Life des surplus dont il fait bénéficier ses clients grâce à Insurope? « Cela reste un défi pour nous de retenir les clients avec les taux d’assurance collective qui augmentent. Ceux qui adhèrent à un tel regroupement restent avec nous, confie M. Latour. La rétention des clients est très bonne sur une longue période. »

Selon M. Latour, ce type de regroupement allège l’énorme pression qu’infligent aux primes d’assurance collectives les couts des médicaments et de l’invalidité. « C’est comme de l’auto-assurance pour l’entreprise, sauf que c’est l’assureur qui prend le risque et l’employeur qui récolte les surplus », dit-il.
Les avantages qu’Insurope permet d’offrir aux clients en assurance collective des assureurs sont essentiels à Standard Life, positionnée dans un créneau haut de gamme en assurance collective, dit M. Latour. Outre les couts réduits et les remboursements de primes, un regroupement permet à l’assureur d’offrir à son client des garanties collectives plus riches, ajoute-t-il. « Nous pourrons, par exemple, offrir des maximums d’assurance plus élevés sans preuve d’assurabilité. »

Les regroupements qu’administre le réseau Insurope n’ont rien à voir avec la mutualisation des réclamations de médicaments couteux réalisée entre assureurs canadiens en avril. Vingt-trois assureurs se sont en effet regroupés pour éponger le risque de réclamations onéreuses en assurance collective, causées par des médicaments ou des traitements couteux.

En vertu de cette mutualisation, les assureurs assumeront les réclamations qui excèdent 25 000 $ par an pour un assuré et les membres de sa famille. « Dans ce cas, il s’agit d’un risque catastrophique et le partage s’effectue entre les assureurs ou grâce à une entente avec un réassureur », dit M. Latour. Une réclamation catastrophique sera ainsi partagée entre tous les clients des assureurs membres de la mutuelle.