En réponse à la ronde lancée par Financière Manuvie en octobre, Desjardins Sécurité financière (DSF) a augmenté à son tour les prix de ses produits d’assurance vie permanente.

DSF a annoncé à son réseau qu’il augmentait le cout garanti de ses polices d’assurance vie permanentes vers le 27 novembre. Cette hausse est la deuxième du genre en moins d’un an pour Desjardins. L’assureur suit la vague. Le 15 octobre, Manuvie a augmenté ses taux d’assurance vie universelle en moyenne de 7 % à 12 %, selon les produits. D’autres joueurs ont suivi ou s’apprêtent à le faire. Le Journal de l’assurance a publié un dossier complet sur le sujet le mois dernier.
Transamerica Vie Canada et BMO Assurance vie ont récemment annoncé qu’ils emboitaient le pas. Comme Manuvie et Desjardins, ils pointent du doigt les bas taux d’intérêt à long terme et la volatilité des marchés. Chez Transamerica et BMO, la hausse touche les produits d’assurance vie universelle. Transamerica l’a effectuée le 28 novembre ; BMO le fera le 7 janvier 2012. Dans une note aux conseillers, Transamerica dit s’attendre à ce que toutes les compagnies d’assurance augmentent le prix de leurs produits à cout nivelé de 10 % en moyenne au cours des trois prochains mois.
Produits retarifés
Pour sa part, Desjardins augmente le prix de ses produits d’assurance vie permanents suivants : Vie 10 et Vie 20 qui sont des produits de vie entière traditionnels à paiement accéléré, offerts hors de la plateforme de vie universelle Sommum ; VU Horizon Sécurité 10 ; VU Horizon Sécurité 20, VU Max T100 et VU privilège santé 65.
« La moyenne des hausses se situe dans une fourchette de 8 % à 11 % », a dit au Journal de l’assurance André Langlois, vice-président développement et mise en marché assurance et épargne des particuliers. Il ajoute qu’il y a des écarts à certains âges mais que l’ensemble des nouveaux taux se resserre autour de la fourchette moyenne.
Le produit de vie entière payable en 15 ans destinés aux jeunes, Première Classe, a vu ses prix réajustés en fonction des hausses de Vie 10 et 20 ans. « Il y avait des incohérences dans la tarification de ce produit. Dans certains cas, un assuré aurait payé moins cher pour cette police que pour une police payable en 20 ans », explique M. Langlois.
Les taux d’intérêt font office de coupable dans toutes les hausses annoncées. Les taux d’intérêt à long terme sont la matière première des produits permanents, rappelle M. Langlois. Or, ils persistent à demeurer faibles. Ils étaient de 2,98 % à la fermeture des marchés le 21 octobre, pour des obligations du Canada 30 ans. « Les taux ont baissé en octobre à un plancher historique par rapport aux années 1930. C’est une nouvelle donnée que nous ne pouvons ignorer », dit-il.
Rentabilité du cout nivelé
La volatilité dérange aussi la rentabilité du cout nivelé. M. Langlois signale d’ailleurs que les marchés ont baissé lors du troisième trimestre. Observation confirmée par plusieurs spécialistes. Par exemple, le consultant en actuariat Morneau Shepell a annoncé une chute de 6,2 % du rendement des caisses de retraite au troisième trimestre 2011, par rapport au même trimestre de 2010. L’étude se fonde sur la performance de plusieurs gestionnaires de fonds communs diversifiés.
Les besoins des consommateurs d’assurances créent aussi une pression sur les prix. Selon M. Langlois, les clients recherchent des valeurs plus sures depuis la crise de 2008.
« La vie universelle à taux renouvelable annuellement munie de plusieurs options de placement se vend encore, mais la tendance favorise les produits permanents garantis et payables rapidement. Parmi eux, l’assurance payable en 20 ans est la plus populaire chez nous. Ces produits sont sensibles aux taux d’intérêt. Je m’attends à de nouvelles hausses dans ce marché d’ici janvier ou février .»
Avec un produit de vie entière payable en 10 ans, par exemple, il considère qu’un assureur ne dispose pas d’une grande marge de manœuvre pour se refaire s’il a mal jaugé le prix de départ. « Ce produit est presque aussi sensible aux taux d’intérêt qu’un produit de rente viagère, un produit dont le prix a toujours changé quotidiennement. »
Hausses préprogrammées ?
Plusieurs agents généraux ont mentionné au Journal de l’assurance dans son édition précédente que les assureurs effectueront d’autres hausses dans le futur en raison des taux d’intérêt qui persistent à la baisse. Certains estiment que ces hausses successives sont préméditées. Il n’en est rien, dit M. Langlois. L’assureur avait fait une première ronde au printemps. « En procédant à la première hausse, nous n’avions pas l’intention de nous en garder un peu pour une deuxième fois. À chaque hausse, nous devons jongler avec la rentabilité et la concurrence. Le prix fixé lors de la première hausse reflétait les conditions économiques et financières du moment », explique-t-il.
Avant de fixer un nouveau prix, l’assureur doit décider s’il le fera en fonction des taux courants ou d’une hypothèse sur leur direction future, ajoute M. Langlois. Or, il peut être délicat de se hasarder à de telles hypothèses, croit-il.
Au début de l’année, les économistes prédisaient une hausse des taux d’intérêt dans un ou deux ans. Ensuite, les problèmes de la dette souveraine chez certains pays européens ont pris de l’ampleur. S’ajoute à cette situation la crise de la dette aux États-Unis. La Réserve fédérale américaine a pris des mesures qui laissent croire que cette hausse des taux sera retardée, observe M. Langlois.
« Si les taux actuels se maintiennent, pourrai-je soutenir mes garanties à long terme ? Doit-on s’engager en fonction des taux courants ou en fonction d’une hausse hypothétique des taux d’intérêt ? Ce n’est pas un plan qu’on peut dérouler page par page. »