Informer, prévoir et prévenir le pire, c’est ce que le devoir de protection (duty of care) impose aux entreprises qui envoient des employés à l’étranger alors que le monde est de moins en moins stable. Les grandes entreprises sont bien préparées, fortes de leur expérience, mais les PME sont moins bien outillées à faire face au pire, alors que leur responsabilité pénale est de plus en plus grande.Aucun pays n’est désormais complètement sécuritaire, constate Patrick Collette, directeur du développement des affaires pour Axa Assistance Canada. « Nous n’avons qu’à penser aux évènements de la place Tahrir au Caire en 2010. Auparavant, tout le monde croyait que l’Égypte était un pays sans risque. Puis, il y a eu le printemps arabe. Il y a aussi Londres qui a été victime d’attentats terroristes en 2005, alors qu’on n’aurait jamais pu le prévoir. Et ce qui se passe en Ukraine aujourd’hui est un autre signe de cette instabilité grandissante», donne-t-il comme exemples.

Selon Marc Giguère, vice-président d’Intrepid 24/7, les récents évènements ont démontré que même les endroits considérés comme sécuritaires, tels les États-Unis et l’Europe, sont maintenant considérés comme des environnements risqués. « D’un côté, les employés sont de plus en plus à risque et de l’autre, les employeurs sont de plus en plus «poursuivables» », élabore-t-il.

Une loi qui amène des responsabilités

En effet, le 31 mars 2004, le gouvernement canadien, à l’instar de plusieurs autres pays, a introduit dans le code criminel la notion de devoir de protection (duty of care) des entreprises envers leurs employés par l’intermédiaire de la loi C-45. Cette loi augmente la responsabilité pénale d’une entreprise face à la protection de ses employés et l’expose à de lourdes peines si elle n’a pas mis en place les mesures raisonnables pour éviter de compromettre leur santé et leur sécurité. « Cette nouvelle loi fait en sorte qu’une compagnie peut être poursuivie pour négligence criminelle si elle n’a pas pris de mesures raisonnables pour informer et préparer ses employés à réagir en cas de crise lorsqu’ils sont à l’étranger », vulgarise Mike Vallee, cadre supérieur chez Intrepid 24/7.

De plus en plus de pays sont le théâtre de poursuites criminelles contre des organisations qui auraient failli à leur devoir de protection. « Ce que les entreprises doivent comprendre, c’est qu’un employé à l’étranger, ça devient une extension de leur bureau dans le pays en question », croit Patrick Collette. Selon lui, les grandes entreprises comme Bombardier et SNC Lavalin seraient bien préparées et conscientes de leur devoir, alors que les PME n’ont pas nécessairement les outils pour mettre en place les protections nécessaires.

Bien au fait des précautions que doivent désormais prendre les entreprises qui envoient des employés à l’étranger, les services d’assistance ont développé des produits spécifiquement conçus pour remplir le devoir de protection (duty of care). « Les services d’assistance permettent de réduire les risques tout en permettant aux entreprises dese conformer sans avoir à débourser des millions de dollars », explique Marc Giguère.

Intrepid 24/7 a commencé récemment à offrir aux entreprises et assureurs collectifs un forfait spécifiquement dédié à remplir le devoir de protection des entreprises, soit le Duty Care Safety Travel Package for employers. Cette offre comprend plusieurs services dont l’application mobile Navigateur Voyage qui était déjà offerte par la compagnie.

« Cette application fournit à l’employé des informations sur les soins médicaux prodigués dans le pays qu’il visite, l’avertit lorsque sa sécurité pourrait être compromise, lui procure des conseils tout en mettant à sa disposition une panoplie d’outils, comme des convertisseurs de devises. Elle inclut aussi un service d’assistance en donnant un accès immédiat à des experts médicaux et à des intervenants en situation d’urgence », dit M. Giguère. En plus de cette application mobile, le forfait Duty of care offre, au besoin, un service de sécurité en tout temps, une analyse de sécurité avant le départ et carrément des services d’intervention.

Du côté d’Axa Assistance, une assistance médicale et sécuritaire est aussi offerte par l’entremise d’une application mobile et d’une capacité téléphonique assurée en tout temps. « Nous ne sommes pas seulement appelés à assister, mais aussi à prévenir le risque et à réagir lorsque le pire se produit », dit Patrick Collette.

C’est dans cette optique qu’Axa Assistance a récemment conclu un accord de partenariat avec iJet International, une firme qui offre des solutions en gestion des risques. Ensemble, les deux compagnies permettent de préparer l’entreprise et ses employés en lui fournissant des informations sur le pays, sur les précautions à prendre médicalement parlant et sur les alertes de sécurité déjà en vigueur.

Prévenir le risque

« iJet nous aide à prévenir le risque en faisant ce qu’on appelle du monitoring, c’est-à-dire que la firme surveille les médias sociaux et les médias traditionnels, et fait affaire avec des correspondants dans les pays pour prévoir les futures crises », explique M. Collette.

Par l’entremise de l’application mobile, les voyageurs sont donc informés de ce qui se passe ou risque fort probablement de se passer à l’endroit où ils se trouvent. « Pour prendre un exemple très simple, les gens voyageant à Montréal ont reçu des alertes lorsqu’une manifestation se préparait au centre-ville, durant le printemps érable, par exemple. Ils étaient donc en mesure de modifier leur choix d’hôtel et/ou leur itinéraire d’avance en fonction de ces informations », illustre-t-il.

Ce partenariat leur permet aussi d’intervenir directement au cœur de la crise. « Cela nous permet d’établir rapidement des cellules de crise, de veiller au rapatriement des employés et de les prendre en charge quelques instants seulement après le début de la crise », présente Patrick Collette.

Dans le cas de ces deux compagnies, les services d’assistance sont offerts grâce à des partenariats avec diverses compagnies d’assurance.