L’engorgement du système de santé au Québec a généré une nouvelle solution inusitée: une clinique médicale doublée de services de laboratoire qui se déplace en milieu de travail, MedSync. La firme offre aux entreprises, sur place, des services médicaux et de prévention. Les frais sont partagés entre la RAMQ et le régime d’assurance collective de l’entreprise.Le service qu’offre MedSync est inusité tout en ne coûtant rien, dans un premier temps, aux entreprises qui font affaire avec elle. Les médecins délégués dans les entreprises par MedSync facturent la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) pour les services qu’ils dispensent aux employés.

Le modus operandi est le suivant : sur invitation de l’employeur, MedSync rencontre les employés par groupes de 15 ou 20 personnes, et l’équipe médicale leur présente ses services. Aux employés de décider s’ils veulent traiter avec MedSync et, dans un premier temps, subir un examen médical complet. Selon Jean-Claude Picard, vice-président, exploitation chez MedSync, jusqu’à présent, environ 85% des employés rencontrés ont décidé de faire affaire avec les équipes médicales de MedSync. Toutefois, ces médecins ne deviendront pas les médecins de famille des employés, mais MedSync promet d’assurer le suivi en entreprise après la découverte d’une pathologie, par exemple.

Le choix du privé

Le « patient » rencontré par le médecin, à son travail, présente sa carte d’assurance maladie pour défrayer le coût de la visite. Si l’employé doit passer des tests médicalement requis (ex. : bilan sanguin), il a trois options. Il peut soit se rendre au CLSC ou à l’hôpital, où certains tests sont gratuits, soit faire affaire avec un laboratoire privé à l’extérieur du bureau, ou encore traiter avec MedSync, sur place, le jour même.

S’il choisit cette dernière option, des frais lui sont alors facturés comme avec un laboratoire privé extérieur. « Avec nous, ça va vite, note M. Picard, les gens n’attendent pas, car l’employé n’a pas à se déplacer. »

« Dans deux ans, lance-t-il, peut-être que toutes les entreprises dont les employés souscrivent à une assurance collective seront intéressées de traiter avec nous », affirme Jean-Claude Picard. « Nous faisons gagner du temps à l’employé et à l’employeur », ajoute-t-il.

Si l’employé possède une assurance collective, c’est à elle qu’incombe la responsabilité d’acquitter les frais des tests facturés par MedSync, une fois la franchise soustraite. La société, qui est encore en démarrage, présentera éventuellement un rapport statistique gratuit à l’entreprise sur l’état de santé global de son personnel, sans que les noms des employés n’y soient mentionnés, assure M. Picard.

MedSync tire ses revenus du coût des tests médicaux, comme les laboratoires privés extérieurs. « Mais jusqu’à présent, souligne Jean-Claude Picard, nos interventions n’ont pas fait augmenter le coût des primes. » Les revenus de MedSync prennent également leur source dans les mandats de consultation découlant du rapport statistique remis aux entreprises. MedSync veut apporter son soutien pour aider l’entreprise à déterminer les causes des problèmes de santé des employés, et à les juguler à la source. « Si l’offre est acceptée, cela devient un mandat de consultation, précise M. Picard. On remonte aux causes. On veut faire de la santé une question globale », dit-il.

MedSync a pignon sur rue dans le Vieux-Montréal. L’actionnaire majoritaire, président et fondateur, Yves Legault, est également administrateur de Stragégys Management Conseil Inc., et président et actionnaire majoritaire du Regroupement professionnel des gestionnaires de vente Inc. (RPGV). Le fondateur de la nouvelle entreprise planchait sur le concept MedSync depuis 2004. C’est en août 2006 que le démarchage de la clientèle a véritablement commencé, explique Jean-Claude Picard.

Pour soutenir le démarrage de MedSync, Stratégys Management Conseil Inc., y a injecté des fonds, explique M. Picard. Mais il insiste sur le fait que, outre cette aide de départ, les deux sociétés sont maintenant complètement indépendantes.

MedSync compte au sein de son équipe une quinzaine d’employés dont un médecin-chef et une infirmière-chef, et entre 8 et 12 « pigistes », soit médecins, infirmières et autres professionnels de la santé. Les médecins que MedSync recrute travaillent déjà en cabinet ou à l’hôpital. « On leur dit : Gardez votre pratique, mais donnez-nous une journée par semaine! », déclare M. Picard.

Quel est l’intérêt pour ces omnipraticiens de faire affaire avec MedSync? Jean-Claude Picard affirme que les médecins le font d’abord parce que la perspective de travailler dans cette nouvelle approche suscite leur intérêt. « Le type de pratique que nous leur offrons est complètement différent. La prévention les intéresse beaucoup », dit-il.

La question financière n’est pas à négliger. À leur cabinet, si les omnipraticiens ne prennent pas de nouveaux patients, de façon générale, ils n’assurent que le suivi médical de leurs patients. Or, dans les entreprises participantes, les médecins feront passer à tout le personnel intéressé des examens complets. Vérification faite auprès de la RAMQ, un omnipraticien reçoit une rémunération plus avantageuse pour un examen complet avec un nouveau patient.

Entente avec Groupe Cloutier

Pour mieux pénétrer le secteur des régimes collectifs privés et les employeurs, MedSync a conclu une entente d’exclusivité de trois ans renouvelable avec Groupe Cloutier qui fait la promotion du service auprès des courtiers en assurance collective au Québec. Toutefois, cette entente concerne les sociétés ayant à leur emploi entre 100 et 500 employés.

« Nous nous sommes rendus compte que l’on perdait énormément de temps pour peu de résultats en faisant du démarchage auprès de ces entreprises, et par des contacts, nous en sommes arrivés à entrer en communication avec le Groupe Cloutier », signale Jean-Claude Picard, vice-président, exploitation.

MedSync fera aussi de la promotion directement auprès des promoteurs de régimes d’assurance et des entreprises comptant plus de 500 employés. « Il faut être connu des deux côtés, affirme M. Picard. Nous aurons bientôt une entreprise de 1200 employés qui fera affaire avec nous », ajoute-t-il.

« MedSync est vraiment dans le « patient care management », poursuit M. Picard. Selon lui, jusqu’à présent, le système de santé québécois a été un peu victime de son succès depuis l’avènement de l’assurance maladie. Pour donner le meilleur service, les gens ont travaillé en silos. « Nous avons décidé de ramener le travail d’équipe. MedSync propose donc à l’entreprise et son partenaire en assurance d’améliorer la santé des travailleurs, de ses employés, d’assurer un service “VIP” de qualité, dont l’effet est la santé et la diminution des coûts », dit M. Picard.

Jean-Claude Picard n’est pas peu fier de dire que MedSync a réussi à dépister à temps certains problèmes cardiaques et un éventuel anévrisme chez quelques-uns des employés rencontrés depuis les visites en entreprise.

Christiane Dupont