Les frais professionnels des experts pèsent plus lourd dans les pertes reliées à l’assurance responsabilité erreurs et omissions (E&O) pour les conseillers financiers, depuis les dernières années.Grossiste actif dans le marché de l’assurance responsabilité E&O, GroupAssur distribue son programme assuré par la Lloyd’s de Londres et uniquement par l’entremise du cabinet La Turquoise. Ce programme est offert entre autres à des groupes, dont quelques 400 conseillers de Force financière Excel et environ 200 membres du Regroupement indépendant des conseillers de l’industrie financière du Québec (RICIFQ). Le grossiste dit faire affaire avec « quelques milliers de clients », sans donner de chiffre exact.

Au cours des dix dernières années, le grossiste a observé diverses tendances dans ce créneau, où il est présent avec le programme de la Lloyd’s depuis 1989. Ainsi, la moyenne des pertes par police reste pratiquement inchangée depuis dix ans, oscillant entre 25 000 $ et 30 000 $.

Or, les professionnels comptent pour une part croissante de ces pertes. « La proportion des pertes représentant des frais professionnels (expert en sinistres, avocats, etc.) est passée de 45 % entre 2000 et 2005 à 60 % entre 2006 et 2009 », dit Jean-François Raymond, directeur général adjoint de GroupAssur. Il a fait valoir que l’expérience de 2010 et 2011 était encore « trop jeune pour être crédible ».

La hausse de ces frais semble contribuer à accélérer le règlement des dossiers. « Étrangement, cette augmentation des frais s’accompagne d’une baisse dans le temps requis pour fermer les réclamations », dit M. Raymond. De 2000 à 2005, le délai moyen pour régler un dossier était de 36 mois, dit-il. De 2006 à 2009, ce délai était de 31 mois.

La fréquence globale de perte tourne autour de 2 % depuis 2003, environ, selon l’expérience accumulée par GroupAssur. Ce qui signifie une moyenne de deux réclamations pour cent polices. « La fréquence du début des années 2000 se situait entre 3 % et 4 %; c’est à ce moment que plusieurs assureurs se sont retirés du marché », dit M. Raymond.

L’époque des scandales financiers n’a pas eu que du mauvais. Après l’affaire Norbourg, le nombre d’inspecteurs s’est multiplié à l’Autorité des marchés financiers, rappelle M. Raymond. « L’augmentation du nombre d’inspecteurs, après l’affaire Norbourg, a fait chuter la fréquence. C’est l’effet de la police et du radar, non d’une meilleure souscription des risques », dit-il. Il a toutefois observé que la fréquence s’est stabilisée au cours des dernières années.

Les cabinets semblent plus à risque. « Si nous segmentons entre cabinet et représentant, les cabinets affichent une fréquence de 3,5 %, alors que les représentants en affichent une de 1,3 %, dit M. Raymond. Cela dit, un cabinet peut inclure plusieurs représentants. »

Une segmentation de l’expérience de GroupAssur par discipline révèle en outre que les réclamations surviennent majoritairement en assurance vie, soit environ une sur quatre. La fréquence est moins élevée chez les fonds communs de placement et la planification financière, mais les sommes en jeu sont plus grosses. C’est en planification financière que les réclamations sont les plus chères, dit M. Raymond, soit d’environ 30 % supérieures à la moyenne globale.

M. Raymond observe par ailleurs que les conseillers financiers paient en moyenne une prime d’assurance E&O de 880 $.

Peu de joueurs, mais Intact demeure

Les joueurs sont peu nombreux chez les assureurs. « Sur le marché québécois, AXA a toujours été l’assureur offrant la plus grande compétition », dit M. Raymond. Il ajoute que des joueurs comme Liberty, Chartis et Axis jouent aussi du coude dans ce secteur, à l’occasion. M. Raymond constate aussi que plusieurs assureurs s’intéressent aux cabinets, mais peu aux représentants.

Après l’acquisition d’AXA par Intact, le sort du portefeuille d’assurance responsabilité E&O apparaissait incertain. Or, le porte-parole d’Intact, Alexandre Royer, a fait savoir que l’assureur de Saint-Hyacinthe demeurait pleinement engagé envers ce marché.

« C’est un créneau où AXA était très fort. Nous voulons tirer profit de son expertise dans ce secteur. Nous avons donc décidé de conserver ce portefeuille et de nous en servir pour notre croissance », dit M. Royer. Il a rappelé que cette ligne d’affaires cadre avec l’objectif principal d’Intact : offrir une gamme complète de produits pour les courtiers, que ce soit en assurance aux particuliers ou en assurance aux entreprises.

L’erreurs et omissions, c’est une petite équipe et un petit portefeuille chez Intact, reconnait M. Royer, « mais on y croit », dit-il. « L’assureur recèle un potentiel intéressant, ajoute M. Royer. Il fait partie d’une offre globale étendue qui s’adresse à des clients tant petits que grands. »