L’industrie de l’assurance vit maintenant une transformation de fond qui semble irréversible : les dégâts d’eau sont plus nombreux que les dommages causés par les feux. Ils donnent ainsi des maux de tête à bien des restaurateurs après-sinistre. Il existe toutefois des solutions pour les éviter. En cas de dégât d’eau, agir rapidement est la clé pour éviter des dommages considérables.

Donald Quirion, président de Groupe Solution Sinistre, souligne que les dégâts d’eau représentent maintenant plus de 80 % des interventions de son entreprise. « Et ça ne fait qu’augmenter », affirme-t-il.

En aout dernier, l’ouragan Irene a apporté beaucoup de travail aux restaurateurs après-sinistre. Les trombes d’eau tombées lors de son passage au Québec ont notamment causé des dommages à Marieville en Montérégie. Plus de 300 maisons y ont été inondées, indique-t-il.

« Dans la plupart des cas, l’eau s’est infiltrée dans les maisons par les drains français. Les pompes situées dans les sous-sols, elles, n’ont pas pu répondre à une si grande demande, explique M. Quirion. Elles lâchent souvent après avoir fonctionné durant quatre ou cinq heures sans interruption. »

M. Quirion dresse la revue des causes des dégâts causés par l’eau, mais aussi des moyens de les prévenir. Voici ses constatations et conseils :

Quelles sont les causes des dégâts causés par l’eau ? :

– Une grande partie des égouts municipaux ne répondent plus, compte tenu des plus grandes quantités d’eau que nous recevons.

– Les propriétaires de résidences contribuent parfois à leur propre malheur en ne remplaçant pas les réservoirs à eau chaude.

– Finalement, les boyaux de laveuse et de lave-vaisselle qui s’usent ne sont pas remplacés en temps opportun.

Comment faire face à ces dégâts ?

– Il faut agir vite et de manière minutieuse.

– Il faut d’abord trouver la source de l’infiltration ou du débordement.

– On peut utiliser une caméra thermique qui permet de suivre la trajectoire de l’eau et d’avoir une meilleure idée des endroits où elle s’est infiltrée. « Ceci nous permet de cerner le dégât d’eau dans son ensemble », explique M. Quirion. Il constate toutefois que ce ne sont pas tous les restaurateurs qui l’utilisent en raison de son prix élevé.

– Il est important d’agir rapidement, car cela réduit les risques de moisissure.

Quelles sont les principales étapes de l’intervention ?

– Agir rapidement pour s’assurer que l’assèchement effectué est complet et total. Parfois, cela nécessite de faire des trous dans le bâtiment à titre exploratoire pour voir où l’eau a circulé. À titre d’exemple, s’il y a présence d’un bain podium, il arrive que l’on doive faire un trou dans le mur de la chambre, à côté de la salle de bain, afin d’accéder au bain.

– Faire un suivi du dossier pour être certain que lesdégâts causés par l’eau ont été complètement éliminés.

Un dommage sur deux lié à l’eau


(SB) Selon le Bureau d’assurance du Canada(BAC), les dommages liés à l’eau au Québec ont totalisé environ 550 millions de dollars en 2010, et ce, seulement en assurance des particuliers. Cela équivaut à 50 % du total des sinistres payés par les assureurs de dommages. Ainsi, un dollar sur deux payé pour un sinistre se rapporte à un dommage par l’eau.De 2008 à 2010, le BAC a toutefois observé une baisse du nombre des dégâts par l’eau. Celle-ci s’explique notamment par la diminution du montant total des sinistres se rapportant aux biens des particuliers. Ce chiffre est passé de 1,3 milliard de dollars (G$) en 2008 à 1,1 G$ en 2010, explique Anne Morin, responsable des affaires publiques du BAC.« Nous travaillons avec des estimations puisqu’il n’existe aucun plan statistique sur l’assurance habitation, qui nous permettrait de compiler l’ensemble des données », précise-t-elle.

M. Quirion ajoute que les restaurateurs après-sinistre sont souvent limités dans leurs interventions d’urgence par les budgets des assureurs. « Dans plusieurs cas, ceux-ci ne dépassent pas 750 $, constate-t-il. On fait ce qu’on peut avec ces budgets, mais ils sont très vite dépassés. Nous devons alors tout arrêter et attendre la visite de l’expert avant de continuer. Les assureurs ne devraient pas fonctionner de cette façon. »

Que faire pour prévenir ces dommages ?

– Les propriétaires de maison doivent remplacer les boyaux des laveuses et lave-vaisselles tous les cinq ans et changer de réservoir à eau chaude tous les
dix ans.

– Les municipalités ont aussi un rôle à jouer. « Pour que leurs réseaux hydriques deviennent adéquats, il faudrait qu’ils soient pensés en vue des 50 prochaines années et non pas seulement à court terme, comme c’est souvent le cas », dit M. Quirion.