Une statistique d’un récent sondage d’ÉducÉpargne a de quoi faire dresser les cheveux sur la tête des conseillers financiers à l’approche de la saison des REER.

L’organisme anciennement connu sous le nom de Question Retraite et dont la mission est d’éveiller les Québécois à adopter de bonnes habitudes d’épargne révélait que les trois quarts des gens sondés n’allaient peut-être pas épargner en vue de leur retraite cette année. Une proportion de 43 % a carrément affirmé ne pas avoir l’intention de le faire, alors qu’un autre 30 % ne savent pas s’ils utiliseront une partie de leur épargne en vue de leurs vieux jours.

Néanmoins, les gens sondés par ÉducÉpargne sont conscients qu’il est important d’avoir suffisamment de revenus à la retraite. Une proportion de 95 % des gens sondés a affirmé que cela était important.

Toutefois, 30 % d’entre eux planifieront l’utilisation de leur épargne pour la retraite… le jour même de leur retraite.

On en retrouve aussi 7 % qui comptent le faire un an avant leur retraite, 9 % cinq ans avant et 3 % dix avant. Sans oublier les 13 % qui considèrent ne pas avoir besoin de planifier le tout....

D’où le besoin d’en parler, dit Nathalie Bachand, planificatrice financière et présidente du conseil d’ÉducÉpargne. « Ils doivent aller chercher les conseils adéquats afin de bien planifier l’utilisation de leur épargne à la retraite. On parle ici de dizaines, voire même de centaines de milliers de dollars qui sont en jeu », dit-elle.

Un sujet délicat

Le hic, c’est que parler d’argent demeure délicat pour les gens. Un sondage commandé par la Banque TD le démontre. Selon ce sondage pancanadien, 46 % des Canadiens interrogés affirment que la COVID-19 a eu des conséquences négatives sur leurs finances familiales. Le tiers d’entre eux, soit 34 % affirment ne pas être à l’aise de parler de leurs finances.

Parmi ceux qui se disent mal à l’aise de parler de leurs finances personnelles, plusieurs ont indiqué qu’ils ne pensaient pas qu’il était poli de parler d’argent (37 %), qu’ils ne voulaient pas avoir l’air de se vanter (13 %) ou qu’ils ne voulaient pas être jugés (18 %).

Il y a aussi une proportion de répondants qui disent ne pas être à l’aise de parler de finances parce que soit leur situation financière n’est pas bonne en ce moment (28 %). Il y en a d’autres qui ont des difficultés financières et ne savent pas vers qui se tourner (12 %) pour redresser la situation. On retrouve une autre proportion de gens qui disent ne pas avoir confiance de gérer leur argent et sont gênés d’en parler (9 %).

Parler de leur situation financière à un professionnel comme un conseiller financier aiderait-il à réduire leur gêne ? Pas nécessairement, indique le sondage de TD. Ils hésitent à discuter de leurs finances avec les personnes qui ne font pas partie de leur garde rapprochée, peut-on lire dans les résultats du sondage.

Ainsi, six répondants sur dix (58 %) sont disposés à parler de leur situation financière aux membres de leur famille, tandis que seulement trois sur dix en parleraient à une personne de leur institution financière (31 %) ou à leurs amis (28 %).

D’ailleurs, TD a découvert que six répondants sur dix (59 %) disent qu’ils ont moins peur d’aller chez le médecin que de rencontrer leur conseiller financier. De plus, une personne sur dix (13 %) avoue qu’elle préférerait avoir un traitement de canal plutôt que de rencontrer un conseiller financier…

Craintes face à l’avenir

Pourtant, la pandémie amène de l’incertitude chez les gens face à leur avenir financier. L’Institut québécois de planification financière (IQPF) a dévoilé les résultats d’un sondage dans lequel 26 % des Québécois sondés affirment que la pandémie de la COVID-19 les amène à avoir des craintes à cet égard.

L’intérêt d’épargner est néanmoins là, démontre le coup de sonde de l’IQPF. En raison de la pandémie, près de deux répondants sur cinq (37 %) ont dit avoir modifié leur comportement quant à la gestion quotidienne de leurs finances personnelles. Les 18 à 24 ans (59 %) sont notamment parmi les plus nombreux à avoir fait des ajustements en ce sens.

Qu’en est-il de leur épargne en vue de leur retraite ? Ce sont 17 % des Québécois sondés affirment avoir modifié la planification à long terme de leurs finances en raison de la pandémie. Ce sont aussi 20 % des répondants qui ont pensé à planifier leurs finances pour la première fois de leur vie. On en retrouve un autre 5 % des répondants ont pensé à faire appel à un planificateur financier pour la toute première fois. La même proportion de répondants a affirmé avoir retardé leur départ à la retraite.

La pandémie a aussi permis à certains Québécois de se préoccuper davantage de leur situation financière, dit l’IQPF. Ainsi, près du dixième des répondants (9 %) affirment avoir besoin de plus de conseils d’un professionnel pour planifier leur avenir financier depuis l’arrivée de la COVID-19, surtout les jeunes de 18 à 24 ans (25 %) et ceux qui disposent d’un revenu familial de moins de 15 000 $ (25 %).

« Ce qui est encourageant, c’est de savoir que 86 % des Québécois disent avoir déjà entendu parler de la profession de planificateur financier. Si la plupart savent que ce dernier peut les aider en matière de placement, de retraite ou de finances, moins nombreux sont ceux qui savent que le planificateur financier peut aussi les guider en ce qui a trait à des questions de fiscalité, de succession, d’assurance ou au sujet d’aspects légaux », a commenté la PDG de l’IQPF Chantal Lamoureux.

Méthodologie des sondages

• Le sondage d’ÉducÉpargne a été réalisé par Léger entre le 4 et le 11 aout 2020, auprès de 1 000 Québécois de 18 ans et plus. Sa marge d’erreur est de plus ou moins 3,1 %, 19 fois sur 20.

• Le sondage de la Banque TD a été réalisé par Ipsos mené entre le 26 et le 28 octobre 2020. Aux fins de ce sondage, un échantillon de 1 001 Canadiens âgés de 18 ans ou plus a répondu. L’échantillon de ce sondage a été pondéré afin d’assurer que sa composition reflète celle de la population. Sa marge d’erreur est de plus ou moins 3,5 points de pourcentage, 19 fois sur 20.

• Le sondage de l’IQPF a été réalisé par SOM, du 22 au 27 octobre 2020, auprès de 1 038 internautes québécois âgés de 18 ans ou plus. La marge d’erreur est de 3,9 %.