Si l’enjeu principal des FinTech réside dans la transformation de l’expérience client, l’industrie de l’assurance part avec un certain retard, notamment par rapport aux banques. Comment l’expliquer ? L’assureur entre moins souvent en contact avec le client, une fois par an généralement, au moment du renouvellement d’une police.

« Les FinTech sont un bon catalyseur pour transformer l’industrie, au niveau du marketing et de la souscription. Mais les assureurs n’ont pas encore pris ce virage, explique Patrick Bucquet, associé fondateur du cabinet de conseil en management spécialisé dans les services financiers, Chappuis Halder. Aujourd’hui, le business de l’assurance est fait avant tout par les distributeurs. Et ces derniers ne peuvent pas miser sur de nouveaux modèles totalement disruptifs, ils ne peuvent pas changer totalement. »

Regarder du côté de la sous-assurance

En revanche, les assureurs seraient bien inspirés de regarder du côté de la sous-assurance, et de nouer des partenariats avec des FinTech pour rejoindre de nouveaux clients. « Un des enjeux aujourd’hui de l’assurance, c’est la sous-assurance. Il faut aller toucher ces gens-là. Il existe un vrai besoin de conseil, d’éducation, de formation, notamment à ce qui a trait à la planification de la retraite », poursuit M. Bucquet. On estime aujourd’hui dans le monde que près de 6 milliards de personnes sont mal assurées ou pas assurées du tout.

Une autre application des Fintech dans l’industrie de l’assurance concerne, selon lui, l’assurance de pair-à-pair, « un modèle qui n’a pas encore exploité tout son potentiel ». Pourtant, l’économie de partage appliquée à l’assurance pourrait représenter de réelles opportunités d’affaires, permettant notamment à un assureur de se constituer un portefeuille client. Ce nouveau canal de distribution offre en effet une possibilité supplémentaire d’atteindre le client, améliore sa fidélité tout en limitant les risques de fraude. Il permet aussi d’avoir accès à des segments de niche. Et de pousser l’ensemble de l’industrie à travailler différemment.

« Un nouveau marché qui se développe »

Enfin, une des avenues de développement pour les FinTech pourrait se trouver du côté de l’assurance de personnes, en vie comme en collectif. Au niveau des retraites, les compagnies d’assurance sont en passe de se substituer petit à petit aux états, ce qui va, à terme, constituer un nouveau marché et de nouveaux défis d’éducation.

« Pour tout ce qui est assurance de groupe, c’est un nouveau marché qui se développe pour remplacer ce que l’État ne prend plus en charge, précise encore M. Bucquet. Une nouvelle fois, il faudra expliquer, éduquer, et fournir des plateformes entre les assureurs, qui porteront le risque, et les employeurs. À ce niveau-là, il y a quelque chose à inventer. »