Avec un total d’au moins 660 millions de dollars (M$), les premières estimations des dommages assurés causés par le passage de la tempête Fiona dans l’est du Canada classent déjà cet événement dans le top 10 des pires sinistres en matière de dommages assurés.
L’estimation est faite par l’organisme Catastrophe Indices and Quantification (CatIQ), alimentée par les données des assureurs. Le Bureau d’assurance du Canada a publié cette estimation le 19 octobre.
Fiona prend le 10e rang dans la liste des sinistres les plus coûteux en dommages assurés et sort de ce classement les incendies de forêt de 2011 qui ont rasé Slave Lake (Alberta). Huit de ces sinistres sont survenus depuis 2013.
Il s’agit du deuxième sinistre en 2022 qui arrive à se glisser dans ce classement des pires événements, après le derecho du 21 mai dernier (voir tableau ci-dessous).
Fiona a touché les Maritimes et le golfe du Saint-Laurent le 24 septembre dernier. Outre la perte d’une vie humaine, les restes de l’ouragan, qui avait frappé la Floride et les deux États de la Caroline plus tôt dans la semaine, ont provoqué des vents violents, des pluies diluviennes, des débordements côtiers et des ondes de tempête, ont brisé des arbres et provoqué des interruptions du réseau électrique dans les quatre provinces maritimes et aux Îles-de-la-Madeleine.
Urgence d’agir
Le BAC rappelle que si les dommages assurés sont historiques pour la région de l’Atlantique canadien, la majeure partie des propriétés touchées sont situées dans des zones à haut risque d’inondations où l’assurance contre ce fléau n’est pas accessible. En conséquence, la majeure partie du coût des dommages sera supportée par les différents paliers de gouvernement.
« Au fur et à mesure qu’on découvre l’étendue des dommages causés par l’ouragan Fiona, il devient évident que nous devons en faire plus pour augmenter notre résilience aux événements extrêmes et adopter une culture de prévention à cet égard », indique Amanda Dean, vice-présidente du BAC pour la région de l’Atlantique.
« Les changements climatiques sont réels et les pertes de vie humaine, les tourments et les conséquences financières dont nous sommes témoins doivent nous pousser à agir. Il faut privilégier la sécurité de tous les Canadiens et les protéger des aléas climatiques », ajoute-t-elle.
Ventilation provinciale
La répartition des dommages assurés a été estimée ainsi :
- Nouvelle-Écosse : plus de 385 M$. À Halifax, de nombreux véhicules et immeubles ont été endommagés par des arbres cassés par la tempête. À l’Île-du-Cap-Breton et dans le comté de Pictou, outre les inondations et les routes défoncées, la tempête a provoqué de nombreux bris de toiture et des ondes de tempête;
- Île-du-Prince-Édouard : plus de 220 M$. Des maisons ont été arrachées de leur fondation par l’onde de tempête et d’autres ont perdu leur toiture, partout sur l’île. Quelque 82 000 clients du distributeur d’électricité ont été privés de courant le 25 septembre, soit 95 % des consommateurs de l’île. Du côté nord, les plages ont subi une érosion importante;
- Nouveau-Brunswick : plus de 30 M$. Le trajet de l’ouragan étant passé plus à l’est, la province a été épargnée, sauf pour les pannes de courant qui ont touché les villes les plus importantes (Saint-Jean, Moncton, Fredericton) et toute la péninsule acadienne. Les autres dommages aux immeubles ont été observés le long du détroit de Northumberland et près de la frontière avec la Nouvelle-Écosse;
- Québec : plus de 11 M$. Aux Îles-de-la-Madeleine, situées dans le golfe au nord de l’Île-du-Prince-Édouard, l’onde de tempête anormalement élevée a inondé de nombreuses propriétés et commerces. Le même phénomène a été observé dans certaines localités de la Gaspésie, en plus de l’érosion des berges;
- Terre-Neuve-et-Labrador : plus de 7 M$. Le sud-ouest de la portion insulaire de la province, de Burgeo à Port-aux-Basques, a été particulièrement frappé. Dans cette dernière municipalité, au moins une vingtaine de résidences sont parties à la mer et une personne a perdu la vie. Des familles comptant près de 200 personnes ont été évacuées le 24 septembre.