Si l’industrie manque encore de visibilité face à la catastrophe de Fort McMurray, certaines estimations font état de pertes assurées de l’ordre de 2 à 4 milliards de dollars (G$). Pour François Dagneau, premier vice-président chez Aon Benfield, les sommes assurées seraient plutôt comprises entre 10 et 15 G$.

« Les pertes assurées ne devraient pas atteindre cette somme, met toutefois en garde M. Dagneau. Ce montant, c’est dans la perspective où toutes les habitations ont été détruites par le feu. »

Aussi, si 1 maison sur 2 a brûlé, les pertes assurées pourraient être comprises entre 5 et 7,5 G$. Si l’incendie a touché 1 maison sur 10, les pertes pourraient, dans ce cas, se situer entre 1 et 1,5 G$. Une chose est sûre cependant, les pertes devraient dépasser celles liées à l’incendie de Slave Lake en 2011, qui avaient atteint 700 millions de dollars.

De nombreuses pertes annexes

« Le focus des assureurs aujourd’hui est de rejoindre leurs clients, explique François Dagneau. La situation est très mouvante, elle change en fonction du vent. Nous avons donc très peu de visibilité sur la taille du sinistre. »

Pour Greg McCutcheon, président de SCM Risk Management Services, il y aura de nombreuses pertes qui ne sont pas liées aux bâtiments comme les interruptions d’affaires ou les coûts liés au relogement des assurés. Autant de frais qui risquent de faire monter l’addition pour les assureurs.

L’industrie face aux changements climatiques

Par ailleurs, cette nouvelle catastrophe relance le débat sur les conséquences des changements climatiques pour l’industrie de l’assurance.  

« Il y a actuellement une réflexion de l’industrie de l’assurance en termes de changement climatique c’est certain, poursuit François Dagneau. S’agit-il du Niño, de la Niña? Une chose est sûre : c’est la deuxième fois en 5 ans qu’une catastrophe naturelle majeure touche l’Alberta. Ce n’est pas nouveau mais on constate une hausse des sinistres en Alberta depuis plusieurs années. »

Un bassin de primes insuffisant

Selon le vice-président d’Aon Benfield, le bassin de primes en résidentiel en Alberta ne peut pas assumer à lui seul les risques d’inondation ou de feux de forêt. « L’assurance des biens en Alberta est un vrai problème pour les assureurs en ce moment », résume-t-il.

Quant au marché de la réassurance, il ne devrait pas être affecté par la catastrophe de Fort McMurray.

« Le marché de la réassurance est un marché mondial, et le contexte mondial est très favorable depuis plusieurs années. Fort McMurray est un grave sinistre au niveau canadien, mais un petit sinistre au niveau mondial. En comparaison avec un ouragan en Floride, il s’agit d’un petit événement. »