Des spécialistes réunis par Morningstar affirment qu’il faut cesser de dire que les coefficients alpha et bêta sont les seuls indices auxquels se fier lorsque vient le temps de sélectionner les titres qui composeront les portefeuilles de vos clients. Il faut plutôt penser, notamment, en termes d’optimisation, de risque et de pertinence de la vision prospective, disent-ils.

« Il ne suffit plus de disposer de facteurs alpha [choix du gestionnaire de fonds] et bêta [répartition des actifs], fait remarquer Paul Kaplan, directeur de la recherche à Morningstar Canada. Aujourd’hui, la budgétisation des risques doit aller au-delà de ces considérations. »

Il signale que les gestionnaires de répartition des actifs doivent actuellement tenir compte de stratégies indicielles, aussi appelées « smart bêta », c’est-à-dire des indices et produits d’investissement toujours plus nombreux que l’on conçoit pour suivre leur évolution. Or, même dotés de ces outils, les gestionnaires doivent étudier d’autres éléments.

Quant aux facteurs alpha et bêta en tant que tels, aucun ne pèse plus que l’autre dans la balance, affirme M. Kaplan. Geoff Wilson, chef de l’équipe de répartition des actifs de Gestion de placements TD, explique qu’il est facile de se laisser distraire par des éléments comme le smart bêta. Or, il précise que les équipes de gestion des placements doivent garder en tête que leurs clients ont des préoccupations à longue échéance.

« On trouve beaucoup de valeurs sensibles tant aux actions qu’aux obligations, et celles-ci peuvent répondre à vos besoins à long terme, dit-il. On doit s’interroger à nouveau sur la nature desdits besoins et les meilleures façons d’y répondre. Il y a des moyens de s’interroger sur ce qui se passera à moyen terme, à condition de garder le cap sur le long terme. »

Combien de place pour le risque?

Michael Gates, directeur du groupe de stratégies multiactifs de la société américaine BlackRock, affirme que le risque associé à un portefeuille constitue l’une des plus grandes décisions qu’un gestionnaire de fonds doit prendre lorsqu’il sélectionne ses actifs.

Responsable des portefeuilles de BlackRock auprès des clientèles canadienne et américaine, il précise que les actifs choisis dirigent le choix de bon nombre de conseillers financiers. « L’une des pires situations que l’on puisse vivre, c’est d’avoir des épargnants qui pensent obtenir un plan A et qui se retrouvent en fait avec un plan B. Le conseiller prend une décision fiduciaire de toute première importance. »

Optimisation mathématique

M. Gates explique que, lorsqu’il détaille ses modèles financiers, il lui incombe de présenter un portefeuille clair, composé de fonds associés à un risque correspondant à celui auquel les clients pensent s’exposer. Il s’attarde particulièrement à l’importance du risque actif des titulaires de ses portefeuilles, en intégrant en outre les frais de gestion plus élevés qui vont généralement de pair avec le travail de gestionnaires actifs.

L’optimisation mathématique – qui consiste à décider de la proportion des actifs en vue d’obtenir le meilleur rendement proportionnel au risque – est aussi un outil essentiel dans la composition d’un portefeuille, mais il s’agit d’un processus dynamique, dit Geoff Wilson.

Les gestionnaires de fonds vont souvent passer beaucoup de temps à scruter l’avenir et à tenter de prévoir le comportement des marchés. Selon lui, certaines façons de faire réussiront mieux dans certaines circonstances que d’autres. Il mentionne à cet égard l’exemple des fonds à petite capitalisation, qui s’en sortent généralement mieux lorsque la demande en ressources naturelles est en hausse. Or, un gestionnaire doit garder à l‘esprit qu’il devra sabrer dans de tels titres si le vent tourne.

Michael Gates estime que l’optimisation est un véritable « casse-tête ». Il mentionne que, dans les faits, ce n’est pas l’outil par excellence auquel ses gestionnaires ont recours pour décider de la composition d’un portefeuille.

« Ceci dit, l’optimisation reste un bon outil qui aide à comprendre les rapports risque/rendement. Elle permet de mieux définir nos hypothèses. Il reste que, lorsque vient le moment de sélectionner les titres qui composeront vraiment un portefeuille, je pense que le jugement a encore un rôle que les épargnants accepteront de nous voir jouer. »

Si bon nombre de Canadiens préfèrent investir dans des titres de leur propre pays, il n’en demeure pas moins que l’indice composé S&P/TSX présente une forte pondération dans les secteurs des services financiers et de l’énergie, surtout quand on le compare à un indice très diversifié comme le S&P 500, soutient Geoff Wilson. Il est selon lui important que la composition générale d’un portefeuille tienne compte des besoins propres à chaque investisseur, mais il faut aussi garder à l’esprit que de plus en plus d’entreprises internationales ont aussi ce qu’il faut pour jouer un rôle positif dans un portefeuille.

Dans son étude des grands fonds américains de répartition des actifs, la société BlackRock a établi qu’ils comprennent en moyenne 80 % d’actions américaines, un nombre de loin supérieur aux quelque 50 % de l’indice MSCI mondial (tous pays), fait remarquer Michael Gates. Il affirme que beaucoup de conseillers financiers craignent de placer trop de fonds internationaux dans le portefeuille de leurs clients.

« Si l’on faisait fi de cette préférence pour les titres locaux, on pourrait penser que les gens rejettent certains portefeuilles pour des raisons fiscales. » Toutefois, M. Gates signale qu’il est possible d’investir à l’étranger en passant par certaines entreprises américaines qui deviennent « internationales » par définition, du fait qu’elles disposent de bureaux ou d’usines ailleurs qu’aux États-Unis.

La création de la valeur

Geoff Wilson reconnait que l’atteinte de la diversification par une stratégie géographique peut s’avérer ardue. Selon lui, les gestionnaires et les conseillers doivent se demander si une telle répartition des actifs présente du potentiel ou des risques – la création de la valeur devant être au cœur de toute démarche entourant un portefeuille.

Les conseillers qui s’apprêtent à adopter une pratique à honoraires constateront que la répartition des actifs compte énormément dans un portefeuille et devront se pencher sur tous les risques inhérents à une diversification à l’échelle mondiale, de même qu’aux origines de ces risques et des moments les plus appropriés pour mettre en place les stratégies correspondantes, affirme M. Gates.

De même, la répartition des actifs n’est pas une démarche qu’on n’entame qu’une seule fois, soutient Geoff Wilson. Sa firme s’intéresse aux façons dont la diversification peut être rentable être apte à aider les clients à atteindre leurs objectifs à long terme. Or, les exigences de chacun peuvent évoluer avec le temps, si bien que la répartition des actifs doit avant tout être une démarche dynamique – par exemple en permettant un rajustement de classes d’actifs à court terme.

Bon nombre des clients de Gestion de placements TD souhaitent que l’organisation améliore la gestion de ses portefeuilles en veillant presque autant à ce qu’ils prennent du mieux en marché haussier qu’à ce qu’ils soient moins touchés que les autres en marché baissier.

« C’est ce qu’ils nous ont toujours demandé, mais ils veulent que nous le fassions de façon encore plus serrée, et c’est d’ailleurs en ce sens que nous essayons d’orienter nos efforts. » Geoff Wilson souligne que les gestionnaires examinent maintenant les risques liés à la diversité accrue des horizons démographiques, surtout dans le cas des personnes retraitées, de même que les meilleures façons de traverser une période de ralentissement économique.

Malgré toutes ces considérations qui s‘ajoutent aux facteurs alpha et bêta, Paul Kaplan affirme que les pires risques auxquels les gestionnaires de fonds sont exposés sont ceux… auxquels ils n’ont encore jamais pensé!

« Connaitrons-nous une autre crise financière? L’inflation nous guette-t-elle? On peut se préparer à affronter bien des choses, mais on peut fort bien se retrouver sans aucune préparation devant une situation, tout simplement parce qu’on n’en a jamais prévu l’éventualité! »

 

 

Manuvie rehausse ses rentes

Manuvie a apporté des changements à ses produits de rente immédiate, le 1er janvier. L’assureur a du même coup mis fin à la commercialisation des rentes de Standard Life.

Manuvie a bonifié ses rentes. Le client peut souscrire une rente avec une option de cumul des couvertures. Cette option lui donne la possibilité de souscrire une rente auprès de Manufacturers et une autre auprès de Manuvie du Canada. Les clients bénéficient ainsi d’une protection d’Assuris distincte pour la rente de chacune des deux filiales de Manuvie.

Assuris protège les assurés en cas de faillite de leur assureur vie. Les autorités fédérales et provinciales exigent que chaque assureur vie autorisé à exercer ses activités au Canada devienne membre d’Assuris. La protection d’Assuris garantit à 100 % le revenu mensuel d’une rente jusqu’à un maximum de 2 000 $. Au-delà de ce seuil, elle protège 85 % du revenu mensuel de la rente.

Les conseillers de Manuvie ne peuvent plus vendre les rentes de Standard Life depuis le 1er janvier. Dans le cas des conseillers qui vendent des rentes d’indemnisation, hormis les changements occasionnés par le remplacement du nom de Standard Life par celui de Manuvie, ils pourront poursuivre leurs activités comme à l’habitude. (Alain Thériault)