Dans un rapport publié hier, l’OCDE, l’ONU Environnement et la Banque mondiale interpellent le monde de la finance. Ils implorent ses acteurs de jeter des bases dans leurs pratiques pour mener la guerre aux changements climatiques.

Le rapport Financing Climate Futures ; Rethinking Infrastructures révèle que seuls 9 des 180 pays signataires ont soumis leurs objectifs de réduction des gaz à effet de serre tel qu’ils l’ont promis il y a 3 ans lors de COP 21, la conférence qui a accouché de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.

Dépendance budgétaire aux énergies fossiles

Or, pendant ce temps, les gouvernements continuent de consacrer 500 millions de dollars par année pour subventionner le pétrole, le charbon et le gaz, font remarquer les trois organisations. Pire encore, plusieurs de ces pays n’ont pas mis fin à leur dépendance budgétaire à l’égard des recettes provenant des énergies fossiles, ajoutent-ils.

« Cette inertie risque de nous faire perdre la guerre contre le changement climatique », avance Angel Gurria, secrétaire général de l’OCDE. Il déplore la situation et appelle les gouvernements du monde à tenir les promesses faites à Paris il y a trois ans.

Six piliers, dont la finance

Pour remettre le train sur les rails, l’OCDE, l’ONU Environnement et la Banque Mondiale identifient six piliers. L’un d’eux est d’instituer des changements systémiques dans le monde financier pour favoriser la transition vers des investissements plus responsables envers l’environnement.

Des initiatives ont été mises en place, stipulent les trois organismes. L’intérêt est aussi grandissant pour investir dans des infrastructures durables, disent-ils. Malgré cela, les investisseurs manquent encore de connaissances, mais aussi de conviction, pour investir dans des projets à faible émission carbonique.

Un certain nombre d’obstacles incorporés à même les règles financières actuelles empêche d’allouer du financement à long terme aux projets d’investissements à faible empreinte environnementale, déplorent-ils. Ils suggèrent ainsi que les compagnies et les investisseurs promeuvent des pratiques de gestion de risque qui intègrent le danger que posent les changements climatiques.

Il importe donc selon eux que les considérations climatiques soient intégrées dans la règlementation du système financier pour en soutenir la stabilité. Plus encore, les gouvernements doivent mettre à la disposition des banques et des assureurs des scénarios d’analyse de risques climatiques. Pour les trois organismes, de tels scénarios pourraient aussi devenir des outils stratégiques pour établir leurs politiques.

Des exemples existent :

• En France, l’article 173 de la loi sur l’énergie a introduit des mesures qui obligent les gestionnaires de fonds et les caisses de retraite à divulguer le risque que pose le changement climatique.

• En Afrique du Sud, la loi sur les régimes de retraite demande à ce type d’investisseurs de considérer comment les facteurs environnementaux peuvent avoir un impact sur leur performance à long terme.

• Au Brésil, la Banque centrale a publié des lignes directrices pour promouvoir la responsabilité sociale et environnementale des institutions financières.