Malgré ses 30 ans, Info-Crime Montréal demeure un organisme méconnu. Pourtant, au fil de son existence, il a transmis plus de 100 000 signalements à la police.
2017 a été une année occupée pour Info-Crime Montréal. En plus de célébrer ses 30 ans, l’organisme sans but lucratif a aussi lancé sa première semaine Info-Crime. L’expérience sera répétée cette année, dans la semaine du 6 mai. Il a aussi tenu un banquet pour souligner ses 30 ans, qui a rassemblé 350 convives et qui lui a permis de rappeler quel était son grand enjeu : mobiliser pour protéger.
En entrevue au Journal de l’assurance, son PDG Jean Touchette a rappelé que l’idée de lancer Info-Crime Montréal ne vient pas de bien loin. Elle arrive des États-Unis, où les Crimes Stoppers étaient déjà bien implantés. Aussi, l’introduction de son numéro 514 393-1133 a été implantée à peu près en même temps que le 911 dans la région métropolitaine.
La mission d’Info-Crime Montréal demeure donc simple : colliger de l’information anonyme et confidentielle provenant du grand public, puis la transmettre à la police. Une personne qui transmet une information à Info-Crime Montréal ne peut être retrouvée et ne peut donc être appelée à aller témoigner au tribunal. Ces informations permettent à la police d’amorcer des enquêtes et d’en poursuivre d’autres, ce qui fait économiser des sous à tout le monde. « Plus vite un criminel est arrêté, plus ça allège le fardeau d’enquête », rappelle M. Touchette.
Indépendant du SPVM
L’organisme demeure totalement indépendant du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), même si ce dernier est le grand bénéficiaire de son travail. La force d’Info-Crime Montréal réside dans sa capacité de transmettre une information au bon service du SPVM, dit M. Touchette. Un vol de véhicules ne sera pas traité par la même unité d’enquête qu’un accident fatal ou un cas de prostitution.
On peut appeler Info-Crime Montréal 24 heures sur 24. De jour, des gens formés pour recueillir une telle information répondent aux appels du grand public. La nuit, ce sont des boites vocales qui prennent les appels. La différence est importante, souligne Aldo Arcaro, vice-président du conseil d’administration d’Info-Crime Montréal, aussi présent lors de l’entrevue. Certains ne veulent pas parler à une personne physique pour transmettre une information. « On répond aux deux besoins. Le but, c’est d’obtenir un signalement. »
Il est aussi maintenant possible de remplir un formulaire en ligne pour transmettre une information. Un des défis d’Info-Crime Montréal est d’obtenir un signalement le plus précis possible, dit M. Touchette.
« Si une voiture est impliquée dans un crime dont une personne a été témoin, savoir qu’elle est rouge ou bleue peut faire une grande différence. Les gens ne sont pas formés pour transmettre une information qui sera utile à la police. On doit y voir. »
Tout signalement est important
Les gens ne doivent pas hésiter à transmettre une information. C’est parfois en colligeant 20 informations différentes qu’un enquêteur réussira à dénouer un crime, rappelle M. Arcaro. « Ne sous-estimez jamais l’information que vous détenez, ajoute M. Touchette. Une information est un morceau de puzzle. Chaque pièce est importante pour résoudre le casse-tête. »
Info-Crime Montréal est aussi actif en prévention, notamment auprès des jeunes dans les écoles ou auprès des ainés, pour les sensibiliser aux crimes qu’ils pourraient subir, allant de l’arnaque par carte de crédit au hameçonnage téléphonique. Son programme le plus connu est Unité sans violence, où 1 500 jeunes en fin de primaire sont sensibilisés aux effets de la violence et de l’intimidation. Info-Crime Montréal chapeaute aussi le programme Un café avec un policier.
« Conscientiser les gens est un travail que nous n’arrêterons jamais. C’est pourquoi il faut davantage nous faire connaitre. Plusieurs personnes pensent que nous sommes intégrés à la police, alors que ce n’est pas le cas, même si on retrouve notre numéro de téléphone sur les voitures de patrouille. Il faut éduquer les gens. »
Les perceptions changent
M. Touchette souligne que les mentalités évoluent, ce qui facilite le travail de son organisme. À la fin des années 1980, les gens craignaient de faire un signalement, de peur de passer pour des stools. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, dit-il. Les gens ne tolèrent plus les crimes. L’émergence du mouvement #MeToo, visant les inconduites sexuelles, en est un bon exemple, dit-il.
Info-Crime Montréal offre aussi des récompenses aux gens fournissant à un signalement qui mène à la résolution d’un crime. La récompense peut atteindre 2 000 $. Toutefois, comme la dénonciation est anonyme, la personne qui veut obtenir une récompense se voit remettre un code. Elle doit vérifier périodiquement pour voir si son information a mené à quelque chose et ainsi toucher sa récompense.