Au lendemain des inondations qui ont frappé la Montérégie, la Fédération de l’industrie de la restauration après-sinistre (FIRAS) redoute que les sinistrés ne reconstruisent leur habitation trop tôt.C’est ce qu’a affirmé Mario Caetano, président de la FIRAS en entrevue au Journal de l’assurance. «Pour le moment, le sol est encore saturé d’eau. Si les travaux de reconstruction débutent trop tôt, l’eau pourrait rentrer dans le bâtiment», explique-t-il.

Selon Pierre Bégin, vice-président services administratifs et communications de Groupe Urgence Sinistre (GUS), il vaut mieux entreprendre les travaux de reconstruction dans cinq ou six mois. Donald Quirion, président de Groupe Solution Sinistre, dit avoir une autre inquiétude. Des travaux mal faits pourraient nuire à toute l’industrie, dit-il.

Mais ce ne sont pas les seules appréhensions des restaurateurs après-sinistre. La FIRAS dit aussi craindre que les sinistrés entreprennent eux-mêmes les travaux de restauration alors qu’ils ne sont pas en mesure de le faire. Ils pourraient ainsi s’exposer à de mauvaises surprises. À titre d’exemple, ce n’est pas parce qu’on ne voit aucune moisissure, qu’il n’y en a pas, dit M. Caetano. Cela peut être problématique à moyen terme, ajoute-t-il.

«Les sinistrés devraient faire affaire avec un restaurateur qui détient la formation et l’accréditation de l’Institute of Inspection Cleaning and Restoration Certification (IICRC), conseille le président de la FIRAS. Pour cela, ils peuvent se référer à notre site Internet. Une liste de professionnels y figure.»

La FIRAS a aussi élaboré un guide d’information destiné aux sinistrés. Il présente les neuf étapes à suivre pour effectuer les travaux dans une maison?: du retrait de l’eau à la reconstruction. L’organisme a aussi rencontré une centaine de sinistrés lors de réunions d’information qu’elle a initiées à Saint-Jean-sur Richelieu le 20 mai dernier.

Déjà au travail

Ce ne sont toutefois pas tous les sinistrés qui envisagent de restaurer leurs maisons eux-mêmes. Pour preuve, plusieurs restaurateurs après sinistre avaient été contactés début juin. Quelques-uns avaient déjà commencé les travaux de nettoyage. C’est le cas de Qualinet.

«Nous avons reçu un grand nombre d’appels. Ils nous viennent de personnes qui s’étaient inscrites sur notre liste d’attente. D’autres s’y inscrivent maintenant», affirme Olivier Dussault, directeur général de Qualinet Montréal. L’entreprise dit disposer de suffisamment de professionnels pour faire face à la demande.

Chez Groupe Urgence Sinistre, plusieurs chantiers avaient débuté début juin. L’entreprise avait reçu une centaine de demandes d’intervention. «Certains zones touchées se trouvent en pente et ont donc été libérées des eaux. C’est ce qui nous a permis de commencer les travaux.

Sans cela, ça aurait été impensable» explique Pierre Bégin. L’entreprise Phoenix Intervention après sinistre n’avait pas commencé de travaux. «Nous avons reçu moins de demandes que prévu», dit Daniel Pellerin, directeur général de l’entreprise.

Restaurateurs bienvenus

Aux dires des compagnies, les demandes proviennent de nombreuses communes sinistrées, notamment de Saint-Jean-sur-Richelieu, Saint-Paul-de-l’Ile-aux-Noix, Venise-en-Québec, Saint-Blaise.

Loin d’être perçus comme des opportunistes, les restaurateurs après-sinistre sont les bienvenus en Montérégie. «Les sinistrés nous attendent. Nous leur offrons une aide indispensable», indique M. Dussault. Ce dernier tient d’ailleurs à préciser que son entreprise ne se rend sur place que si elle a été appelée.