L’intelligence artificielle n’épargnera pas un pan de l’économie. L’Association canadienne du commerce des valeurs mobilières (ACCVM) a souhaité sensibiliser ses membres à cette réalité lors d’un Sommet FinTech tenu à Montréal jeudi dernier. Le Journal de l’assurance y a assisté.
L’ACCVM a réuni plusieurs experts de la finance pour discuter des enjeux que pose l’arrivée de l’intelligence artificielle dans l’industrie. Le même constat est revenu plusieurs fois : les institutions financières doivent s’adapter.
Un thème est souvent revenu lors de cette journée : la révolution numérique, aussi appelée la quatrième révolution industrielle, est inévitable. « Il vaut mieux être sur la vague que se faire ramasser par elle », a résumé Maxime Dumas, chercheur, innovations technologiques chez Croesus.
Un outil de conformité
La conformité s’est accrue en valeurs mobilières au cours des dernières années. L’intelligence artificielle pourrait servir d’outil de conformité.
Frank Barillaro, directeur général du Groupe Everton Carlisle, souligne que les régulateurs utilisent régulièrement l’intelligence artificielle pour analyser les données. « Depuis plusieurs années, ils recherchent une technologie qui peut faire parler les données. »
De plus, la technologie augmente grandement l’efficacité de détection et la surveillance des marchés. « Les régulateurs au Canada sont très au courant de ce qui se passe en innovation. Attendez-vous à avoir de plus en plus de questions de la part des régulateurs », a averti M. Barillaro.
Le défi des fintechs
L’Autorité des marchés financiers se tourne aussi vers les innovations et a annoncé souhaiter raffermir ses liens avec les intervenants-clés de l’écosystème Fintech québécois. Elle a créé un Lab Fintech et un groupe de travail interne dédiés aux fintechs. L’Autorité pilote aussi un « bac à sable » règlementaire, une initiative des ACVM.
Selon l’avocat chez Borden Ladner Gervais, Ryan Tomicic, la législation arrive très rapidement et les changements sont fréquents. « Avant de créer une Fintech, il faut connaitre la règlementation. Il faut aussi avoir une stratégie pivot pour s’adapter à tous changements de législations. »
Les cyberrisques au cœur des préoccupations
La révolution numérique entraine avec elle une augmentation des cyberrisques. Selon les experts, réunis par l’ACCVM, toutes entreprises devront y faire face un jour.
« Selon une étude de l’IDC qui date de 2018, 36 % des entreprises interrogées disent ne pas avoir confiance en leur capacité à réagir à une cyber attaque. Une carte de crédit sur le marché noir vaut environ 10 $. Le vol d’identité d’une personne jeune et en santé vaut beaucoup plus », indique le conseiller principal en sécurité IT au Mouvement Desjardins, Julien Hivon. Il ajoute que les attaques se font de différentes façons et qu’il existe même des cas de fraude où l’on se fait passer pour de faux courtiers.
Selon Béatrice Couture, la présidente de CyberEco, un organisme de cybersécurité crée par plusieurs entreprises en finance, 70 % des entreprises canadiennes ont déjà été victimes de cyberattaques et il est de la responsabilité des entreprises de veiller à la protection des clients. « Il n’y a pas de compétition en cybersécurité. Juste de la coopération. Pour avoir des investisseurs étrangers, il faut que l’économie du pays soit sécuritaire. Nous avons intérêt à travailler tous ensemble pour y arriver. »