Réunis dans le cadre d'une table ronde organisée par S&P Global Ratings à Monte-Carlo le 10 septembre dernier, des experts de la réassurance ont convenu que les ouragans Harvey et Irma sont plus susceptibles d'être des événements de gains (earnings events) que des événements de capital (capital events). Aussi, ces deux catastrophes devraient affecter les résultats des réassureurs pour l’année en cours, sans réduire pour autant leurs réserves de capital.

William Hawkins, analyste chez Keefe, Bruyette & Woods, a ainsi souligné qu'il s'attendait à ce que l'ouragan Harvey soit suffisant pour épuiser les budgets « catastrophes » de plusieurs grands réassureurs pour la deuxième moitié de l'année, mais sans que ce soit pire que cela.

Un impact sur la tarification des renouvellements

Signalant que le niveau d'incertitude entourant les pertes pour les deux événements demeure très élevé, M. Hawkins a toutefois tenu à préciser que la tarification des renouvellements sera vraisemblablement affectée. Pour David Flandro, responsable de l'analytique chez JLT Re, même son de cloche : les tempêtes sont plus susceptibles d'être des événements de gains que des événements de capital pour l'industrie.

Thomas Lillelund, PDG d’Aspen Re, a lui déclaré qu'il s'attendait à ce que les pertes de Harvey et Irma affectent les prix - certainement aux États-Unis et peut-être ailleurs. « Il reste une grande incertitude, mais je m'attends à une réaction de l'industrie, a-t-il déclaré, rappelant que les prix avaient plongé plus que prévu pour les renouvellements de juin.

Changer les perceptions des primes de risque

David Flandro a également noté que ces tempêtes feront en sorte que l'industrie réévalue sa capacité à modéliser ces événements, notamment les trajectoires inhabituelles comme celle que l'ouragan Harvey a prise.

« Je suis d'accord pour dire que l'industrie a le capital pour faire face à ces pertes, mais elles pourraient avoir pour effet de changer les perceptions des primes de risque et le comportement des dirigeants. Certaines entreprises n'auront pas une année formidable, mais beaucoup dépend encore des prochaines 24 heures », a expliqué M. Flandro.

« Là pour gérer l'incertitude »

Mike Krefta, PDG de Hiscox Re, a pour sa part déclaré qu'il était inutile de spéculer sur les pertes des ouragans à ce stade, ajoutant que les joueurs de l'industrie ne devraient pas oublier qu'ils sont là pour gérer l'incertitude et pour aider les clients dans leur période de besoin . « C'est ce que nous devons faire. Nous devons nous assurer de trouver des moyens d'aider activement le marché après ces événements et d'aider les clients à gérer les incertitudes à l'avenir »..

M. Krefta a déclaré qu'il existe des opportunités pour combler les écarts de protection, que ce soit en termes de capital humain ou de technologie. Ceux-ci représentent une formidable opportunité pour le marché, a-t-il expliqué.

« Il est toujours difficile quand des choses horribles se passent avec des catastrophes naturelles, mais les opportunités de combler l'écart de protection sont très réelles. Nous pouvons guider les gens dans ce processus, en veillant à ce qu'ils aient une assurance contre les inondations. Il existe d'énormes opportunités et nous devrions aborder ces problèmes. »