Sun Life Canada revoit sa stratégie au Québec. Isabelle Hudon a été promue à la fin d’octobre à des fonctions nationales. La destinée de Sun Life au Québec est confiée à Robert Dumas.Déterminé à reprendre le terrain perdu au Québec au fil des ans et à y développer davantage son image de marque, Kevin Dougherty, PDG de Financière Sun Life au Canada a créé la présidence au Québec en aout 2010. Il surprend alors l’industrie en y nommant la néophyte Isabelle Hudon.
Jouissant d’une image enviable après son passage à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Mme Hudon reconnait à l’époque sa faible connaissance du domaine. Elle comble cette lacune en rencontrant conseillers financiers et collègues, fréquemment et partout au Québec. Elle multiplie les nominations au siège de Montréal pour s’entourer d’experts. Le nombre de cadres supérieurs de Sun Life croît de 76 % au Québec durant sa présidence. Transfuge de Mercer, Robert Dumas compte parmi les figures dominantes qu’elle est allée chercher.
Orientation stratégique
Le 27 octobre, Isabelle Hudon devient chef de la direction de la Financière Sun Life Québec, et accède à des fonctions nationales pour la Financière Sun Life Canada en tant que vice-présidente principale, solutions clients. Robert Dumas lui succède à titre de président de la Financière Sun Life Québec. Dans sa fonction de chef de la direction, Isabelle Hudon remplit un rôle d’orientation stratégique et de conseil stratégique auprès du nouveau président, qui prend la tête de l’ensemble des activités de la Financière Sun Life au Québec.
M. Dumas occupait le titre de vice-président principal, produits collectifs, Québec, depuis son arrivée à Sun Life en 2012. Sa présidence l’amènera à étendre ses activités à l’ensemble des secteurs d’affaires de l’entreprise au Québec, notamment à celui des produits individuels.
Au cours des quatre dernières années, la Financière Sun Life a connu une croissance marquée au Québec, signale Kevin Dougherty. Les résultats obtenus par Mme Hudon et son équipe ont amené ce dernier à créer ce nouveau poste de chef de la direction pour appuyer sa croissance dans la province.
« Notre entreprise au Québec n’a jamais été aussi forte. C’est le bon moment pour Isabelle Hudon et Robert Dumas d’accéder à ces nouveaux postes et d’assumer des responsabilités accrues. Non seulement Isabelle et Robert poursuivront sur notre lancée au Québec, mais ils joueront un rôle important dans la croissance soutenue de nos affaires dans l’ensemble du pays », dit M. Dougherty.
Pour Mme Hudon, la présidence aura été l’occasion de souligner l’importance stratégique du Québec pour Sun Life. « Après un mandat de près de cinq ans à la tête de l’équipe, je confirme que le marché du Québec recèle un puissant potentiel, tant pour les assureurs en général que pour Sun Life. Nous avons fait des gains importants, et je suis extrêmement fière du chemin parcouru », a-t-elle déclaré lors d’une conférence téléphonique qui s’est déroulée le 16 octobre, et à laquelle a participé le Journal de l’assurance.
Les chiffres montrent aussi le succès du plan de la présidente sortante. De 2010 à 2013, les ventes d’assurance ont doublé et celles de gestion de patrimoine ont triplé au Québec, a révélé de son côté l’actuel président du Québec, aussi présent à la conférence.
De plus, 25 % des ménages clients de Sun Life proviennent maintenant du Québec alors qu’ils n’étaient que 19 % en 2010, a révélé Mme Hudon. Durant cette période, les effectifs de l’assureur ont augmenté de 10 % au Québec et le nombre de nouveaux conseillers financiers, de 15 %.
Un baromètre pour les femmes
Seule déception d’Isabelle Hudon durant sa présidence : ne pas avoir obtenu des résultats aussi probants qu’elle l’aurait souhaité en ce qui touche la prise en charge par les femmes de leur planification financière. Un de ses chevaux de bataille était d’ailleurs d’amener les femmes à investir de façon moins conservatrice pour mieux atteindre leurs objectifs de planification financière à la retraite.
Ce qui manque, c’est un baromètre pour mesurer périodiquement ce succès, et sur lequel tous s’entendent, dit-elle. « Nous n’avons pas nécessairement un seul indicateur de performance que l’on suit à chaque trimestre pour voir l’amélioration de la situation », dit-elle.
Mme Hudon se dit toutefois satisfaite de l’ouverture d’esprit dans l’industrie sur la nécessité d’amener les femmes à des stratégies d’investissement davantage axées sur la croissance. « Dans nos discussions, tant à l’externe qu’à l’interne, tous reconnaissent que les femmes doivent être approchées différemment en matière de planification financière. » Plusieurs concurrents souscrivent aussi à cette idée, observe-t-elle par ailleurs.
La solution pourrait passer par la force de vente, croit Robert Dumas. L’organisation recrute des femmes conseillères dans une proportion beaucoup plus grande, a-t-il signalé lors de la conférence. « En trois ans, la proportion des femmes recrutées dans la force de vente est passée de 20 % à 40 % », a-t-il précisé. « À partir du moment où le réseau de distribution peut compter sur une présence féminine accrue, on peut s’attendre à ce que la clientèle de Sun Life reflète cette présence accrue des femmes », dit M. Dumas.
Les deux nominations permettent aussi d’accroitre la représentation du Québec, qui compte maintenant quatre Québécois sur quinze au comité national de gestion de Financière Sun Life. « C’était important pour moi qu’il y ait de plus en plus de Québécois dans des rôles à l’échelle canadienne pour participer à la genèse des idées stratégiques », a confié Mme Hudon. Parmi les postes de direction assumés à Montréal, 40 % sont des postes d’influence à l’échelle canadienne de Sun Life, a-t-elle ajouté.
Elle a confié qu’elle consacrera davantage de temps à ses responsabilités nationales. Elle dit ne pas délaisser le Québec pour autant. Le duo qu’elle y forme avec Robert Dumas a d’ailleurs la commande de maximiser la contribution du Québec aux résultats canadiens de Sun Life.
M. Dumas a expliqué, de son côté, miser sur la présence d’Isabelle Hudon au Québec. « Je serai tributaire des opérations au Québec, mais aussitôt qu’il y a des discussions stratégiques, j’ai besoin de l’apport de deux autres personnes : Isabelle Hudon et Kevin Dougherty », a-t-il expliqué.
Influence nationale
Dans ses fonctions de vice-présidente principale des solutions clients, Isabelle Hudon dirigera depuis Montréal ce secteur qui regroupe plus de 500 employés au Canada, répartis dans des centres situés à Toronto, Waterloo et Montréal. Elle succède à Chris Denys, nommé premier directeur financier pour Financière Sun Life au Canada.
Destiné entre autres à élargir les relations avec les clients des secteurs des régimes de retraite, de l’assurance collective et des produits individuels, le secteur des solutions clients est en croissance. Il a compté pour 18 % de la valeur des nouvelles affaires réalisées par Sun Life en 2013. Après les trois premiers trimestres de 2014, cette proportion est passée à 21 %, a révélé Mme Hudon. « Je suis très fière d’accéder à des responsabilités canadiennes sans pour autant quitter ma passion, soit le [développement au] Québec », a résumé la dirigeante.
Elle désire accroitre l’importance du secteur des solutions clients dans la province, où il compte aujourd’hui moins de 100 employés, au bureau de Montréal. « On a démontré ces dernières années notre capacité à attirer du talent de calibre à Montréal. Cela fait partie de la stratégie Québec d’accroitre cette équipe. Je ne peux toutefois vous confirmer d’objectif précis aujourd’hui », a répondu Mme Hudon.
M. Dumas a, pour sa part, tenu à souligner que le secteur des solutions clients est le seul des cinq secteurs d’activités de Sun Life au Canada qui soit dirigé par une personne basée à Montréal. Il le perçoit aussi comme la clé pour un mariage des activités collectives et individuelles qui donne de la croissance.