Les régimes de retraite ont poursuivi leur ascension entamée au cours des derniers trimestres, indiquent Mercer Canada et Aon dans leur rapport respectif suivant la clôture du premier trimestre 2021, le 31 mars dernier.

Les régimes de retraite canadiens à prestations déterminées ont atteint des niveaux de capitalisation record, révèle Mercer. Son indice de santé financière qui établit le ratio de solvabilité d’un régime de retraite à prestation déterminée, est passée de 114 % à la fin de 2020 à 124 % lors du premier trimestre de 2021, son plus haut niveau depuis sa création en 1999.

Ces niveaux de capitalisation pourraient toutefois être éphémères, dépendamment de la trajectoire des taux d’intérêt, des prévisions d’inflation et du rendement des marchés boursiers, indique la firme.

Le ratio de solvabilité médian de Mercer a aussi montré une amélioration en comparaison avec le trimestre précédent. Il est passé de 96 % au 31 décembre à 104 % au 31 mars 2021.

« L’accélération des campagnes de vaccination a renforcé la confiance dans la reprise économique. Cette confiance a fait augmenter les rendements au cours du trimestre, tandis que les actions ont également continué à bien se comporter. Ces deux facteurs ont entrainé une augmentation des ratios de capitalisation », dit Claude Lockhead, associé exécutif des solutions pour la retraite chez Aon.

Un premier trimestre différent

Le premier trimestre de 2021 n’a rien à voir avec le 1er trimestre de 2020. Il s’est montré « excellent pour les régimes de retraite à prestation déterminée », dit F. Hubert Tremblay, conseiller principal du domaine Avoirs de Mercer, contrairement à l’exercice de 2020 qui s’est conclu en pleine dégringolade des marchés. « Personne n’aurait pu prédire que les niveaux de capitalisation atteindraient des sommets inégalés un an plus tard. », ajoute-t-il.

Combiné à une forte augmentation des rendements pour toutes les échéances, le rendement des obligations à 30 ans a atteint son niveau le plus élevé des deux dernières années, dit Erwan Pirou, directeur des placements, solutions pour la retraite, pour Aon au Canada. Une condition « favorable pour la santé financière des régimes de retraite ».

L’influence des taux d’intérêt

La majorité des régimes au Canada sont encore exposés au risque des taux d’intérêt.

Les taux d’intérêt sont notamment responsables de l’augmentation du ratio de capitalisation. Leur croissance a été plus importante que la réduction de la valeur des actifs ce qui a contribué à la diminution du passif des régimes de retraite, explique Mercer dans son rapport trimestriel.

La combinaison entre l’augmentation du rendement des obligations à long terme du gouvernement fédéral et la diminution des écarts de crédit a entrainé une augmentation des taux d’intérêt utilisés pour évaluer les engagements des régimes de retraite, passant de 2,34 % à 3,06 %, indique Aon dans le sien.

L’envers de la médaille

De nombreux régimes de retraite ont obtenu des rendements négatifs au premier trimestre. Une négativité découlant de la hausse des taux des obligations à long terme ayant fait un bond durant le trimestre et de l’amélioration des niveaux de capitalisation des régimes. Ils ont été largement contrebalancés par la diminution du passif actuariel.

Le taux des placements à revenu fixe demeure bas malgré les hausses du premier trimestre. Les actifs des régimes de retraite ont perdu ainsi 2,3 % de leur valeur au premier trimestre en raison des rendements négatifs des actifs à revenu fixe, partiellement compensés par le bon rendement des marchés boursiers, souligne Aon.

Une pondération marquée des actifs de croissance les rendra plus sensibles à la volatilité des marchés. Le défi sera donc de trouver l’équilibre voulu entre les objectifs des promoteurs de régime et ceux des participants aux régimes. Des taux de cotisation réalistes, des caractéristiques de partage des risques, une forte diversification des catégories d’actifs et des régions géographiques, et une sélection rigoureuse des gestionnaires de placements ne revêtiront désormais que plus d’importance, croit Mercer.

Les hausses des prévisions inflationnistes et, plus particulièrement, des taux d’intérêt pourraient, à elles seules, entraver la reprise économique, les bénéfices des sociétés, les rendements boursiers et la capacité des gouvernements, des sociétés et des personnes à rembourser leurs dettes. 

Rester optimiste

Il y a tout lieu d’être optimiste à l’égard des niveaux de capitalisation des régimes de retraite à prestation déterminée pour le reste de l’année, dit F. Hubert Tremblay.

Les campagnes de vaccination massive contre la COVID-19, la réouverture de l’économie mondiale et les mesures de relance de l’économie sont encourageantes pour la suite des choses, estime-t-il.

Bien que les risques soient encore présents avec l’émergence de nouveaux variants la hausse de la dette publique, les craintes entourant l’inflation et les taux d’intérêt et les tensions géopolitiques, le deuxième trimestre sera un test pour la reprise économique, ajoute Claude Lockhead.