L’année 2007 s’est soldée sur des notes positives pour les assureurs de personnes au Canada. Le marché a montré de la croissance, les primes étaient en hausse entre autres grâce aux ventes de fonds distincts, et les assureurs ont résisté à la crise des subprimes. Autre constat : la concentration s’est atténuée légèrement.
En 2007, le volume des primes des assureurs vie canadiens a connu une croissance de 5,7 % comparativement à une progression de 3,5 % en 2006. De leur côté, les assureurs vie québécois ont aussi affiché une hausse de 5,7 % en 2007 comparativement à 3,2 % en 2006.
Les ventes de fonds distincts ont grandement contribué à l’augmentation des revenus. Selon le plus récent rapport d’A.M. Best, les ventes de fonds distincts – plus particulièrement pour les particuliers – ont bénéficié d’une croissance de 12 % en 2007. L’agence de notation croit que les ventes de produits visant à protéger le revenu à la retraite présente encore un meilleur potentiel de croissance que l’assurance vie.
Les produits à garantie de retrait minimum – tels les RevenuPlus, SunWise Elite Plus, Helios et Ecoflextra – permettent aux consommateurs de toucher une rente minimum et leur offrent un potentiel de croissance selon l’évolution des marchés boursiers.
« Contrairement à l’assurance vie, où le consommateur s’inquiète à l’idée de mourir trop tôt, celui-ci est maintenant tracassé par le fait de survivre à ses revenus de placement », dit A.M. Best. Les Canadiens à la veille de la retraite vivront plus vieux que leurs parents et doivent prévoir suffisamment d’actifs qui procureront un revenu constant jusqu’au décès.
Le boom des ventes des produits de garanties de retrait minimum encourage certains assureurs vie à suivre le mouvement et à offrir cette option aux consommateurs. C’est le cas d’Empire Vie et de SSQ Investissement et retraite, qui ont récemment annoncé le lancement de leur produit. Outre l’engouement pour les rentes variables, la solidité financière de l’industrie de l’assurance vie demeure stable au pays malgré le tumulte économique mondial, causé par l’éclatement de la bulle immobilière aux États-Unis en août 2007.
« Les marchés hypothécaires canadiens n’ont pas été éprouvés par l’effondrement des subprimes », affirme A.M. Best et ajoute que les assureurs vie sont bien positionnés pour gérer la volatilité des marchés mondiaux grâce à leur faible exposition dans les classes d’actifs en souffrance. Selon la firme, les compagnies d’assurance continuent d’investir dans des obligations de grande qualité (62 % des actifs du portefeuille) dont une grande proportion inclut des titres émis par les gouvernements fédéral et provinciaux. Quant aux prêts hypothécaires, qui occupaient 17 % du portefeuille en 2007, ils ne sont que faiblement liés aux subprimes.
La concentration s’atténue
La concentration du marché de l’assurance vie s’est effritée depuis 2005. Elle était alors à 86,9 %, elle a affiché 86,3 % en 2006 et a diminué à 86 % en 2007. C’est ce que montre la compilation annuelle du Journal de l’assurance sur les parts de marché des dix principaux joueurs au Canada. Le classement tient compte des sociétés de portefeuille d’assurances (holding). En 2007, ces leaders ont donc empoché 34,3 milliards de dollars (G$) des 39,8 G$ récoltés par l’industrie.
Quelques changements de position sont à noter dans le top 10 des assureurs vie canadiens. D’abord, Groupe AIG fait son entrée au classement en 10e position et prend ainsi la place qu’occupait Empire Vie. Groupe AIG, qui inclut AIG Vie du Canada et AIG Assurance Canada, a connu la plus forte croissance parmi les dix géants de l’assurance de personnes. En 2007, la hausse du volume de primes atteignait 37,2 % par rapport à l’année précédente, passant de 593 millions de dollars (M$) à 814 M$. Quant à Empire Vie, elle n’a pas pu conserver sa place malgré une croissance de 5,5 %.
Ensuite, l’Industrielle Alliance se hisse de la 5e à la 4e place grâce à l’augmentation de ses revenus de primes qui sont passés de 2,5 G$ à 2,8 G$ entre 2006 et 2007, soit 11,6 %. L’avancée de l’Industrielle Alliance au plan des parts de marché se fait au détriment de Desjardins sécurité financière qui affiche tout de même une croissance de 5,5 %. Le seul assureur du classement à subir une baisse de primes est Standard Life qui voit ses revenus baisser de 1,6 G$ à 1,4 G$, soit une baisse de 10,6 %.
De leur côté, les trois mastodontes de l’industrie – Great-West, Manuvie et Sun Life – occupaient 58,6 % du marché canadien en 2007, ce qui est sensiblement la même part que l’an dernier. Le trio réussit à conserver ses acquis sans gruger de nouvelles parts, même si le total de primes encaissées est passé de 22,2 G$ à 23,3 G$ entre 2006 et 2007, soit une croissance de 5,3 %. Avec une hausse des revenus, mais une part de marché au neutre, le trio des géants fait face à une compétition plus féroce.
A.M. Best affirme que les assureurs vie de taille moyenne ont continué d’afficher de bons résultats malgré la dominance du trio. « Les compagnies de taille moyenne comptent sur l’innovation de leur gamme de produits et la qualité du service à la clientèle pour poursuivre leur croissance. Ces stratégies s’appliquent particulièrement dans les segments délaissés par les plus gros joueurs à cause de la consolidation », fait observer la firme d’analyse.
Hors du top 10 canadien, ce sont Assurant Solutions et AXA Assurances qui profitent de la plus forte croissance du volume de primes. Leur hausse respective est de 36,9 % et de 29 %.
Dans le top 10 québécois, c’est le Groupe La Capitale qui attire l’attention. Cette société de portefeuille, qui regroupe La Capitale assureur de l’administration publique, La Capitale assurances et gestion du patrimoine et Penncorp, a augmenté son volume de primes de 383 M$ à 483 M$ entre 2006 et 2007, soit une hausse de 26,1 %. Ce faisant, La Capitale gravit un échelon au classement pour atteindre la 7e position. L’assureur prend ainsi la place de Standard Life qui se retrouve en 8e place.
Pour sa part, Groupe AIG ne fait pas partie du top 10 au Québec, mais il bénéficie d’une explosion de ses ventes. Son volume de primes a connu une progression passant de 92,6 M$ à 154,3 M$ entre 2006 et 2007, soit 66,6 %. Pour la même période, deux autres joueurs s’imposent au Québec. Il s’agit de Croix Bleue Vie du Canada, dont les primes sont passées de 29,9 M$ à 44,2 M$, une hausse de 47,8 %, et de Assurant Solutions, dont les primes passent de 40,3 M$ à 50,8 M$, une hausse de 25,9 %.
L’année 2008 pourrait ne pas afficher d’aussi bons résultats pour les assureurs, prévient A.M. Best. « Cette année, l’industrie se retrouve sur un chemin cahoteux alors que les marchés financiers mondiaux font face à une forte volatilité, un haut taux d’inflation, des taux d’intérêts bas et une faible confiance des consommateurs », souligne son rapport.