Les ventes de nouvelles primes d’assurance vie individuelle au Canada ont reculé de 49 % au premier trimestre de 2018, par rapport aux ventes inhabituellement élevées du premier trimestre de 2017. Ce quatrième trimestre négatif d’affilée devrait être le dernier.

C’est ce que prévoit la firme de recherche LIMRA, qui compile chaque trimestre les données de ventes d’une vingtaine d’assureurs au Canada. « Nous nous attendons à ce que l’effet des nouvelles règles fiscales s’évanouisse au cours du prochain trimestre », a révélé au Journal de l’assurance Catherine Theroux, vice-présidente adjointe et directrice des relations publiques.

Le premier trimestre de 2018 pouvait difficilement être positif, avec des primes de 284 millions de dollars (M $). « Le début de 2018 a été marqué par un déclin en rapport avec un premier trimestre aux résultats inhabituellement élevés l’an passé, particulièrement à l’endroit des produits permanentes », a souligné l’auteur des rapports trimestriels de LIMRA, Matthew Rubino.

Les ventes du premier trimestre de 2017 s’étaient établies à 553 M $ de nouvelles primes. Il s’agit d’un bond inhabituel, causé par le délai de grâce accordé aux conseillers pour livrer jusqu’au 31 mars 2017 les polices acceptées tard en décembre 2016 par les assureurs.

Elles avaient été de 291 M $ lors du premier trimestre de 2015, une année qui n’avait pas encore été teintée par l’avènement des nouvelles règles fiscales. Les choses ont commencé à changer en 2016 : les conseillers ont anticipé l’impact de ces règles sur leur client à valeur nette élevée. Plusieurs ont devancé des transactions prévues en 2017.

Assurance permanente en jeu

Comme l’a signalé M. Rubino, les produits permanents figurent pour l’essentiel du recul des ventes au premier trimestre de 2018 : 60 % en vie entière et 43 % en vie universelle, en comparaison du premier trimestre de 2017. Les ventes de nouvelles primes n’ont fléchi que de 10 % en assurance temporaire durant cette période. Il faut préciser que les nouvelles règles fiscales n’ont pas eu d’effet sur les ventes d’assurance temporaire, ni en 2016 ni lors du premier trimestre de 2017.

En termes de primes, les ventes d’assurance vie entière ont compté pour 52 % des ventes du premier trimestre de 2018, avec 147,2 M $. Ce produit a compté pour 41 508 des 156 993 polices vendues lors de ce trimestre, soit 27 %.

L’assurance temporaire a compté pour 28 % des ventes du premier trimestre de 2018 en termes de primes, avec 81,3 M $. Le tout correspond à 90 017 des polices vendues à ce trimestre, soit 57 % du total vendu en nombres absolus.

Les primes d’assurance vie universelle ont compté pour 20 % des ventes totales du premier trimestre de 2018, avec 55,7 M $, soit 16 % des polices totales vendues, ce qui correspond à 25 468 polices.

L’ensemble des polices d’assurance vie individuelle vendues au premier trimestre de 2018 totalisent une couverture d’assurance de 57,7 milliards de dollars (G $). L’assurance temporaire représente 75 % de cette couverture, soit 43,5 G $. L’assurance vie entière en représente 13 % avec 7,2 G $ et l’assurance vie universelle 12 %, avec 7,0 G $.

La couverture d’assurance moyenne par police s’établit à 367 259 $, tirée vers le haut par l’assurance temporaire.

Le réseau captif reprend le dessus

Le réseau des agents exclusifs avait le plus écopé des reculs enregistrés aux trois derniers trimestres de 2017. La situation s’est renversée au premier trimestre de 2018. Alors que le réseau indépendant a vu ses ventes chuter de 53 % en termes de primes, le réseau captif a limité les dégâts à un recul de 27 %.

Les ventes du réseau exclusif en termes de primes avaient battu en retraite pour tous les produits, aux trois derniers trimestres de 2017. Au premier trimestre de 2018, ce réseau s’est repris en réalisant une croissance de 7 % de ses ventes d’assurance vie universelle. En comparaison, le réseau indépendant a vu ses ventes d’assurance vie universelle reculer de 48 %.

En vie entière, les ventes du réseau exclusif ont reculé de 38 % en termes de primes au premier trimestre de 2018, comparativement à celles du réseau indépendant, qui ont reculé de 63 %.

Seules les ventes d’assurance temporaire ont davantage souri au réseau indépendant : le recul de leurs primes a atteint 9 % pour ce produit au premier trimestre de 2018, contre un déclin de 15 % du côté des agents exclusifs.

Les conseillers indépendants écopent

Ce sont les ventes réalisées par les conseillers indépendants qui ont le plus souffert au premier trimestre de 2018. En termes de primes, elles ont reculé de 75 % par rapport au premier trimestre de 2017.

Le réseau des comptes nationaux, présent au sein des courtiers en valeurs mobilières, a connu la deuxième plus importante contreperformance, avec un recul de leurs primes de 56 % durant cette période de comparaison.

Le réseau des agents généraux a pour sa part réalisé au premier trimestre 2018 des ventes inférieures de 43 % à celles du premier trimestre de 2017, en termes de primes.

Dans l’ensemble, le réseau indépendant a compté pour 78 % des primes vendues au premier trimestre de 2018, et le réseau exclusif pour 22 %.

Au sein du réseau indépendant, les ventes en termes de primes se sont départagées entre 53 % pour la vie entière, 25 % pour l’assurance temporaire et 22 % pour l’assurance vie universelle.

Au sein du réseau exclusif, les ventes en termes de primes se sont départagées entre 50 % pour la vie entière, 35 % pour l’assurance temporaire et 15 % pour l’assurance vie universelle.