Pour AXA et ING, la limite de propriété d’un cabinet de 20 % demeure une caractéristique importante du marché québécois. Même si elle fait couler beaucoup d’encre, cette limite devrait encore être présente à moyen terme.« Les règles du jeu sont en place. Ça prend un débat là-dessus. La règle de 20% protège les courtiers. C’est une question de tous les instants. C’est une caractéristique québécoise importante dans tous les modèles d’affaires. À moyen terme, elle sera encore là. On n’a pas à s’en préoccuper pour le moment », estime Louis Gagnon.

Même son de cloche chez Bernard Boiteau. « Que la limite de propriété soit à 20, 40 ou 50% ne fait pas vraiment une différence, estime-t-il. Le plus important là-dedans, c’est la concentration des volumes. Ça se fait avec des gens dont tu es un partenaire financier. Nous sommes actionnaires chez 31 courtiers. On travaille à les faire grandir chez nous, chez eux et à faire en sorte qu’ils aient des outils pour se développer. »

M. Boiteau mentionne cependant que le but d’un investissement dans un courtier partenaire n’est pas de garnir le compte en banque du cabinet. « S’il grandit, je grandis. Nous avons protégé ce qu’on avait, on travaille maintenant à le faire progresser. Nous n’avons pas d’autres objectifs là-dedans. Notre but est de ne pas laisser partir de bureaux de courtage quand on sait que ces gens-là ont besoin d’être aidés dans leur croissance, dans un contexte où ils sont loyaux et que ce sont des partenaires financiers. C’est aussi encourageant de voir des cabinets de courtage monter une équipe de vente avec cet argent », dit-il.

De son côté, Louis Gagnon convient qu’il y a beaucoup de concentration. Il ajoute cependant que les courtiers utilisent beaucoup les marchés alternatifs et secondaires. « De la concentration à 100 %, il n’y en a pas beaucoup. Tout assureur ou industrie d’affaires doit protéger ses intérêts. On doit faire des choses pour s’assurer que ses intérêts soient protégés. Il y a des discussions et des choses qui se font, mais il est exagéré de dire qu’on achète le réseau. On veut s’assurer que les cabinets de courtage aient de la relève et que ces bureaux ne tombent pas morts », indique-t-il.

M. Gagnon mentionne d’ailleurs que la relève est un élément qu’il ne faut pas perdre de vue. Il souligne que le courtage doit se donner les moyens d’attirer des gens. Bernard Boiteau dit aussi croire que le réseau s’y prend de la bonne façon pour attirer de la main d’œuvre avec la Coalition pour la promotion des professions en assurance de dommages. Il se demande néanmoins si tous les bureaux de courtage y participent activement.

« Il y a des bureaux de courtage qui n’ont pas songé ou pris de dispositions pour pallier ce qui s’en vient. Environ 32 % de mon personnel ne sera plus là dans deux ans. Si c’est le cas chez nous, ça doit ressembler à ça dans le réseau de courtage », estime M. Boiteau.