La maladie de Lyme gagne du terrain dans la province. Avec 451 des 650 cas diagnostiqués en 2021, l’Estrie demeure, et de loin, le foyer principal au Québec, mais la maladie est maintenant répandue en Montérégie, dans Lanaudière, la Mauricie–Centre-du-Québec, Montréal, l’Outaouais, Laval, Laurentides, la Capitale-Nationale, Chaudière-Appalaches et elle poursuit sa progression. Les distances ne l’arrêtent pas : les secteurs de Jonquière, Saguenay et du Fjord plus au nord sont maintenant jugés à risque. En 2021, le Bas-St-Laurent et la Gaspésie-Iles-de-la-Madeleine ont rapporté leur premier cas localement.
En 2021, l’Estrie rapportait près de 70 % de l’ensemble des cas provinciaux et un taux d’incidence standardisé 10 fois plus élevé que le taux de la province. La majorité des cas (91 %) acquis dans cette région sont survenus dans les deux territoires de la Pommeraie et de la Haute-Yamaska.
Bien que la tique « du chevreuil » ou « à pattes noires » qui peut transmettre la maladie de Lyme aux animaux et aux humains au Québec soit surtout présente dans les forêts de feuillus, les herbes hautes ou des broussailles, la maladie peut être contractée dans de nombreuses régions urbaines. Pas moins de 230 villes et localités figurent dans la Liste des municipalités à risque dressée par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) en juin 2022. Dans de grands centres urbains comme Drummondville, Dorval, Laval, Gatineau, Laval, Boucherville et Longueuil, le niveau de risque était jugé significatif en 2021 et la maladie jugée endémique dans plusieurs territoires, dont Bromont, Cowansville, Granby et Magog.
Même dans une ville de béton et d’asphalte comme Montréal, les résidents ne sont pas à l’abri de la maladie ; le danger est présent dans plusieurs quartiers importants et villes de l’ouest de l’île.
Endémique dans plusieurs États et provinces
Décrite pour la première fois en 1977 dans la ville de Lyme (d’où elle tire son nom), au Connecticut, la maladie de Lyme est aujourd’hui endémique dans plusieurs États américains du nord-est, dont le Maine, le Vermont et le New-Hampshire, et du centre-nord. Des centaines de milliers de cas sont diagnostiqués chaque année aux États-Unis, ce qui a amené des élus à se demander si la maladie ne serait pas due à des expériences militaires qui ont mal tourné, avait rapporté le quotidien The Guardian en 2019. De nombreux Québécois qui en sont atteints l’ont contractée lors d’un séjour aux États-Unis.
Dans sa migration vers le nord, elle s’est répandue dans plusieurs provinces canadiennes, le Québec et l’Ontario, à l’est au Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse et dans l’ouest, le sud et le centre du Manitoba et le sud de la Colombie-britannique. Des variétés de tiques pouvant transmettre la maladie de Lyme se retrouvent aussi en Europe, en Asie et en Afrique du Nord, ce qui cause des risques pour les voyageurs de la rapporter de l’étranger,
Symptômes de la maladie
L’INSPQ estime que le risque global de contracter la maladie de Lyme après une piqûre de tique à pattes noires se situe à 1-3 % dans les zones à haut risque où 12 à 50 % des tiques sont infectées. Le risque de transmission s’accroît notamment avec la durée de l’attachement de la tique, d’où l’importance de la retirer dès que possible au moyen d’une pince pour éviter que le dard ne demeure dans la chair.
Les premiers symptômes de la maladie de Lyme, indique l’INSPQ, apparaissent généralement entre 3 et 30 jours après la piqûre d’une tique infectée et se développent par étapes. Le signe le plus fréquemment rapporté est une rougeur habituellement indolore qui apparait quelques jours après la piqûre et qui s’étend progressivement. Des symptômes tardifs peuvent survenir des mois après la morsure, souligne Santé Canada.
Dans la plupart des cas, l’infection peut être efficacement traitée par des antibiotiques entre 2 et 4 semaines. Toutefois, si la victime n’est pas diagnostiquée et traitée dans les délais, des complications articulaires, cardiaques ou neurologiques sévères peuvent se développer, pouvant aller à des pertes de mémoire, une inflammation du cerveau ou un affaissement d’un côté du visage, voire la mort dans quelques cas très rares.
Partout où elle se propage, elle devient un risque pour la santé publique. Méconnue de nombreux médecins, la maladie soulevait un grave problème de diagnostic et de traitements pour les Québécois qui en vivaient avec les séquelles les plus graves. Il a fallu des années avant que le ministère de la Santé ne développe un plan d’intervention clinique musclé. Le ministre Christian Dubé a annoncé il y a quelques semaines que les cliniques qui seront mises sur pied pour la COVID-19 longue vont aussi traiter les cas de la maladie de Lyme.
Les hommes plus à risque que les femmes
Au Québec, la progression de la maladie est constante : 125 cas avaient été confirmés en 2014, 329 en 2017, 500 en 2019 et 709 en 2021. De ces 709 cas l’an dernier, 650 ont été acquis au Québec et 59 hors Québec, précise l’INSPQ.
Parmi les 650 cas, 56 % étaient des hommes, qui présentent un risque 1,3 fois plus élevé que les femmes. Les moins de 10 ans forment 10 % de l’ensemble des cas et les 60-69, 22 %, les 10-29 ans semblent les moins touchés par la maladie.
Plus facilement reconnue comme maladie professionnelle
La maladie de Lyme a toujours été reconnue comme une maladie professionnelle au Québec. L’adoption de la Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail à l’automne 2021 a facilité encore plus sa reconnaissance chez les travailleurs atteints. Le diagnostic de maladie professionnelle de la maladie de Lyme n’est pas réservé à certains emplois à risque d’exposition aux tiques, comme les bûcherons, techniciens forestiers ou agriculteurs. Tout travailleur qui est entré en contact avec la bactérie borrelia burgdorferi et qui contracte la maladie de Lyme peut déposer sa réclamation auprès de la CNESST.