Avec la montée des couts de la portion médicaments de l’assurance collective, un nombre croissant d’entreprises songent à prendre elles-mêmes leur régime en charge.

« Pourquoi prendre son régime en charge ? Des employeurs réalisent que les couts de l’assurance collective ont beaucoup augmenté dans les dernières années. L’intérêt de prendre son régime en charge vient du fait que ces couts représentent pour l’employeur une part très importante de la rémunération globale. La part que paie l’employé devient elle aussi de plus en plus dispendieuse, sous l’inflation des couts d’assurance collective », a lancé Stella-Ann Ménard, actuaire et conseillère principale chez PBI Conseillers en actuariat, lors d’une présentation au colloque d’assurance collective organisé par la firme Segic, le 27 septembre, à Montréal.

Accès à toutes les données

L’avantage pour l’employeur de s’autoassurer est d’avoir accès à toutes les données du groupe, de pouvoir les analyser et de déceler des pistes qui lui permettront d’économiser. « L’autoassurance peut contribuer à réduire les couts. C’est le preneur qui est propriétaire de l’expérience du régime », dit Mme Ménard.

Selon elle, chaque participant d’un régime peut facilement représenter un cout de 2 500 $ à 3 000 $. La prise en charge d’un régime exige de bien cerner les couts. Selon ses observations, la répartition moyenne des couts au sein d’un groupe qui offre les garanties santé, invalidité et dentaire verra 65 % de la prime aller à la garantie maladie et dentaire. Les médicaments seuls représenteront à peu près 40 % de la prime.

Pour mieux évaluer la tendance du cout des médicaments au sein d’un régime, Mme Ménard invite à analyser l’augmentation du prix des ordonnances. L’augmentation régulière des prix des médicaments existants y participe, mais aussi les pratiques des différents intervenants dans le marché, l’émergence de nouveaux médicaments, l’expiration des brevets et l’environnement législatif.

L’utilisation des médicaments

L’utilisation des médicaments doit aussi se retrouver sous la loupe du preneur. « Souvent, l’utilisation des médicaments est aussi présente que la hausse de leur prix dans la tendance des couts d’un régime », observe Mme Ménard.

L’âge devient un vecteur important dans l’analyse de l’utilisation des médicaments, ajoute-t-elle. « Lorsqu’un participant avance en âge, on aura normalement un peu plus de réclamations en moyenne. »

L’utilisation des médicaments pourrait aussi changer en fonction de nouvelles thérapies, ou l’accès accru à l’information, selon l’actuaire. « Plus les gens entendent parler d’un nouveau traitement, plus ils se renseignent auprès de leur médecin à savoir s’ils peuvent le suivre. Tous ces facteurs pourront changer le profil des réclamations. L’adhérence au traitement est aussi une donnée importante. »

De plus, 15 % des réclamations échapperont en grande partie au contrôle du preneur de régimes. Il s’agit des médicaments couteux et d’exception, précise Mme Ménard. En revanche il pourra avoir plus d’emprise sur les 85 % qu’elle qualifie d’autres réclamations.

« Sans aller jusqu’à abaisser leurs couts à zéro, on a une chance d’optimiser, en analysant les résultats par médicaments unique, novateur ou générique. Est-ce qu’il y a beaucoup de médicaments qui changent dans le régime ? Y a-t-il beaucoup de génériques utilisés ? Si la réponse est non, nous communiquerons de façon ciblée pour encourager leur utilisation », dit-elle.

Autres stratégies payantes

Parmi d’autres stratégies payantes : inciter au renouvellement de trois mois pour les médicaments à fréquence régulière. Mme Ménard rappelle toutefois que cela n’est pas possible pour tous les médicaments. Certains auront un protocole plus strict. Elle a donné l’exemple d’un régime qui est parvenu à réduire de 43 % les couts de la prise quotidienne du générique du médicament Concerta. Le prix moyen de la pilule passait à 1,57 $ pour 90 pilules, contre 2,76 $ pour une prescription de 30 pilules.

L’actuaire rappelle que le preneur de régime doit regarder le passé et projeter le futur. Il doit ensuite envisager toutes les économies possibles, sans affecter le niveau de la thérapie. « Il est important d’assurer la pérennité du régime à long terme. Pour y parvenir, chaque mesure prise doit répondre aux besoins, et être simple, pour que les administrateurs de régime puissent la comprendre », ajoute Mme Ménard.