On ne peut plus qualifier les assurtechs, les entreprises de technologie des assurances, de nouveaux venus dans l’industrie, affirme Capgemini.
D’ailleurs, en 2021, nombre de ces entreprises ont pris le chemin de la bourse pour accéder à du financement supplémentaire, fait valoir la société de conseil dans son rapport intitulé World InsurTech Report 2021. En 2020, la capitalisation boursière des entreprises de technologie des assurances totalisait 22 milliards de dollars. Capgemini dit s’attendre à ce qu’elle augmente de 36 % d’ici 2024.
Capgemini prévoit plus d’acquisitions stratégiques dans ce marché. Cette vague de capitaux qui affluent vers les assurtechs vient de trois sources, indique la société de conseil.
La première vient des fonds de capital-risque que Capgemini qualifie « d’opportunistes ». Selon Capgemini, ces partenaires d’investissement privés déploient des capitaux de démarrage et aident ensuite l’entreprise à se doter de stratégies de sortie efficaces.
Viennent ensuite les réassureurs. Leur objectif est tout autre, dit Capgemini. En finançant ces entreprises à long terme, ils cherchent à se créer de nouvelles occasions de revenus.
Quant aux assureurs, c’est avant tout pour renforcer leurs capacités à moyen terme, indique la société de conseil.
Pourquoi l’apport des réassureurs est-il si important ?
Dans son rapport, Capgemini souligne que les assureurs jouent deux rôles importants pour les entreprises de technologie des assurances, à l’heure actuelle. En premier lieu, les capitaux qu’ils injectent permettent à de nouvelles entreprises de voir le jour. Puis, leur montée permet de dégager des capacités de souscription additionnelles.
Capgemini donne d’ailleurs trois exemples :
- Munich Re a mis sur pied Digital Partners, une division qui offre des solutions numériques et des investissements directs à des entreprises de technologie des assurances.
- Hannover Re a investi dans finleap, un incubateur d’entreprises de technologie financière et des assurances.
- Swiss Re a conçu iptiQ, une plateforme numérique en marque blanche. De la vente d’assurance se fait par les partenariats qu’elle en dégage.
Capgemini donne aussi en exemple le cas de Metromile et de Lemonade. Metromile travaille avec un petit groupe de réassureurs et a vu ses primes brutes augmenter de 14 % en cinq ans sur ses commissions de réassurance. Lemonade travaille avec un groupe de sept réassureurs qui gèrent 75 % des demandes de règlement, en échange d’une commission de 25 %. Le tout fait que la réassurance acquise par Lemonade lui permet de mieux supporter les pertes et rend sa rentabilité plus prévisible.
« Ces paris stratégiques donnent un effet turbo à la croissance des entreprises de technologie des assurances. Elles permettent aussi aux réassureurs de conserver leur position de gardien des affectations de capitaux de l’industrie », peut-on lire dans le World InsurTech Report 2021.
Les assurtechs vont au-delà de l’industrie
Tout au long de son rapport, Capgemini présente quelques partenariats récents entre des entreprises de technologie des assurances et d’autres sociétés. Le constat qui s’en dégage est que des assureurs font appel à elles, et aussi quelques grandes entreprises :
- IKEA s’est associée à iptiQ pour vendre de l’assurance habitation en Suisse et à Singapour. Ses clients peuvent activer et désactiver leur couverture selon leurs besoins.
- HSBC Life s’est associée à dacadoo, une plateforme de saines habitudes de vie, pour motiver ses clients en Suisse et à Hong Kong à adopter un mode de vie plus sain.
- L’agrégateur de sites de voyages allemand Omio s’est associé à l’entreprise britannique Setoo pour offrir une assurance voyage paramétrique qui génère un paiement automatique lorsqu’une demande de règlement s’active à la suite d’un vol retardé ou annulé.
- Lyft s’est alliée à Mobilitas pour offrir une couverture sur demande à ses conducteurs dans 11 États américains.
À cela s’ajoutent de nombreux partenariats menés avec diverses organisations :
- En s’alliant à 20 assureurs, Tractable a vu ses revenus croître de 600 % de 2019 à 2021.
- Uptech, une entreprise suédoise offrant des solutions de réclamations automatisées en assurance habitation et en assurance voyage, est maintenant partenaire de Guidewire, une entreprise commercialisant des systèmes de gestion pour les assureurs de dommages.
- Dacadoo s’est associée au géant Oracle pour concevoir une solution infonuagique pour la gestion de la santé et du mieux-être.
- Établie à Philadelphie, Life.io s’est associée à Unqork, une entreprise de développement technologique n’utilisant pas de codage, pour créer une plateforme intuitive d’achat qui sera commercialisée auprès des assureurs.
« La croissance exponentielle des assurtechs pourrait perdurer, estime Capgemini dans son rapport. Cela pourrait estomper la ligne qui les sépare des assureurs au fur et à mesure que le traitement des données pour créer de la valeur gagnera en force. »
Cet article est un Complément au magazine de l'édition d'octobre 2021 du Journal de l'assurance.