Le Québec n’échappe pas à la hausse du diabète. Alors que cette maladie était déjà considérée comme une épidémie en 2000, sa prévalence a doublé dans la province entre 2001 et 2019. Cette hausse s’est particulièrement fait sentir chez les 35-49 ans, les 75 ans et plus ainsi que chez les 12 à 19 ans, ont constaté un groupe de huit chercheurs de Québec qui ont réalisé une mise à jour sur l’ampleur et l’évolution de la maladie dans la province sur une période de 20 ans.
Toutefois, l’incidence de la maladie a diminué durant la même période avec une baisse des hospitalisations et de la mortalité, notent les chercheurs.
Un fardeau financier
Selon les auteurs de l’étude, réalisée par des chercheurs de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ), 675 000 Québécois vivaient avec le diabète en 2019. Près de 100 personnes supplémentaires étaient diagnostiqués chaque jour dans la province. La prévalence brute de la maladie est passée de 4,3 % à 8,1 % de la population et 42 % plus de gens étaient atteints de la maladie en 2019 qu’en 2001.
Il existe trois types de diabète, mais 90 % des diabétiques sont atteints de la forme la plus répandue, le type 2. Son principal facteur de risque est l’obésité, particulièrement l’obésité abdominale, qui affecte surtout les hommes.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère que cette maladie est largement évitable, mais son décuplement coûte extrêmement cher à la société et au système de santé. Selon Diabète Québec, son fardeau direct et indirect est estimé à 3 milliards de dollars par année. Le diabète serait à l’origine de 40 % des crises cardiaques, de 30 % des AVC, 50 % des insuffisances rénales nécessitant une dialyse et il forme la principale cause de cécité.
La vaste majorité des personnes vivant avec le diabète sont âgées de 50 ans et plus et 80 % ont été diagnostiquées après l’âge de 50 ans. Une part importante des nouveaux cas survient chez les personnes âgées de 65 ans et plus.
Incidence en diminution
Il ressort toutefois des points positifs de l’étude québécoise dont les résultats ont été publiés en français par l’INSPQ et la revue scientifique anglophone Diabetes Epidemiology and Management. L’incidence du diabète et la mortalité toutes causes confondues ont diminué dans la province entre 2001 et 2019, un phénomène qui a été observé dans plusieurs pays et le reste du Canada.
« Cette diminution est concordante avec les tendances observées en Colombie-Britannique, en Ontario ou en Nouvelle-Écosse, mais aussi dans d’autres pays à haut revenu, notamment aux États-Unis en Norvège, au Royaume-Uni en Écosse, ou encore en Hongrie », souligne Nancy Blais, chercheure à l’INSPQ et superviseure de l’étude.
Durant cette période, les proportions d’hospitalisation et de mortalité toutes causes confondues chez les personnes diabétiques ont diminué dans la province de 21 % et 29 %.
Des hypothèses ont été formulées pour expliquer cette baisse de l’incidence : l’évolution des outils de diagnostic, l’augmentation potentielle du dépistage du prédiabète et les initiatives préventives ainsi qu’une sensibilisation accrue au diabète au fil du temps.
Elle peut aussi refléter le fait que la majeure partie de la population à risque a été identifiée d’un point de vue épidémiologique.
L’envers de la médaille
L’envers de la médaille est toutefois plus sombre : le diabète de type 2 est de plus en plus souvent diagnostiqué chez les enfants, principalement à cause de l’obésité. Chez les 1-19 ans, on note une augmentation relative de la prévalence de 36 %. Elle a augmenté de 29 % chez les 5-11 ans, mais passe à 48 % chez les 12-15 ans et à 54 % chez les 16-19 ans. En 2019, un jeune sur 500 était diabétique, ce qui est de mauvais augure pour eux et pour le système de santé.
La prévalence chez les adultes a augmenté de 42 % durant ces deux décennies, et encore plus chez les 35-49 ans (augmentation de 59 %), un groupe plus jeune, et les 75 ans et plus (augmentation de 62 %).
La maladie est aussi plus répandue chez les individus de sexe masculin : en 2019, ils formaient 55 % des cas dans la province. Lorsqu’ils dépassent l’âge de 35 ans, les hommes sont plus à risque d’être diagnostiqués avec le diabète que les femmes.
L’écart de prévalence avec les femmes augmente avec l’âge. De façon générale, cet écart s’accentue à partir de 50 ans, de sorte que la prévalence chez les hommes de 65-74 ans est similaire ou plus élevée que celle des femmes de 75 ans et plus.
Risque de mortalité
La maladie a un effet sur le risque de mortalité. En 2019, les adultes diabétiques avaient une proportion brute de mortalité toutes causes confondues de 3,6 %, contre 0,7 % pour les non-diabétiques. Ils étaient 2,2 fois plus susceptibles de décéder que les adultes non diabétiques.
Les adultes de 20 ans et plus atteints de diabète étaient aussi 2,7 fois plus sujets à être hospitalisés que les non-diabétiques, avec une proportion brute d’hospitalisations de 16,7 % en 2019 contre 4,6 % pour les non-diabétiques.
Diabète par régions
Selon les observations des chercheurs québécois, le diabète est statistiquement plus prévalent dans les régions métropolitaines (Montréal, Laval, Lanaudière et Montérégie, à l’exception des Laurentides) et dans certaines régions dites éloignées (Côte-Nord, Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, Abitibi-Témiscamingue).
Une hausse à l’avenir
Cette augmentation de la prévalence au Québec et ailleurs peut refléter en partie l’impact du vieillissement de la population, mais aussi une durée plus longue de la maladie, et la réduction de la mortalité, expliquent les chercheurs.
Le diabète étant étroitement associé à l’obésité, à la sédentarité, à des modes d’alimentation sous-optimaux et au vieillissement de la population, sa prévalence devrait augmenter dans le futur, s’attend la chercheure Nancy Blais.