Contribuer à la santé psychologique des employés est un atout majeur de la performance des entreprises, affirme Marie-Thérèse Dugré, présidente de Solareh. Selon elle, la bonne santé de l’organisation et de son personnel passe par la prévention.Lors du seizième colloque organisé par Solareh, qui fête ses 30 ans cette année, la cofondatrice et présidente-directrice générale a débuté sa présentation par une statistique surprenante : 20 % des situations de détresse psychologique chez les travailleurs qui utilisent les services du programme d’aide aux employés (PAE) offerts par Solareh aux entreprises sont soit d’origine organisationnelle soit une combinaison de problèmes personnels et organisationnels.

Un sondage de la Financière Sun Life vient appuyer cette donnée. Il révèle que 92 % des employeurs admettent que la santé de leurs employés influence le rendement de l’organisation. En conséquence, 62 % des employeurs affirment offrir des initiatives en matière de santé et de mieux-être, et 51 % constatent que ces gestes rapportent une amélioration du moral des employés et une diminution notable de l’absentéisme, dit Mme Dugré.

« Essayer n’est pas suffisant »

« Essayer n’est pas suffisant. Sans outils ni préparation, le bateau coule. Même si vous avez les outils et la préparation, si la volonté est absente, on ignore le problème et on s’échoue. Mais si vous êtes bien entrainé, informé et préparé, si vous connaissez le problème et savez gérer la situation, tout le monde est sain et sauf et vous êtes un héros. »

Parmi les facteurs qui influencent la santé psychologique, la PDG de Solareh énumère le respect et la politesse en milieu de travail ainsi que le soutien psychologique offert aux personnes qui montrent des signes de détresse. L’employeur a le devoir d’y voir, selon elle.

« La courtoisie est en perte de vitesse sur le marché du travail. On oublie de dire merci. Le manque de respect crée un climat qui mine la santé des employés », dit-elle.

Cette exigence de respect et de politesse est encore plus requise dans les organisations où la diversité de la provenance ethnoculturelle est élevée. Quant au besoin de soutien, il s’impose dans les périodes économiques instables qui créent de l’inquiétude chez les employés.

Ne pas avoir peur d’exprimer son ras-le-bol

La PDG de Solareh insiste aussi sur la culture organisationnelle basée sur l’honnêteté, la confiance et l’équité, tout comme sur l’esprit de commandement encourageant les employés à dépasser les attentes et à stimuler leur créativité. D’autres facteurs entrent en jeu comme la gestion de la charge de travail, l’engagement, l’équilibre entre la vie personnelle et le travail, la protection de la sécurité psychologique et l’environnement physique favorable au travail.

« Quand une personne s’absente pour surmenage, on doit la remplacer par deux ou trois personnes. On pourrait essayer de se rendre compte, avant qu’elle ne tombe malade, qu’elle est surchargée par les tâches à accomplir. Les employés doivent pouvoir exprimer leur ras-le-bol, et leurs supérieurs doivent accepter de l’entendre », dit-elle.

Ces échanges doivent favoriser l’expression de nouvelles idées sans que l’employé craigne des représailles. L’environnement de travail ne doit pas nuire à la réalisation des tâches, ajoute Mme Dugré.

Déficit d’attention collectif

« Nous souffrons collectivement d’un déficit d’attention. Regardez combien de temps vous pouvez rester concentré sur la même tâche. Pour y arriver, vous devez ne pas répondre au courriel ou au téléphone ni aux questions de vos collègues. Certains préfèrent travailler à la maison lorsqu’ils doivent exécuter des tâches plus complexes. Ce n’est pas le signe d’un environnement de travail équilibré », note-t-elle.

En matière de relations industrielles, les employés doivent sentir que leur travail correspond à leurs aptitudes. Ils doivent obtenir l’appui de leurs supérieurs pour accroitre leurs compétences et se perfectionner, tout en recevant de la reconnaissance et des récompenses pour leurs efforts.

Enfin, ils doivent constater que leur participation aux discussions influence la manière dont le travail est accompli. « En favorisant la qualité de vie au travail, on crée un puissant levier de performance. Cela augmente les capacités d’adaptation de l’entreprise à réagir aux défis de son environnement. Quand les pratiques de gestion sont saines, les employés peuvent s’épanouir et donner à leur entreprise », conclut Mme Dugré.