Selon le dernier rapport Sigma publié par le réassureur Swiss Re, les avancées de la technologie numérique pourraient s’avérer être une aubaine pour le modèle mutualiste. L’utilisation des réseaux sociaux et de l’analyse intelligente des données afin de mieux comprendre les besoins et les préférences des consommateurs devrait s’imposer tout naturellement aux mutuelles, dont la raison d’être se résume à répondre aux besoins et à garder la confiance de leurs membres, selon le réassureur.

Surperformance récente des assureurs mutualistes

Au cours des dernières années, les primes cumulées émises par les assureurs mutualistes ont surpassé celles du marché de l’assurance au sens large, la part des mutuelles dans le marché mondial de l’assurance passant d’environ 24% en 2007 à un peu plus de 26% en 2014.

Bien que de nouvelles règles de gouvernance sont aussi susceptibles de perturber les opérations des plus petites mutuelles, la technologie digitale pourrait se révéler être le principal catalyseur de changement pour les mutuelles et pour le marché de l’assurance au sens large. En misant sur les nouvelles technologies, les mutuelles existantes peuvent ainsi consolider leur récente renaissance.

Assurance pair à pair : les nouvelles mutuelles de proximité

Avec la facilité des connexions sociales, le monde se dirige vers une économie du partage (ou économie collaborative) où les plateformes pair à pair (peer-to-peer – P2P) vont être appelées à se développer.

En utilisant les possibilités offertes par internet, la technologie mobile et les réseaux sociaux, les individus peuvent entrer en relation avec d’autres personnes afin de former des pools de co-assurance. Amis et collègues sont potentiellement plus à même de détecter les individus à haut risque, et sont généralement aussi plus honnêtes entre eux, rendant la fraude ou les sinistres exagérés moins probables. Les membres d’un plan d’assurance en P2P auront aussi moins tendance à déclarer de tout petits sinistres, qui se caractérisent par leurs coûts administratifs élevés. Tout cela aide à maîtriser les coûts de distribution et d’acquisition, et peut générer des efficiences significatives pour la souscription.

Des solutions d’assurance participatives

Par ailleurs, toujours selon le rapport de Swiss Re, les mutuelles pourraient avoir recours à la Blockchain et à d’autres technologies digitales émergentes pour relier entre eux des membres existants et futurs à la recherche d’assurance. Les mutuelles pourraient aussi jouer un rôle crucial pour l’accessibilité financière de l’assurance pour certains individus et pour certains risques.

L’adoption de la technologie Blockchain pourrait révolutionner trois fonctions centrales de l’assurance : la souscription, l’expertise sinistres et le règlement de sinistres. Des contrats intelligents sécurisés dans une Blockchain pourraient à terme automatiser le processus de souscription et rendre possible la création de pools de protection contre les risques auto-administrés, qui filtrent formellement les risques fortement corrélés. Ainsi, ils pourraient faciliter la transition vers une assurance en temps réel basée sur l’usage.

Bien que les acteurs traditionnels domineront probablement encore le secteur de l’assurance dans un avenir proche, les mutuelles devraient être bien positionnées pour profiter de l’appétence croissante pour l’économie du partage.