TELUS Santé et Aon signalent un début d’année difficile pour la situation financière des régimes de retraite à prestations déterminées. Chacun a publié un rapport dont les statistiques mensuelles et trimestrielles le démontrent. 

À Aon, Nathan LaPierre, partenaire des solutions pour le patrimoine au Canada, les régimes ont amorcé l’année avec une bonne capitalisation. Toutefois, la volatilité des marchés a entraîné une baisse de 0,5 % des actifs de retraite au cours du premier trimestre de 2025. 

Le ratio de capitalisation global des régimes de retraite canadiens inclus dans l’indice composé S&P/TSX a ainsi reculé à 105,5 % au 31 mars. Il se situait à 107,5 % en début d’année, selon l’outil de suivi interactif des régimes canadiens Aon Pension Risk Tracker. « La plupart des régimes de retraite ont affiché un bon rendement en 2024, avec une hausse notable des ratios de capitalisation », a expliqué M. LaPierre dans le communiqué sur l’outil d’Aon. 

Dans son rapport mensuel, TELUS Santé révèle que le rendement de son portefeuille de régimes de retraite à prestations déterminées a atteint 2,8 % au mois de janvier 2025. Ce résultat est inférieur à celui des indices de référence tant au Canada que dans les marchés émergents, selon TELUS.

D’après les indices de régimes de retraite de TELUS, le niveau de capitalisation d’un régime type s’est amélioré en janvier, tant sur base de solvabilité que sur base comptable. L’indice de solvabilité, qui reflète les variations du niveau de capitalisation d’un régime moyen depuis le début de l’année, est passé de la valeur de référence 100 à 101,6 durant le mois de janvier. L’indice comptable a quant à lui atteint 101,8. 

Seul l’indice de valeur de transfert, qui mesure les variations de la valeur de rachat pour les participants de régime à prestations déterminées, a connu une baisse au cours du mois, pour s’établir à 99,3.

En cas de fin ou de perte d’emploi, l’employé qui cesse de participer à un régime à prestations déterminées peut demander de transférer à un autre compte la somme d’argent qui représente la valeur de ses droits de pension prévus à son régime (la valeur de rachat). 

Résistance des régimes 

Dans son rapport du 1er avril 2025 sur son Indice sur la santé financière des régimes de retraite, Mercer affirme que les régimes à prestations déterminées ont résisté à l’incertitude tarifaire et à la volatilité au premier trimestre de 2025, même si le degré de solvabilité de ces régimes a baissé. « La santé financière globale des régimes de retraite à prestations déterminées du Canada demeure solide malgré la volatilité des marchés au cours du premier trimestre », a commenté la firme conseil.

Cet indice mesure le degré de solvabilité médian des régimes de retraite à prestations déterminées figurant dans la base de données des régimes de Mercer. Il explique que le degré de solvabilité est l’une des mesures de la santé financière d’un régime de retraite. « Avec l’imposition de tarifs douaniers sur certaines exportations canadiennes et la possibilité de nouvelles perturbations commerciales, les régimes de retraite à prestations déterminées évoluent dans un environnement complexe », ajoute Mercer. 

Prêt pour les montagnes russes 

Pour le moment, cela n’inquiète pas F. Hubert Tremblay, membre du partenariat de Mercer Canada. Il souligne que plus de la moitié des 473 régimes suivis par son indice ont affiché un degré de solvabilité supérieur à 120 %. « Nous sommes en meilleure posture que nous l’étions dans le passé pour affronter les montagnes russes des prochaines semaines et des prochains mois », a-t-il dit en entrevue avec le Portail de l’assurance, le 4 avril. « Le premier trimestre n’a pas été catastrophique », ajoute M. Tremblay qui reconnaît que tout peut changer rapidement dans l’environnement actuel. 

Se disant optimiste, M. Tremblay a insisté sur les tendances à long terme des régimes, illustrées dans un graphique de Mercer dont les données remontent jusqu’au 1er janvier 2008. À son plus bas pendant la crise financière de 2008-2009, l’Indice affichait 69,6 % en mars 2009. Il est ensuite remonté constamment jusqu’à ce jour, à part quelques reculs, dont le plus notable est une chute de 98,4 % à 84,0 % entre janvier et avril 2020, en pleine pandémie de COVID-19. Depuis le 1er septembre 2021, le niveau de solvabilité des régimes de l’indice de Mercer se maintient au-dessus de 100 %. 

La débâcle de la COVID-19 est selon F. Hubert Tremblay un exemple de résilience des régimes. Après le creux d’avril 2020, l’indice était rapidement revenu à des niveaux plus élevés. « Nous n’avons jamais eu des régimes en aussi bonne santé financière depuis les 20 dernières années. Les régimes ont réussi à se constituer un bon coussin de sécurité », dit-il.

Avec la collaboration de Alain Thériault