L’Association professionnelle des conseillers en services financiers (APCSF) veut se mettre sur le radar du nouveau ministre des Finances. Dans un mémoire dédié à la valeur du conseil, il revient à la charge avec des demandes qu’il a souvent soumises aux gouvernements précédents.
Ministre des Finances du Québec depuis quelques mois, Éric Girard ne manquera pas d’ouvrage d’ici le dépôt de son budget le 21 mars 2019. Des regroupements de l’industrie font valoir leurs doléances. Outre un groupe de conseillers proches de l’Ordre des administrateurs agréés qui demandent la déductibilité des cotisations, l’APCSF a envoyé au ministre, le 14 février, un mémoire prébudgétaire intitulé Préserver la profession de conseiller en services financiers pour l’enrichissement de tous les Québécois.
Dans le mot d’introduction du mémoire, l’APCSF dit croire qu’il est urgent que des mesures soient prises dans le but de préserver l’accès à des conseils professionnels en services financiers pour tous les Québécois. « Plusieurs facteurs sont à la source d’une tendance inquiétante chez tous les intervenants de l’industrie qui ciblent les ménages aisés, au détriment de ceux de la classe moyenne et à faibles revenus », écrit l’Association.
À long terme, elle croit que le nombre de conseillers en services financiers diminuera. Les conseils professionnels pourraient alors n’être accessibles qu’aux Québécois aisés, « comme on peut l’observer dans certains pays déjà ». L’APCSF ajoute que l’accès à des conseils professionnels favorise l’enrichissement des Québécois, contribue à une meilleure répartition de la richesse et est de nature à réduire l’écart de niveau de vie avec les autres Canadiens.
Adhésion obligatoire
Rien de bien nouveau dans le mémoire de l’APCSF, cependant. Le regroupement de conseillers indépendants revient entre autres à la charge avec la création d’un ordre professionnel et celle d’un titre professionnel. La voix de l’APCSF s’ajoute aux nombreuses qui s’élèvent pour réclamer le maintien des frais d’acquisitions reportés. L’APCSF demande au ministre de ne pas les abolir, mais plutôt de les moderniser.
Par ailleurs, elle demande aussi au ministre de rendre l’adhésion obligatoire en considération, afin que notre association dispose des ressources nécessaires à la défense de la profession et à la représentation de ses membres.
Changer de discours
Président et porte-parole de l’APCSF, Flavio Vani a déclaré à FlashFinance.ca avoir rédigé ce mémoire surtout en réaction au discours qu’il entend actuellement dans l’industrie. « On parle de ventes, de volume d’affaires ; on ne parle pas du conseil, déplore-t-il. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de soumettre un mémoire qui porte sur la valeur du conseil. »
Le dépôt du mémoire s’insère dans une stratégie que l’APCSF a déployée depuis quelques mois. L’association a revampé son site Web et mené une campagne sur les réseaux sociaux qui met l’accent sur la valeur du conseil en parlant du « facteur gamma ». Il a confié s’être ainsi inspiré des travaux de recherche de Claude Montmarquette, économiste et professeur émérite de l’Université de Montréal, ainsi que Fellow du CIRANO (Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations).
Si le facteur alpha est celui du rendement (performance) et le facteur bêta celui du risque (volatilité), les travaux de M. Montmarquette et de son équipe du CIRANO ont mis en lumière l’importance du facteur gamma dans l’accumulation de richesse. Ce facteur représente la valeur ajoutée du conseil sur l’accumulation d’épargne par un investisseur, une valeur qui peut contribuer à faire tripler les actifs d’un investisseur sur une période de 15 ans. M. Montmarquette a présenté les plus récents résultats de ses recherches lors du Congrès de l’assurance de personnes, en novembre 2018.
Les 6 demandes de l’APCSF à Éric Girard :
- Maintien de l’option de frais d’acquisition reportée ;
- Création d’un titre professionnel ;
- Reconnaissance de la valeur ajoutée des conseils ;
- Adaptation du cadre règlementaire en vue de préserver les bénéfices des conseils financiers personnalisés à long terme pour l’ensemble des Québécois ;
- Création d’un ordre professionnel pour les conseillers en services financiers professionnels ;
- Adhésion de tous les conseillers en services financiers professionnels accrédités à l’Association professionnelle des conseillers en services financiers (APCSF).