L’arrivée possible de Google dans le marché de l’assurance auto est un réel danger, car l’entreprise n’a pas à supporter la même infrastructure de distribution, souligne Martin-Éric Tremblay, vice-président principal pour le Québec et l’Atlantique chez Aviva Canada. « Sa capacité à analyser l’information sur la base des comportements futurs » est un réel défi posé aux assureurs, note-t-il. L’encadrement règlementaire qui supervise l’activité des assureurs les limite en matière de partage d’information.

Les systèmes d’assurance à l’utilisation (UBI) en assurance automobile sont un bel exemple de la pertinence des nouveaux outils technologiques, affirme Alain Lessard, premier vice-président en assurance des entreprises chez Intact Assurance. « Chez Intact, on le fait depuis le début de 2014. Ces bidules électroniques fournissent une quantité phénoménale de données. » Toutefois, il faut trouver la manière de traiter toute cette information. L’industrie devra aussi se pencher sur l’interprétation des données non structurées, comme les cas d’atteinte à la réputation sur les réseaux sociaux, dit-il. Les assureurs collaborent avec de nombreuses chaires industrielles dans les universités, notamment sur les aspects liés aux changements climatiques. « Ça augure bien pour l’avenir », poursuit M. Lessard.

Google a certainement le potentiel de changer le marché de l’assurance de manière substantielle, reconnait Alain Lessard. Mais si les géants numériques détiennent beaucoup de données sur les comportements et les habitudes des consommateurs, ils ont peu d’information sur la sinistralité. « Un contrat d’assurance, ça comprend aussi une part d’indemnisation, à la suite d’un sinistre potentiel, couvert par la police, qui s’est matérialisé. C’est un gros morceau de l’équation », dit-il.

Nathalie de Marcellis-Warin, vice-présidente, risque et développement durable au CIRANO, confirme que l’assureur Intact est partenaire du CIRANO pour des projets liés au secteur financier. Il y aura sous peu un institut spécialisé dans les mégadonnées à l’Université de Montréal. Les calculateurs installés dans les universités seront mis à contribution, à cout modéré, pour élaborer des outils d’analyse de ces données. « Mais ça prend des budgets, pour faire de la recherche! », précise-t-elle.

Tous les assureurs de dommages gèrent des quantités importantes d’information, incluant des sources externes sur la compréhension des comportements de la clientèle, souligne François Dumas, vice-président actuariat, assurances et intelligence d’affaires à La Capitale assurances générales. À lui seul, le service des réclamations génère lui aussi beaucoup d’information. « Les assureurs qui arriveront à se distinguer dans la prochaine décennie seront ceux qui arriveront à optimiser leurs couts en utilisant cette information. C’est essentiel. »