Le Bureau d’assurance du Canada (BAC) demande au gouvernement du Québec d’assigner un procureur de la Couronne strictement aux crimes liés au vol automobile. Selon l’organisme, la fréquence de ces crimes le justifie et permettrait de créer une meilleure jurisprudence.

C’est ce qu’a révélé Jack Chadirdjian, directeur des affaires publiques et gouvernementales du BAC, en entrevue au Journal de l’assurance. Le BAC a déjà amorcé ses représentations en ce sens sur le procureur en chef du Québec.

« Le vol auto est très développé au Québec. C’est le crime organisé qui y prend part. Le BAC ne peut pas faire tout seul. Nous trouvons choquant pour un policier qui a enquêté pendant plusieurs jours voir un suspect être relâché au bout de deux jours. Un procureur affecté au vol auto permettrait d’avoir une ressource dédiée à ce fléau », dit-il.

M. Chadirdjian a rappelé que les efforts du BAC pour contrer le vol automobile remontent à plusieurs années. Il ajoute que ces interventions portent maintenant fruit.

À titre d’exemple, il souligne la baisse du nombre de vols entiers de véhicule : de 21 700 en 2006, ce chiffre est passé à 13 300 en 2010. Le cout de telles réclamations a aussi diminué. Il était de 213 millions de dollars (M $) en 2009. Il est passé à 184 M $ en 2010, soit une baisse de 13 %. Seul bémol, le taux de récupération des véhicules déclarés volés demeure bas, aux alentours de 30 %. Au Québec, seulement un véhicule volé sur trois est retrouvé par les policiers.

Le BAC tape aussi sur un autre clou depuis deux ans : les vols de biens à l’intérieur de véhicules. Une campagne de sensibilisation roule à cet effet. « On voit encore des gens qui laissent leurs portes déverrouillées ou même leurs clés dans la voiture. On sensibilise donc les gens sur ce qu’ils doivent faire pour éviter d’attirer l’attention des voleurs, que ce soit de ne rien laisser dans l’auto ou sur la meilleure façon de se stationner dans un centre commercial », dit M. Chadirdjian. Un autre phénomène inquiète le BAC. De plus en plus de voleurs ciblent les gens qui ont des mallettes dans leurs véhicules.

« Au cours des derniers mois, nous avons constaté que les réseaux de crime organisés ont des éclaireurs dans divers stationnements, qui ciblent les gens qui placent leur mallette dans le coffre arrière. L’éclaireur appelle ensuite un voleur pour lui indiquer quel est le véhicule ciblé  », révèle M. Chadirdjian.

Le directeur du BAC dit aussi voir des effets positifs des efforts qu’a mis son organisme pour faire en sorte que les clés à puces ne soit lisibles que par un seul véhicule. Il reconnait que la situation peut causer des désagréments au consommateur qui ne peut plus faire une copie de sa clé à la quincaillerie du coin, mais le jeu en valait la chandelle, dit-il.

M. Chadirdjian croit que le projet de loi S-9, qui est entrée en vigueur le 29 avril dernier, aidera à réduire l’instance de vol. Cette loi fait du vol auto un crime distinct des autres crimes inscrits au Code criminel.

« Le vol auto n’est plus considéré comme du vol à l’étalage, dit M. Chadirdjian. Il donne l’option aux juges et procureurs de sévir plus adéquatement contre le vol automobile. Dès la troisième infraction, on peut emprisonner un récidiviste. À ce point, on ne pourra plus parler du petit gars du coin qui a subi une mauvaise influence. Ça enverra le message que le vol auto est un crime grave. »