Le Canada occupe une petite place dans le rapport portant sur les grandes catastrophes survenues au premier semestre de 2023 à l’échelle mondiale que la société Aon plc vient de publier. La situation pourrait changer, puisqu’on est loin d’avoir fini d’évaluer les dommages des feux de forêt toujours en cours à la mi-juillet.
Les pertes économiques découlant des catastrophes sont estimées à 194 milliards de dollars américains (G$ US), dont 53 G$ en dommages assurés. Tous les montants sont en dollars américains.
Dans les deux cas, ces nombres sont largement supérieurs à la moyenne et à la médiane enregistrées depuis 2000. Le premier semestre de 2023 arrive en 5e place de ce siècle en matière de pertes économiques. La moyenne du premier semestre est de 128 G$.
Pour les dommages assurés, 2023 arrive en 4e place des années les plus coûteuses depuis 2000, derrière 2011, 2022 et 2021.
Séisme
Le nombre de décès associés à ces sinistres est également élevé. Il a atteint 63 800 personnes au premier semestre. Sur ce nombre, le séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie le 6 février a été de loin l’événement le plus meurtrier en 2023, avec 59 259 décès rapportés.
Ce même séisme et les secousses qui ont suivi ont également provoqué des pertes estimées à 91 G$, dont 5,6 G$ en dommages assurés.
Quelque 25 sinistres ont entraîné des pertes économiques supérieures à un milliard de dollars, dont 18 sinistres dépassant aussi le milliard de dollars en dommages assurés. Cela se compare à une moyenne de 19 événements par année pour les sinistres ayant causé des pertes milliardaires, dont sept dépassent aussi la barre du milliard en dommages assurés.
Seulement 27 % des pertes étaient couvertes par l’assurance. Comme à l’habitude, les dommages couverts par l’assurance sont largement survenus aux États-Unis, où les trois quarts des coûts imputables aux assureurs ont été versés en lien avec des catastrophes naturelles.
Ailleurs
Parmi les autres sinistres qui font partie de la liste des cinq événements les plus coûteux du premier semestre, Aon rapporte la sécheresse qui frappe la région du bassin versant de La Plata qui traverse le Brésil, l’Argentine et l’Uruguay, dont les pertes sont évaluées à 9,9 G$, qui arrive en deuxième place.
Suivent les inondations en Émilie-Romagne (Italie), avec 9,7 G$ (et 15 décès), les orages convectifs du 1er au 3 mars aux États-Unis (6,1 G$, 13 morts) et la sécheresse en Espagne, dont les pertes sont estimées à 5,6 G$.
Les orages convectifs (SCS) occupent neuf places dans la liste de 10 sinistres les plus coûteux en dommages assurés au premier semestre, et ils sont tous survenus aux États-Unis. Les SCS ont d’ailleurs coûté quelque 37 G$ en dommages couverts par les assureurs, et 95 % de ces pertes ont eu lieu sur le territoire des États-Unis.
Nouvelle-Zélande
Parmi les événements qui sortaient de l’ordinaire au premier semestre, outre le séisme du 6 février et les orages aux États-Unis, Aon souligne deux catastrophes naturelles survenues dans une période de trois semaines seulement en Nouvelle-Zélande.
Dans l’agglomération de la capitale Auckland, du 27 janvier au 2 février, des inondations ont causé des dommages assurés d’un milliard de dollars américains. Entre le 12 et le 17 février, le passage de l’ouragan Gabrielle a causé à son tour des dommages assurés de 1,2 G$.
Aon rapporte que ces deux seuls sinistres ont causé des pertes aussi élevées que l’ensemble des pertes couvertes par les assureurs locaux depuis 2000. Aucun sinistre n’avait dépassé antérieurement les 125 millions de dollars américains durant cette période.
Les feux
Pour l’instant, Aon souligne que les dommages causés par les feux de forêt au Canada sont pour l’instant estimés à quelques centaines de millions de dollars. À part l’incendie qui a ravagé la région de Halifax en Nouvelle-Écosse en mai, la majorité des feux ont frappé des communautés isolées ou relativement peu peuplées dans l’est du Canada.
Par contre, le rapport souligne que des préoccupations grandissantes apparaissent en Amérique du Nord, où la mauvaise qualité de l’air causée par les particules fines pourrait avoir des impacts à long terme sur la santé de plusieurs dizaines de millions de personnes qui résident dans le nord-est du continent.
El Niño
La température plus chaude des océans causée par la résurgence du courant El Niño est aussi soulignée dans le rapport semestriel et devrait être ressentie encore davantage dans l’hémisphère nord lors de l’hiver 2023-2024.
L’impact d’El Niño dans la section tropicale de l’océan Pacifique provoque un changement des précipitations dans différentes parties du globe. Aon souligne que les pertes économiques liées aux inondations sont généralement plus élevées dans la région Europe/Proche-Orient/Afrique (EMEA) en présence d’El Niño.
Une carte montre les données de la NOAA, l’agence américaine de surveillance des océans et de l’atmosphère, où l’on peut observer les écarts de la température durant les années où El Niño est prédominant. Au premier semestre, à plusieurs endroits, la température des mers était plus élevée de 5 à 9 °C que la normale.
Durant la première moitié de 2023, la température moyenne des océans à la surface était la plus élevée depuis 1981. « La situation est d’autant plus unique que la température des océans est déjà à des niveaux records depuis mars, avant même que les conditions requises par El Niño soient présentes », lit-on dans le rapport d’Aon.
Toujours selon les données de la NOAA qui remontent à 1849, à l’échelle mondiale, la température moyenne a été la quatrième plus chaude en avril 2023. En mai 2023, la température moyenne a été la troisième plus chaude en 174 ans et juin 2023 a été le mois le plus chaud de tous les temps.
La tendance est similaire entre le 3 et le 9 juillet, où la température moyenne à deux mètres du sol à l’échelle planétaire a atteint 17 °C.