Un des aspects du vieillissement qui pose problème est le manque de connaissances financières en général dans la population.

Le retour des cours d’économie au secondaire est une bonne nouvelle, souligne le professeur de HEC Montréal Pierre-Carl Michaud. Il est peu probable que l’on parle des risques liés à la longévité ou à l’invalidité à l’école secondaire.

Lorsqu’on évalue la connaissance financière des gens, et en particulier ceux qui approchent de l’âge de la retraite, on voit qu’elle n’est pas très élevée. « Il y a des trous énormes. On sait que les personnes âgées aiment encore moins parler de ces sujets. On le sait, c’est documenté, un certain déclin cognitif s’installe à partir de 60 ans. On le voit quand on fait remplir des questionnaires sur les capacités cognitives », indique-t-il.

Pour tout travailleur qui a cotisé durant toute sa carrière à un régime de pension, qui a cumulé plusieurs centaines de milliers de dollars d’épargne, des décisions difficiles doivent être prises.

Ne peut-on pas présumer que ces gens qui ont eu de bonnes habitudes d’épargne ont un niveau d’éducation financière plus élevé que la moyenne ? « Oui, mais ça dépend comment ils ont accumulé leur épargne », dit-il. Les gens peuvent connaitre les fondements de l’épargne, mais moins les aspects fiscaux reliés au décaissement.

Les connaissances ne sont pas les mêmes pour tous les aspects de la retraite. Rendus à 65 ans, les gens ne savent pas vraiment combien d’années de vie il leur reste, l’espérance de vie en santé et les risques de dépendance en fin de vie.

« Nous l’avons fait dans le cadre de notre étude, mais est-ce qu’on parle de 25 %, de 40 % ? Si j’en ai besoin, combien coute le produit ? Comment on évalue le cout d’une rente, comment ça fonctionne ? Ce sont tous des enjeux importants », dit-il.

Tout en présumant que les conseillers financiers sont désormais mieux outillés pour informer leurs clients des impacts des solutions offertes, M. Michaud rappelle que les produits d’assurance sont souvent complexes. « Je me mets dans la peau d’une personne de 60 ans qui se fait offrir un produit pour les soins de longue durée, avec une prime de 200 $ par mois. Peut-elle comprendre si c’est le prix juste ou non ? »

Quand il se fait offrir une garantie prolongée pour un bien de consommation, le client peut lui-même évaluer la pertinence de la couverture comparativement à la valeur réelle du bien. En assurance, c’est plus compliqué, insiste-t-il.

« Il faut trouver de nouvelles façons de communiquer l’information touchant les risques liés à la santé, de telle sorte que les gens peuvent prendre des décisions éclairées. Il faut souhaiter plus d’information dans le domaine public, mais aussi pour mieux outiller les conseillers. Je suis certain qu’ils ont déjà des outils. Ils pourraient en avoir davantage. »