Après avoir consulté les entreprises en 2021, le gouvernement a récemment dévoilé le Plan québécois en entrepreneuriat 2022-2025 (PQE) qui vient mettre à jour l’aide aux entrepreneurs.
Le plan a été rendu public à l’École d’entrepreneurship de Beauce (EEB) le 30 mai dernier par la ministre déléguée à l’Économie, Lucie Lecours, et par le député de Beauce-Sud, Samuel Poulin.
Le PQE comporte deux axes principaux, soit :
- valoriser les entrepreneurs et mettre à leur disposition du soutien et des outils de qualité. Cet aspect comprend cinq mesures axées sur la formation et l’accompagnement. Il est doté d’une enveloppe de 57,3 M$ en trois ans ;
- assurer un environnement d’affaires propice à la croissance des entreprises. Cet axe comporte quatre mesures liées au soutien et au financement. On y consacrera 64,4 M$ sur trois ans.
Chacune des mesures est accompagnée d’indicateurs et de cibles. On rappelle notamment, dans le cadre de la première mesure (« optimiser les services aux entrepreneurs »), que les entrepreneurs ont accès aux services du réseau Accès entreprise Québec (AEQ).
Le réseau AEQ a été créé à l’automne 2020 et est implanté dans les MRC du Québec. Les conseillers d’AEQ travaillent en synergie avec les organismes de développement économique de leur territoire et Investissement Québec, « afin de bien orienter les entreprises pour les aider à concrétiser leurs projets ».
Allègement réglementaire
Le PQE est aussi l’occasion pour le gouvernement Legault de rappeler les nombreux programmes et stratégies lancés depuis 2018, dont plusieurs ont été annoncés pour favoriser la relance économique à la suite de la récession de 2020, durant les premiers mois de la pandémie de COVID-19.
Le gouvernement réitère également ses promesses en matière d’allègement réglementaire. Après le projet de loi omnibus no 103 présenté en octobre dernier et réinscrit dans la nouvelle législature, puis adopté en décembre dernier, le gouvernement vient tout juste de déposer, le 7 juin dernier, le projet de loi 44.
La ministre Lecours a déposé le projet de loi en compagnie de son collègue Youri Chassin, député de Saint-Jérôme et adjoint parlementaire du ministre de l’Économie et de l’Innovation (volet allègement réglementaire).
La pièce législative comprend 182 articles et modifie plusieurs lois et de nombreux règlements. Comme le temps manque pour adopter de nouvelles lois avant la fin de la session en cours et les élections d’octobre prochain, le gouvernement Legault le remettra au feuilleton s’il est réélu, ont promis la ministre Lecours et le député Chassin.
Réactions favorables
Le dévoilement du PQE a suscité des réactions favorables de la part de différents organismes du milieu des affaires. À la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), le vice-président pour le Québec François Vincent estime que « ce plan est plus que bienvenu, car l’environnement entrepreneurial québécois a été particulièrement chamboulé au cours des deux dernières années, notamment en raison de la pandémie ».
La FCEI souligne aussi l’accent particulier mis sur le repreneuriat. « Déjà en 2018, près des trois quarts des propriétaires de PME songeaient à céder leur entreprise dans un horizon de 10 ans », ajoute M. Vincent.
La FCEI rappelait cependant que la fiscalité des entreprises devrait nécessairement être au centre de la réflexion entourant l’entrepreneuriat au Québec. La Fédération cite une étude récente de l’Institut de la statistique qui rapporte que dans les entreprises de moins de cinq employés, 39,4 % des entrepreneurs disent que le premier obstacle à la croissance est le taux d’imposition des sociétés.
De son côté, la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) souligne l’importance accordée dans le PQE aux volets du repreneuriat, de l’acquisition de nouvelles technologies et de l’accompagnement des entrepreneurs. Le plan vise à favoriser plus de 1 000 transferts d’entreprises dans les trois prochaines années par l’entremise du Centre de transfert du Québec (CTEQ).
La FCCQ propose d’assouplir les règles fiscales afin de permettre aux entrepreneurs de transférer graduellement leurs parts, au lieu de les forcer à en vendre plus de la moitié d’un coup, ce que plusieurs entrepreneurs ne sont pas disposés à faire.
« Dans plusieurs cas, un transfert progressif serait plus adéquat, donnant un certain temps d’adaptation additionnel et permettant la création d’un plan de relève progressif », note Charles Millard, PDG de la FCCQ.
Au Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ), on se réjouit particulièrement de voir deux de ses demandes incluses dans le PQE, soit d’offrir un accompagnement stratégique visant l’accélération de la croissance des entreprises et une bonification de l’offre de soutien pour le repreneuriat. « Reprendre une entreprise, c’est aussi entreprendre et innover », souligne Pierre Graff, PDG du RJCCQ.
La formation
À l’EEB, on rappelle que plus de 1 000 entrepreneurs ont été accompagnés depuis 11 ans. La mesure portant sur la bonification de la formation aux entrepreneurs concerne directement l’établissement de Saint-Georges-de-Beauce. La dernière entente entre l’École et le gouvernement a été prolongée d’un an et 400 000 $ de plus ont été accordés pour augmenter l’accessibilité de ces cours aux entrepreneurs de tout le Québec.
L’École des entrepreneurs du Québec (ÉEQ) se réjouit aussi du dépôt du PQE et de la mesure touchant la formation. Fondée en 1986, l’ÉEQ compte huit campus et une plateforme virtuelle. Depuis 2018, près de 19 000 entrepreneurs ont suivi un cours offert par l’établissement.
Des constats
Le plan vise notamment à encourager les groupes sous-représentés en entrepreneuriat, comme les femmes, les jeunes, les communautés ethnoculturelles, les Premières Nations et les Inuits, les personnes vivant une incapacité et les membres de la communauté LGBTQ2+.
Le gouvernement veut atteindre trois objectifs : créer davantage d’entreprises, accélérer leur croissance et favoriser la réussite et la persévérance des entrepreneurs.
Au deuxième axe du PQE, on énonce certains constats concernant l’entrepreneuriat au Québec :
- le taux de création d’entreprises demeure plus faible au Québec qu’ailleurs au Canada ;
- le taux de survie après cinq ans des nouvelles entreprises est de 65 % au Québec et de 63 % pour l’ensemble du pays ;
- l’âge moyen des propriétaires d’entreprises est de 50 ans. Plus du tiers d’entre eux pourraient prendre leur retraite d’ici 10 ans ;
- on estime que près de 12 600 entreprises pourraient être transférées en 2022.